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Bruxelles dévoile sa stratégie numérique pour 2020… sans convaincre

Par La rédaction, publié le 05 mars 2010

Avec Europe 2020, la Commission européenne se dote d’une nouvelle stratégie de croissance économique pour les dix ans à venir. Si les TIC occupent une place de choix, le document présenté ne séduit pas.

Comment rebondir après le fiasco de la stratégie de Lisbonne qui visait à faire de l’Union européenne « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010 » ? Mercredi, la Commission européenne a dévoilé sa stratégie de développement pour la nouvelle décennie.

Baptisée Europe 2020, elle doit préparer les 27 Etats membres à la sortie de crise en actionnant de nouveaux leviers. L’objectif : retrouver une croissance supérieure à 2 % sur le Vieux Continent. Pour y arriver, la Commission place de grands espoirs dans les nouvelles technologies.
« Le marché unique a été conçu avant l’arrivée d’internet, avant que les TIC ne deviennent l’un des principaux moteurs de la croissance »,
précise l’étude. « La demande mondiale de technologies de l’information et de la communication est évaluée à 2 000 milliards d’euros, mais seulement un quart provient des entreprises européennes. » A noter que Google, l’April ou la Quadrature du net ont été consultés lors de l’élaboration de cette stratégie.

Vers un marché unique du numérique

– Investir 3 % du PIB dans la R&D. Pour l’heure, les dépenses de R&D sont inférieures à 2 % en Europe alors qu’elles atteignent 2,6 % aux Etats-Unis et 3,4 % au Japon. La moitié de cet écart serait due à la plus faible proportion d’entreprises de haute technologie sur le Vieux Continent.

– Un accès à haut débit pour tous en 2013. Et un accès au très haut débit – 100 Mbit/s et plus – pour la moitié des ménages européens en 2020. Pour cela, la Commission s’engage à fournir un cadre juridique commun et à utiliser les fonds structurels de l’Union dans ce sens. Elle entend surtout créer un marché unique pour les contenus et les services en ligne, via notamment un cadre réglementaire « équilibré » et l’octroi de licences multiterritoriales.

– Réduire les émissions de CO2. Pas d’objectif chiffré mais quelques pistes pour économiser l’énergie. Les TIC peuvent y participer en permettant le développement d’infrastructures énergiques et de transports « intelligentes, modernisées et totalement interconnectées ». Le green IT est également évoqué.

– Relancer la politique industrielle. La Commission entend favoriser le développement des PME innovantes, « grâce, entre autres, à la passation de marchés publics ». Vers un small business act européen ? Elle évoque également les grands chantiers communautaires, dont Galileo.

Catalogue de vœux pieux, absence de gouvernance, d’objectifs chiffrés… Sitôt la présentation de José Manuel Barroso faite, les éditorialistes ont soulevé le manque d’ambition du texte et son côté incantatoire. Sous certains aspects, le document rappelle – un comble – la fameuse stratégie de Lisbonne. Il y a dix ans déjà, la Commission avait fait de l’investissement de 3 % de son PIB dans la R&D son objectif central !

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