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Le numérique, un secteur privilégié à investir pour les entreprises et les États

Par La rédaction, publié le 08 novembre 2012

Afin de mesurer de façon objective la perception qu’ont les Européens du numérique, 01 s’associe à BVA et à Syntec numérique pour établir un baromètre sur l’innovation en Europe et le moral économique des éditeurs.

Plus de la moitié des Européens (53 %) estiment que leur gouvernement n’investit pas suffisamment dans le numé­rique. Ils sont convaincus (pour 84 % d’entre eux) que l’acquisition de logiciels performants devrait faire partie des dépenses prioritaires des entreprises en vue de leur modernisation. Enfin, une large majorité (61 %) conseillerait aujourd’hui à un jeune d’orienter sa carrière vers les métiers du numérique plutôt que dans d’autres secteurs économiques. Tels sont les principaux enseignements de la dernière mouture du Baromètre BVA-Syntec numérique-01 sur la perception du numérique par la population européenne.

Dans le détail, évidemment, des écarts importants existent à ce sujet entre les pays. Ainsi, les Britanniques sont plus en phase avec leurs gouvernants : s’ils sont aussi nombreux que les autres Européens à conseiller à un jeune de se lancer dans ce secteur (63 %) et à juger que les logiciels devraient faire partie des investissements prioritaires des entreprises (84 %, comme la moyenne européenne), ils sont les seuls à estimer majoritairement (62 %) que leur gouvernement investit suffisamment dans l’économie numérique.

Un levier contre la crise pour les Européens du Sud

A l’inverse, les Espagnols et les Italiens sont les plus sceptiques sur les investissements de leurs gouvernements dans ce domaine (respectivement 28 % et 41 % pensent que leur Etat fait plus ou moins l’effort) mais aussi les plus positifs sur le sujet. Soit 86 % d’Espagnols et 89 % d’Italiens qui considèrent que les entreprises doivent investir dans les logiciels. Et le pourcentage de ceux qui conseillent à un jeune d’orienter sa carrière vers le numérique est le même dans les deux pays (80 %). Sans doute est-ce là un effet de la crise qui frappe particulièrement l’Europe du Sud, réduisant à la fois les investissements de l’Etat dans tous les domaines et affectant si durement l’économie traditionnelle qu’elle fait du numérique l’une des rares planches de salut, tant pour les jeunes (lourdement touchés par le chômage) que pour les entreprises.

Pour une fois, les Français ont une position moins critique quant à l’action de leurs gouvernants. Un peu moins d’un sur deux (43 %) conseillerait à un jeune de choisir ce métier et autant (50 %) ont le sentiment que leurs dirigeants politiques investissent dans ce secteur. Tout autant qu’un léger retard d’intérêt pour ce sujet des Français par rapport aux autres Européens, ce dernier résultat récompense sans doute aussi les efforts manifestes et visibles des gouvernements hexagonaux (passé et présent) en ce domaine.

Quant aux éditeurs interrogés, ils n’ont jamais autant manqué de confiance en l’avenir depuis la création du baromètre en mai 2011. Avec 59 % d’entre eux se déclarant pessimistes face à la situation économique de leur entreprise, le moral est à son plus bas niveau sur sept mesures trimestrielles. En septembre 2011, cet indice était positif, la proportion des « confiants » étant de 58 % et celle des « défiants » de 42 %. Il faut dire que 44  % des entreprises du secteur n’ont pas atteint leurs objectifs financiers, contre 9 % qui les ont dépassés. Le solde (soit le rapport entre ces deux cas de figure) est de – 35, soit son deuxième plus bas niveau depuis le démarrage du Baromètre. Après une amélioration patente de cet indice (passé de – 40 en décembre 2011 à – 24 en juin dernier), la chute enregistrée en ce troisième trimestre est inquiétante.

Conséquence fâcheuse, mais logique de cette situation et de ces moroses perspectives, les prévisions de recrutement reculent encore pour atteindre leur plus bas niveau : 53 % des entreprises ne prévoient pas d’augmenter leurs effectifs cette année. Un rapport inversé en un an, puisqu’en septembre 2011, 58 % des sociétés du secteur pensaient embaucher.

Cependant, malgré cette situation, plus des deux tiers (67 %) des éditeurs continuent de vouloir investir sur de nouveaux projets dans les mois à venir. Même si, sur le long terme, ces intentions connaissent, elles aussi, un recul sensible (74 % en septembre 2011 contre 67 % un an plus tard), les éditeurs les perçoivent toujours comme un moteur indispensable à leur activité. En conclusion, tout se passe comme si la crise, la baisse du moral et le retour­nement des perspectives d’avenir, n’empêchaient pas les éditeurs de considérer qu’arrêter de pédaler les condamnerait irrémédiablement à la chute. 

L’échantillon européen repose sur 4 174 personnes et celui des éditeurs sur 101 acteurs français.

Infographies : BVA opinion/Syntec numérique

L’AVIS DE L’EXPERT

Bruno Vanryb, président du collège éditeurs de Syntec numérique et PDG d’Avanquest Software

Les éditeurs de logiciels nous avaient habitués à rester confiants en l’avenir, même dans un contexte difficile. Pourtant, en cette rentrée 2012, il semblerait qu’ils soient, eux aussi, gagnés par le pessimisme ambiant. Ceci dit, il faut tempérer ce petit coup de blues. Les éditeurs sont en effet 67 % à prévoir des investissements sur de nouveaux projets dans les trois mois à venir. C’est un signal fort du dynamisme de cette activité, mais aussi de sa capacité à prendre des risques même lorsque le contexte n’est pas favorable ! Le secteur du logiciel reste donc une industrie clé qui peut apporter à notre économie la modernisation qui lui fait défaut dans un contexte de crise. Cela passe par une prise de conscience du potentiel extraordinaire qu’offre un domaine dont personne n’imaginait la place qu’il prendrait il y a vingt ans. Nos décideurs politiques doivent enfin faire le pari du numérique, et entraîner avec eux l’ensemble des Français afin de les amener à considérer nos entreprises et nos métiers comme des vecteurs de croissance dans un monde en pleine mutation.

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