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Arnaud Montebourg embarque le numérique… sans Fleur Pellerin
Par La rédaction, publié le 02 avril 2014
« C’est n’importe quoi ! » Sous couvert d’anonymat, ce haut fonctionnaire résume le sentiment qui, estime-t-il « anime tout le monde ici. On avait une seule ministre compétente, il a fallu que Valls la vire », grince ce spécialiste du secteur IT qui vient de passer près de deux ans auprès de Fleur Pellerin, désormais ex-ministre déléguée au numérique.
Son ministre de tutelle, Arnaud Montebourg, a vu son rôle élargi, emmenant le numérique à Bercy et se débarrassant au passage de l’encombrante Fleur Pellerin, qui s’était plusieurs fois opposée à lui, notamment sur le sujet du secteur de la téléphonie mobile. Le champion du made in France aurait d’ores et déjà dans l’idée de promouvoir au numérique un secrétaire d’État plus conciliant que la créatrice de la « French Tech », et ce n’est pas du goût de tout le monde…
Le secteur IT se mobilise
À peine la rumeur de la mise à l’écart de Fleur Pellerin s’était-elle répandue que, déjà, de nombreuses voix s’en indignaient. Et pas n’importe lesquelles : sur Twitter en particulier, avec le hashtag #keepfleur, les professionnels du secteur IT se sont fait entendre.
Ainsi, Bruno Vanryb, président de la fédération Syntec, n’y va pas par quatre chemins : « Fleur Pellerin, une ministre qui a tout compris c’est rare ! On n’a pas envie de repartir a zéro avec un incompétent… »
« Je sais bien que si toutes les promotions étaient dues au mérite, ça se saurait. Mais là quand même, ça a du mal à passer… », tranche de son côté Jean-François Marti, président de l’agence de conseils Nealite.
Roxanne Varza, elle, apostrophe directement le nouveau Premier ministre : « Cher @manuelvalls ça commence très mal pour les entrepreneurs français 🙁 », prévient la jeune Américaine qui brille dans son rôle d’ambassadrice des start-ups françaises aux États-Unis, au point d’être classée par Business Insider parmi les 30 femmes de moins de 30 ans qui comptent dans les nouvelles technologies. « Le numérique mérite un grand ministre, ne changez rien, on l’a ! », a même lancé même Marc Simoncini.
Hollande : « un vrai ministère du Numérique »
Le tweet du fondateur de Meetic fait directement référence à une phrase prononcée mardi 1er avril par François Hollande. Apparu brièvement au côté de Bill Gates, durant le dîner servi en l’honneur d’Unitaid, le chef de l’État a assuré qu’il fallait « un vrai ministère du Numérique en France ».
Intégrer le numérique à un ministère plus global peut s’entendre, au regard de la volonté de l’exécutif de présenter un gouvernement resserré. Mais cela entre déjà un peu en contradiction avec l’envie du locataire de l’Élysée de lui accorder un « vrai » ministère ; ce serait carrément un désaveu si une personnalité peu reconnue venait à en être chargée.
Or, un seul nom fédérait le secteur : celui de Fleur Pellerin. Oui mais voilà : celle-ci serait sur le point d’être nommée au Commerce extérieur, au Tourisme et aux Affaires européennes.
Fleur Pellerin au cœur d’un imbroglio
C’était en tout cas la tendance mercredi 2 avril, au soir d’un incroyable imbroglio. Le Commerce extérieur, chasse gardée habituelle du ministère de l’Économie, avait d’abord été revendiqué le matin par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
Arnaud Montebourg a répliqué en indiquant qu’il prendrait personnellement la suite de Nicole Bricq. Le Quai d’Orsay a réaffirmé, dans l’après-midi, que « le Commerce extérieur (était) dans le champ des attributions de Laurent Fabius », avant que Montebourg n’annonce une cérémonie de passation de pouvoir à Bercy jeudi 3 avril à 10 h. Matignon, qui indiquait dans l’après-midi n’être « pas en mesure » d’arbitrer, aurait finalement tranché en début de soirée : le Commerce extérieur ira aux Affaires étrangères, avec Fleur Pellerin à sa tête, nommée apparemment à la hâte.
Dès lors, qui lui succédera au Numérique ? Deux noms de députées reviennent avec insistance, ceux de Corinne Erhel et Axelle Lemaire. La première est l’auteure d’un rapport élaboré sur la proposition de résolution européenne sur la stratégie numérique de l’UE, proposition formulée par la seconde. L’une d’elles sera-t-elle finalement choisie ? Elles auraient l’avantage de ne pas être complètement inconnues dans un milieu qui espérait encore convaincre Fleur Pellerin de rester au Numérique.