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Supprimer son compte Facebook, une fausse bonne idée ?

Par Jacques Cheminat, publié le 10 avril 2018

Plusieurs personnalités, entreprises ou administrations ont supprimé leur compte Facebook après l’affaire Cambridge Analytica. Une décision difficile à prendre dans une transformation numérique très friande des réseaux sociaux et de leurs données.

Pendant que l’affaire Cambridge Analytica continue de se dénouer (87 millions de personnes touchées voir plus, stockage des données en Russie, etc), une autre initiative se produit en parallèle : la suppression des comptes Facebook. Dès le début de l’affaire, plusieurs personnalités et des entités sont montées au créneau, comme le co-fondateur de WhatsApp, Brian Acton, pour appeler les internautes à fermer leur compte Facebook, sous la bannière #deletefacebook. Elon Musk a suivi le mouvement en réduisant au mutisme les comptes de Tesla et de Space X. Plus récemment, c’est Steve Wozniack, co-fondateur d’Apple qui a décidé de sauter le pas pour revenir à une communication plus traditionnelle à base de SMS et de mails. En France, la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (CNAV) a annoncé la fermeture de son compte Facebook après « une réflexion sur les données personnelles de ses assurés sur les réseaux sociaux ».

Mais à part ces quelques exemples médiatiques, la campagne #deletefacebook est restée très discrète. Depuis le début de l’affaire, le réseau social aurait perdu environ 1 million d’utilisateurs, une goutte d’eau par rapport aux 1,5 milliard d’abonnés. Mais ce phénomène a le mérite de poser la question, disparaître de Facebook et après ?

Un besoin de transparence et de régulation

La plupart des entreprises qui ont fait le choix d’être présent sur les médias sociaux et notamment Facebook l’ont intégré dans une démarche de transformation numérique. Ils y ont vu la création d’un lien privilégié avec leurs clients et ils ont adopté une stratégie marketing (jeux, quizz, etc.) pour promouvoir leurs solutions et produits. Tourner le dos à Facebook est peut-être un acte militant, mais peut se transformer en suicide financier, car les entreprises ont besoin des données personnelles, tout comme les publicitaires. Elon Musk dans son envolée rédemptrice s’est bien gardée de fermer les comptes Instagram (appartenant à Facebook) de Space X et de Tesla, générateurs de buzz autour des différents produits.

La transparence et la communication est probablement une meilleure approche pour répondre à l’affaire Cambridge Analytica. Les entreprises doivent être capables d’indiquer aux abonnés les informations personnelles glanées avec leur consentement et leur traitement. Facebook de son côté a annoncé de nouvelles règles en matière de confidentialité des données en limitant ses API capables d’extraire les informations utilisateurs. Les développeurs externes ne seront ainsi plus en mesure d’accéder aux données collectées via les événements, les groupes et les pages Facebook. Enfin, une régulation est nécessaire pour éviter les excès. Les américains commencent à prendre conscience de ce nécessaire encadrement. En Europe, les utilisateurs vont pouvoir compter sur le RGDP (règlement général sur la protection des données) pour empêcher les dérives. Encore quelques semaines à attendre…

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