Cloud

Un point sur l’hyperconvergence

Par Laurent Delattre, publié le 18 avril 2019

De plus en plus populaire, l’hyperconvergence s’écarte de l’univers des appliances dédiées à certains workloads pour imposer sa vision moderne au cœur du datacenter et devenir un marché de solutions essentiellement logicielles.

Mieux alignée sur les besoins métiers, plus agile car plus intégrée et surtout beaucoup plus moderne, l’hyperconvergence est un modèle d’infrastructure pensé dès le départ pour un monde de VMs (machines virtuelles) et conçu pour aisément et nativement concrétiser les promesses du « Software Defined Everything »… Les systèmes hyperconvergés apportent agilité, réactivité et simplicité d’administration et permettent d’aisément concrétiser des scénarios complexes et exigeants en performance comme en souplesse telle l’intégration d’un cloud privé ou d’une plateforme VDI.

La fin d’un monde d’appliances

Très intégrées, optimisées et préconfigurées, les infrastructures hyperconvergées, aussi désignées sous l’acronyme HCI, proposent une infrastructure IT opérationnelle en quelques minutes, très simple à déployer mais aussi à administrer au quotidien.
L’idée de départ était d’offrir des infrastructures « LEGO » s’appuyant sur des blocs formés d’appliances préconfigurées afin de mettre fin aux approches « best of breed » et à la perte de temps qui en résultait en contrôle de compatibilité à chaque adjonction d’un élément et qui amenait l’IT à se diviser en silos très incompatibles avec les besoins actuels d’agilité et de réactivité. Il y avait donc derrière les premières solutions HCI, l’idée de faire évoluer de façon linéaire compute, stockage et réseau. La force de ces solutions a été de repenser le stockage pour un monde de VMs et d’imaginer des alternatives SDS (Software Defined Storage) aux baies SAN, alternatives crédibles mais surtout ultra simples à administrer et s’appuyant sur du matériel x86 et des disques SSD classiques.
Très rapidement, l’hyperconvergence a su séduire les entreprises par l’agilité opérationnelle qui en découlait. Finis les problèmes de compatibilité, d’évolutivité, de silos…

L’hyperconvergence est désormais logicielle

Mais le marché est désormais en pleine évolution. VMware, avec vSan et sa forte intégration à vCenter, a largement contribué à imposer l’idée que ce type d’infrastructure n’était pas tant une problématique matérielle qu’une problématique logicielle. Aujourd’hui, Nutanix, pionnier et leader du marché selon Gartner, se présente désormais comme une entreprise « 100% logicielle ». De son côté Microsoft a intégré une couche « HCI » au cœur de Windows Server 2016 et 2019. Celle-ci sert désormais aussi de fondation à la nouvelle offre « Azure Stack HCI » annoncée fin mars : cette offre « on-premises » s’appuie sur des matériels validés, animés par Hyper-V et Storage Spaces Direct (via Windows Server 2019 SDDC), et connectés à une flopée de services Azure (Azure Backup, Azure Site Recovery, Azure Monitor & Update Management, etc.).
L’évolution est logique : dans un premier temps, il était plus facile d’introduire ces nouvelles couches SDS (Software Defined Storage) sur des appliances aux éléments bien maîtrisés. Mais avec le temps, ces solutions se sont ouvertes à toutes sortes d’hyperviseurs, de multiples fournisseurs de serveurs et ont gagné en souplesse quant à la capacité de faire évoluer séparément les besoins de compute, stockage et réseau.

Une ouverture à tous les workloads

Et les acteurs de l’hyperconvergence construisent petit à petit autour de leur plateforme logicielle HCI de nombreux services complémentaires pour élargir leur spectre d’utilisation et les faire évoluer vers des plateformes de cloud privé. Ainsi, au-delà des VMs, l’hyperconvergence s’ouvre désormais de plus en plus aux containers (à l’instar de Karbon, la couche Kubernetes au-dessus du Nutanix).
Parallèlement, les plateformes HCI comme HPE Simplivity ou Nutanix peuvent aujourd’hui héberger n’importe quel type de Workloads y compris du SAP HANA et ne sont plus uniquement choisies pour fournir des VMs à la tonne.
Enfin, ces plateformes sont désormais perçues comme un tremplin vers le cloud privé et hybride, une approche largement revendiquée par VMware (vSan 6.7 + vRealize Suite), par Nutanix (Nutanix Enterprise Cloud) et par Microsoft (Azure Stack HCI).

Un marché en forte progression

Le marché de l’hyperconvergence a progressé d’environ 67,2% en 2018 si l’on en croit les chiffres IDC. Selon ResearchAndMarkets.com, il devrait atteindre les 22,93 milliards de dollars en 2023.

Il est aujourd’hui principalement dominé par Nutanix, VMware, Dell EMC (qui construit ses offres sur Nutanix et sur VMware vxRail/vxRack), HPE Simplivity, Cisco HyperFlex, Microsoft (avec Windows Server 2019 Storage Spaces Direct et désormais Azure Stack HCI), Pivot3 (Acuity HCI), Huawei (FusionCube HCI), Scale Computing (avec ses offres HC3), NetApp, ou encore des acteurs comme DataCore (Hyperconverged VirtualSAN basé sur l’offre SDS SANsymphony), Maxta, StorMagic, Datrium, HiveIO ou encore la nouvelle pépite montante StarWind plus orientée PME.

Tout ce petit monde n’arrivera probablement pas à survivre. Le marché devrait connaître une consolidation dans les années à venir. C’est en partie ce que laisse sous-entendre le graphique reproduit ci-dessous et publié par Aaron Rakers, un analyste senior de Wells Fargo. Celui-ci s’appuie sur les chiffres IDC et n’offre qu’une vision incomplète.

Ce graphique montre bien la forte accélération du marché portée par les offres concurrentes de VMware et de Nutanix confirmée par la courbe similaire de Dell EMC dont les solutions s’appuient justement sur ces deux offres. Il montre également que l’arrivée tardive de Cisco et NetApp est un handicap difficile à surmonter. Notons au passage que le coup de mou de Nutanix sur la fin 2018 se retrouve dans les chiffres décevants annoncés par l’entreprise à la clôture de son dernier trimestre et s’explique en partie par la restructuration de son offre. Les choses devraient cependant aller mieux pour le pionnier avec la disponibilité réelle en ce début d’année de nombreux services annoncés ces derniers mois et les accords signés avec HPE début avril. De quoi relancer la machine…

Dans l'actualité

Verified by MonsterInsights