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Coup de pouce gouvernemental pour le jeu vidéo français, menacé de délocalisation
Par La rédaction, publié le 05 mars 2012
Un nouveau plan d’action pour l’export vise à soutenir cette filière à l’international. L’Etat souhaite également rétablir le crédit d’impôts jeu vidéo afin d’inciter les entreprises à rester en France.

Il faut sauver le jeu vidéo français ! Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur et Nicolas Gaume, président du syndicat national du jeu vidéo (SNJV), ont signé une Charte export du jeu vidéo. Il s’agit d’un plan qui vise à soutenir la vente à l’international de la production française, sous l’action concertée et coordonnée du gouvernement – ministères des Affaires étrangères, de la Culture et de la Communication, de l’Industrie, du Commerce extérieur –, des opérateurs publics – Institut français, CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée), Ubifrance, Oséo, Coface, etc. – et des entreprises. « Les actions s’articuleront autour de trois axes : la mise en avant de l’excellence française, le développement des exportations et le développement des investissements en France », explique Pierre Lellouche.
Toutes ces actions seront fédérées sous une nouvelle marque créée pour l’occasion. Baptisée Le Game, elle sera déployée pour la première fois dans le cadre de la Game Developers Conference, qui se tiendra à San Francisco du 5 au 7 mars 2012. « L’objectif est de faire connaître notre production dans le monde entier. Cet étendard sera présent sur tous les salons professionnels et dans toutes nos communications », précise Nicolas Gaume, président du SNJV.
La moitié des emplois perdus
Pour le secrétaire d’Etat, l’un des buts de cette charte est d’arrêter la saignée intellectuelle (brain drain) que subit actuellement le secteur du jeu vidéo français. En effet, en quelques années, son nombre d’emplois a été divisé par deux, passant de 10 000 à 5 000. Beaucoup de producteurs ont décidé de quitter le territoire et de s’installer ailleurs, notamment au Canada, qui, en plus de la proximité linguistique, offre un environnement fiscal très intéressant, avec un crédit d’impôts pouvant dépasser les 40 %. Ubisoft, un des leaders du secteur, compte par exemple 1 200 salariés en France, mais près de 3 000 en Amérique du Nord. « Les pouvoirs publics ont donc décidé de réagir face à ces transferts que l’on aurait presque envie de considérer comme un pillage de ce qui constitue désormais un pan de notre patrimoine économique et culturel », souligne Pierre Lellouche.
C’est pourquoi, au-delà de cette nouvelle charte, le gouvernement souhaite rétablir le crédit d’impôts jeux vidéo. Créé en 2007, il proposait une réduction fiscale à hauteur de 20 % des dépenses de production. Une centaine de projets en ont profité, pour un montant global de 32 millions d’euros. Ce dispositif a expiré en 2011 et, pour pouvoir le réactiver, le gouvernement doit attendre le feu vert de la Commission européenne. « On ne devrait pas avoir de problème sur ce dossier », précise Pierre Lellouche, sans préciser d’échéance.
Un fleuron de l’économie tricolore
En 2011, le jeu vidéo était la deuxième industrie culturelle dans le monde, avec un chiffre d’affaires de 52 milliards d’euros. Elle devrait détrôner le cinéma en 2014, grâce à une croissance annuelle supérieure à 10 %. Au niveau de la production, la France est le deuxième pays le plus important derrière les Etats-Unis, dont le chiffre d’affaires pour ce secteur est de 2,7 milliards d’euros, les deux tiers étant réalisés à l’export. La filière du jeu vidéo français compte près de 300 entreprises, qui sont pour les trois quarts d »entre elles des très petites, petites et moyennes entreprises (TPE et PME).