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Acquisition de Sybase par SAP : le dessous des cartes
Par La rédaction, publié le 17 mai 2010
L’éditeur a dévoilé la semaine dernière la plus grosse acquisition de son histoire : près de 6 milliards de dollars pour prendre le contrôle de Sybase. Une annonce qui a de quoi surprendre tant par son ampleur que par ses véritables motivations.
Officiellement, SAP réalise l’acquisition de Sybase pour ses technologies mobiles. Donner accès aux données des ERP aux utilisateurs nomades, tel était déjà l’objet d’un partenariat unissant les deux éditeurs depuis 2009. Un partenariat qui avait donné naissance à deux premières offres : Sybase Mobile Sales for SAP CRM et Sybase Mobile Workflow for SAP Business Suite.
Ces logiciels permettent aux utilisateurs d’iPhone et de terminaux Windows Mobile d’accéder à la plate-forme CRM de SAP. Néanmoins, ce qui tire depuis trois ans l’activité mobilité de Sybase, c’est sa division Sybase 365. Celle-ci a vu son activité bondir de 18 millions de dollars en 2006 à 196 millions en 2009 ! Une mine d’or certes, mais une activité de routage de SMS qui cadre bien mal avec le métier de base de SAP…

En outre, lorsque l’accord SAP-Sybase a été dévoilé, le portage de SAP Business One sur la base de données Sybase ASE avait été évoqué. Aujourd’hui, l’éditeur va probablement aller plus loin et ne le plus limiter à son offre PME, mais l’étendre à Business Suite, son propre ERP qui, pour l’instant, n’est pas compatible avec le SGBD Sybase. Car, outre le volet mobilité, Sybase est historiquement un pionnier du SGBD et apporte donc une solution à SAP qui voit la très grande majorité de ses clients acheter des licences à son concurrent de toujours, Oracle, afin d’exploiter leurs ERP. Toutefois, les ventes du SGBD de Sybase se sont effondrées au cours des dernières années et ASE, sa base de données relationnelle, ne représente plus que quelques pour-cent du marché.
Pourtant, Sybase dispose d’une technologie innovante dans son catalogue, Sybase IQ. Acquise en 1994, cette technologie de stockage en colonnes permet une grande compacité dans le stockage des données qui, couplée aux capacités d’adressage mémoire des serveurs actuels, assure des performances sans commune mesure avec les SGBD relationnels traditionnels. Une technologie d’avenir qui commence à s’imposer dans le décisionnel et qui a participé au redressement des comptes de Sybase après les années noires du début des années 2000.
Reste à voir si SAP pourra réellement proposer les solutions Sybase comme alternative à la base de données Oracle et comment il va insérer Sybase IQ dans son catalogue alors qu’il dispose de sa propre technologie de stockage en colonne, avec SAP BW Accelerator.
SAP réaffirme son implication dans l’infrastructure
Enfin, l’annonce surprend car depuis l’éviction de son PDG, Léo Apotheker, le doute planait sur un éventuel repositionnement des activités de l’éditeur, notamment sur son possible retrait des couches d’instrastructure. SAP a toujours eu pour stratégie de développer quasi intégralement les couches technologiques de sa plate-forme, d’où la gamme SAP Netweaver.
C’était la position défendue par Pascal Brosset, le responsable de la stratégie de SAP, qui considérait la maîtrise des couches d’infrastructure comme indispensable à l’offre SAP. Depuis, ce dernier a dû, lui aussi, quitter SAP. L’acquisition de Sybase réaffirme donc la volonté de SAP à vouloir se battre sur le front technologique face à Oracle.