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Le patron de Deezer décroche le Prix du jeune dirigeant de la technologie
Par La rédaction, publié le 16 octobre 2009
Hier, à Paris, un jury composé de grands patrons de la high-tech française a remis le Prix du jeune dirigeant de la technologie au cofondateur de Deezer, Jonathan Benassaya.
Comment vous voyez vous dans cinq ans ? Comment vous définissez-vous comme manager ? Quels sont vos résultats ? Qu’avez-vous changé après un échec ? Pour vous, réussir votre vie, ça veut dire quoi ?… Hier, au Cercle interallié, à Paris, les trois finalistes du Prix du jeune dirigeant de la technologie, organisé par le cabinet de chasseurs de têtes IVY Executive Search, se sont livrés au difficile exercice du grand oral : vingt minutes pour convaincre leur auditoire. Et pas n’importe lequel… Le gratin de la high-tech : Bernadette Andrietti (Intel), Olivier Roussat (Bouygues Telecom), Mats Carduner (Google), Eric Boustouller ( Microsoft)…
Dans la foulée, le jury a délibéré et décerné son premier Prix à Jonathan Benassaya, le cofondateur de Deezer, site de musique à la demande gratuit et légal. Les deux autres candidats, Bertrand Diard, CEO et cofondateur de Talend (fournisseur de solutions d’intégration de donnes open source), et Damien Dupouy, CEO et fondateur de Mobiletrend, spécialiste des services mobiles, ont aussi eu le droit à un diplôme.
L’envie d’entreprendre
Sur quels critères ont-ils été évalués ? Et bien, pour Mats Carduner, le directeur de Google Europe du Sud, un – bon – jeune dirigeant a « une vision, du charisme, une bonne capacité d’entraînement et est aussi bon vendeur ». Pour Eric Boustouller, le patron de Microsoft France, c’est d’abord une personnalité. Ensuite, c’est l’alchimie entre plusieurs éléments (un projet innovant) qui fait un bon manager. « J’ai été frappé par leur envie et leur capacité à se remettre en cause », raconte-t-il.
Quant aux finalistes, ils ont exposé, chacun dans leur style, leur vision du dirigeant. « Je suis loyal, animé de valeurs simples comme le travail et la confiance », a exposé Bertrand Diard. « Je suis un manager cool mais exigeant. J’emmène mon équipe et je leur fais partager ma vision », a raconté Damien Dupouy, décontracté. Dans les coulisses, tous n’avaient qu’un mot à la bouche… l’envie…
Jonathan Benassaya , le lauréat de l’année 2009
« Ma passion, c’est ma femme » : c’est avec un naturel déconcertant, que Jonathan Benassaya, le patron d’Odyssey Music Group (propriétaire du site Deezer.com) et premier Prix du jeune dirigeant de la technologie, a répondu aux questions du jury, hier. Cet adepte de karting et de saut à l’élastique a aussi une deuxième passion : la création d’entreprise. « Je ne peux pas faire autrement. Je suis comme ça », confie-t-il dans les coulisses. Après avoir fondé trois sociétés en l’espace de quatre ans, c’est en 2007, qu’il décide de se lancer, avec Daniel Marhely, dans le développement d’un site Internet – Deezer – sur lequel les utilisateurs peuvent écouter la musique de leur choix, à la demande, de manière illimitée et surtout dans un cadre légal, financé par la publicité. Un projet novateur qui révolutionne l’économie de la musique en ligne. « On arrive à rendre un peu obsolète le piratage sur Internet », assure-t-il. Et lorsque Mats Carduner (Google), se fait volontairement provocateur : « Et comment voyez-vous la montée de Spotify (un autre service de musique gratuite) ? », il ne se démonte pas. « Aujourd’hui, c’est un avantage d’avoir un concurrent. Nous ne sommes plus les seuls à nous battre pour négocier nos droits dans l’industrie musicale. Cette concurrence nous a aussi permis de dynamiser notre équipe pour travailler sur de nouveaux projets », explique-t-il. « Et si vous étiez à la place du ministre de la Culture, que feriez-vous pour éradiquer le piratage ? », enchaîne Eric Boustouller, le patron de Microsoft France. « Je n’aurais pas raisonné en termes de missions. J’aurais essayé de réfléchir à la vision de chaque patron de maison de disque à cinq ou dix ans. Il s’agit bien en effet de créer un nouveau modèle économique qui ne serait plus basé sur la vente de CD mais plutôt sur celle de l’accès aux contenus », répond-il. Aujourd’hui, il se définit comme un « manager exigeant et à l’écoute », comme un « facilitateur qui partage sa vision et sa stratégie avec ses collaborateurs ». Sa société réalise un chiffre d’affaires de près de six millions d’euros pour 2009. Ce prix est une reconnaissance du travail accompli. « Maintenant, je dois vous prouver que ne vous êtes pas trompés ! », a-t-il lancé à l’assemblée, lors de la remise du prix.