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Le numérique, troisième priorité du grand emprunt
Par La rédaction, publié le 19 novembre 2009
Avec quatre milliards d’euros de fonds, l’économie numérique fait partie des sept chantiers prioritaires définis par la Commission Rocard-Juppé. Elle bénéficiera aussi des sommes destinées aux PME innovantes et à l’enseignement supérieur.
Mieux que prévu ! L’intense lobbying de ces dernières semaines de Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, et des syndicats professionnels (Syntec informatique, Afdel…) aura payé. Le numérique occupe une place de choix dans le rapport de la Commission Rocard-Juppé, 128 pages remises ce matin au président de la République. Avec quatre milliards d’euros au compteur, sur une enveloppe globale de 35 milliards, il est le troisième, par ordre d’importance, des sept chantiers prioritaires définis par la Commission. Quatre milliards à partager à 50/50 entre le très haut débit et le développement d’usages et de contenus numériques innovants.
Sur le volet « tuyaux », pas d’ambiguïtés. La Commission reprend les préconisations exposées lors du séminaire intergouvernemental du 10 septembre. Les deux milliards d’euros du grand emprunt viendront soutenir le développement de la fibre optique et autres solutions alternatives (satellitaire, très haut débit mobile) dans les zones les moins peuplées et qui sont, de ce fait, abandonnées par les opérateurs privés. Cette somme aura un effet de levier en complément de l’action des collectivités locales et de cofinancements privés.
Il ne s’agit toutefois pas de deux milliards bruts. L’intervention du grand emprunt pourrait prendre la forme, au moins pour la moitié, d’investissements en fonds propres, d’avances remboursables ou de garanties de prêts et, pour le reste, de subventions et de prêts bonifiés.
Un catalogue à l’e-Prévert ?
Sur le deuxième volet, le discours est plus confus. Qu’entend-on par « usages et contenus innovants » ? La Commission évoque l’apport des nouvelles technologies au développement durable. OK. Puis cite, pêle-mêle, tous les néologismes empruntant au préfixe « e- » ou « télé » : e-santé, e-administration, e-éducation, e-justice, télétravail, télémédecine… Un catalogue à l’e-Prévert dans lequel il faudra faire le tri. Là aussi, l’appel au privé est pressant. La Commission se propose de « financer des projets partenariaux publics-privés de recherche » visant, entre autres, la conception de logiciels.
Le rapport évoque aussi le développement d’infrastructures partagées (cloud computing, supercalculateurs…). Rejoignant ainsi l’idée de Didier Lamouche d’un soutien de l’Etat en faveur d’un plan cloud à la française pour contrer l’hégémonie américaine dans ce domaine. Dans La Tribune datée de ce jour, pour mettre en œuvre ce plan, le PDG de Bull se dit prêt à investir de 100 à150 millions d’euros en R&D sur cinq ans, et de 20 à 30 millions en infrastructures, pour un investissement global estimé entre 850 millions et 1 milliard d’euros par le Français.
Une agence pour le numérique
Pour assurer la gouvernance sur la distribution de ces fonds, la commission propose la création d’une agence pour le numérique. Un outil au service de la délégation nationale au numérique prévue dans le plan France numérique 2012 d’Eric Besson, et qui n’a toujours pas vu le jour.
Au-delà des quatre milliards d’euros, l’économie numérique bénéficiera, de façon indirecte, des autres priorités définies par la Commission. Sur les 16 milliards alloués à l’enseignement supérieur, à la recherche et à l’innovation, le rapport évoque ainsi la création de cinq campus d’innovation technologique. Il entend aussi lutter contre la désaffection des jeunes pour les études scientifiques et mathématiques.
Le chapitre consacré au développement des PME innovantes intéressera également le secteur high-tech puisque la Commission préconise d’apporter 1,5 milliard d’euros – 500 millions en fonds propres et le reste en prêts – à Oséo. Un ou plusieurs fonds d’amorçage pour les structures naissantes seraient aussi créés. Enfin, l’informatique devrait bénéficier des retombées des autres chantiers que sont la réduction de l’empreinte carbone, la ville de demain ou la voiture du futur.