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Formation par le jeu : un atout pour la transformation digitale ?

Par Laurent Delattre, publié le 17 septembre 2018

Efficace, la formation par le jeu se développe en entreprise. En plein essor, le marché se diversifie avec des offres qui touchent désormais tous les domaines, de la formation à un processus à des ateliers favorisant l’innovation collective.

Si certains considèrent encore le jeu comme une fantaisie hors de propos dans le cadre des formations professionnelles, d’autres pensent au contraire que l‘approche ludique favorise l’engagement et la motivation des apprenants. Selon le cabinet d’analyse londonien TechNavio, le marché de la « gamification » dans la formation en entreprise devrait connaitre une croissance annuelle de l’ordre de 10% entre 2018 et 2020. Dans son étude datée de mai dernier, le cabinet estime que les entreprises sont d’abord motivées par l’efficacité de ce type de formation. Une efficacité également démontrée par l’enquête menée par EIDesign, prestataire spécialisé dans la formation : 80% des apprenants estiment qu’ils seraient plus efficaces si les formations intégraient une dimension ludique et 90% estiment qu’ils se souviennent du contenu d’une formation plus facilement si elle intègre des éléments de simulation.

Une offre pléthorique

Si les États-Unis sont actuellement les plus grands adeptes de ce type de formation, la France commence également à s’y intéresser avec de plus en plus de prestataires proposant leurs offres. Fondé en 1985, le CIPE (Centre International de la Pédagogie d’Entreprise) s’est même spécialisé dans le domaine avec un catalogue de plus de 50 jeux allant de la formation au Lean management à la gestion de projet en passant par le marketing ou encore la supply chain. Selon la société plus de 2000 entreprises et 800 établissements d’enseignement utilisent ses jeux chaque année. De son côté, CA Technologies (racheté cet été par Broadcom) a également mis en place des ateliers à base de jeux de rôle pour former à DevOps tandis qu’Orsys Formation en fait autant, mais sur les méthodes Agiles. Plus récemment, l’entreprise de conseil et éditeur de logiciels Hardis Group s’est aussi associé Plush & Nuggets, agence spécialisée dans la création d’expériences ludiques à destination des entreprises, pour créer des ateliers sur mesure, s’appuyant sur le jeu, lors des temps forts des projets de transformation. Dans un contexte où il est nécessaire de créer les conditions pour accélérer le changement des organisations afin de stimuler l’innovation, la créativité, l’agilité, la collaboration et l’adoption des nouveaux outils digitaux, « Notre conviction est que la meilleure façon de relever les défis est de jouer avec eux. Le jeu, c’est la possibilité pour les participants d’expérimenter, d’échouer, de se révéler et de s’engager pour atteindre un objectif », indique Laure Dousset, CEO de Plush & Nuggets.

Trois grandes catégories de formation par le jeu

On distingue actuellement trois grandes approches dans la formation par le jeu. La première, connue sous le nom de jeux-cadres de Thiagi, utilise le principe d’une structure vide qu’il faut remplir. Cette approche est surtout utilisée pour faire générer une liste d’idées par un groupe sur un sujet donné. Basée sur le fonctionnement des jeux de rôles, la seconde approche consiste à mettre les apprenants en situation en leur donnant l’occasion de s’exercer à travers un rôle qu’ils doivent interpréter dans une équipe pour résoudre une situation donnée. Ce type de formation est plus souvent utilisé dans le cadre de formations comportementales et relationnelles (gestion des conflits, leadership, management…). Enfin, la troisième approche utilise généralement le support du jeu vidéo à des fins d’apprentissage. Là encore, l’idée est souvent de mettre l’apprenant en situation en lui permettant d’expérimenter une machine, un processus ou encore un management : il a ainsi la possibilité de s’entrainer sans risque et de prendre des décisions qu’ils ne prendraient pas forcément dans la réalité, de peur de bloquer la production ou nuire au fonctionnement d’une équipe. Bien entendu, cette dernière approche baptisée « serious gaming » est forcément celle qui nécessite le plus de moyens : leur cout en développement et en déploiement n’est pas négligeable.

Enfin, quelle que soit l’approche, si la formation par le jeu favorise un meilleur engagement des apprenants, en soi, le jeu ne permet pas d’apprendre. C’est pourquoi chaque formation de ce type est nécessairement suivie d’un débriefing, étape indispensable pour permettre aux apprenants de synthétiser, structurer, partager leur expérience et ainsi finalement ancrer les connaissances acquises dans leur « mallette » de compétences.

 

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