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Novell menacé de rachat par un fonds vautour (MAJ)
Par La rédaction, publié le 23 mars 2010
Le fonds spéculatif Elliott Associates a lancé une offre d’achat non sollicitée sur Novell alors que se tient le procès de ce dernier contre SCO qui décidera de l’attribution des droits sur Unix.
C’est non. Du moins à ce tarif. Le conseil d’administration a refusé l’offre de rachat par Elliot Associates. Dans un communiqué, Novell estime que l’offre d’acquisition à 5,75 dollars par action « n’est pas adéquate et sous-estime la valeur de l’entreprise ». Novell reconnaît chercher de nouvelles options : rachat d’actions, partenariat, recapitalisation et même… vente de l’entreprise.
Première publication le 05/03/2010

Novell fait l’objet depuis mercredi 3 mars d’une offre de rachat non sollicitée de la part du fonds spéculatif Elliott Associates. Ce dernier a déjà acquis depuis début janvier 8,5 % des actions de l’éditeur de logiciels d’infrastructure, d’outils de travail collaboratif, et de la distribution Suse Linux. Elliot propose d’acquérir la totalité des actions en circulation pour un montant qui valorise l’éditeur à 1,8 milliard de dollars environ.
Une jolie somme : Novell compte réaliser 825 millions de dollars de chiffre d’affaires et 80 millions de dollars de bénéfices en 2010. Il possède aussi un trésor de guerre de presque 1 milliard de dollars, ce qui relativise l’intérêt de la proposition.
Novell est depuis longtemps une étoile déclinante. L’éditeur a créé le marché des serveurs de réseau local avec Netware au milieu des années 80. Or la perte des revenus de Netware, concurrencé par les serveurs de Microsoft, n’a jamais été compensée, que ce soit par la bureautique (Wordperfect), les outils de travail de groupe (Groupwise), les annuaires (eDirectory), le conseil (Cambridge Technology), ou Linux (Suse).
Trois hypothèses pour la suite… toutes au détriment de Novell
Le terme de fonds vautour a été inventé pour caractériser l’activité d’Elliott Associates. Il a en effet racheté à vil prix des parts de dette de pays en développement traversant des difficultés économiques graves avant d’en exiger le remboursement intégral en multipliant les recours légaux. Il gère environ 16 milliards de dollars mais n’a pas un historique très fourni dans le domaine des entreprises de hautes technologies. Ses intentions restent d’ailleurs floues. On peut pour le moment seulement se risquer à une série d’hypothèses.
• Un communiqué d’Elliot Associates affirme que « au cours des dernières années, l’entreprise a essayé de se diversifier de ses activités historiques par une série d’acquisitions et de changements stratégiques qui se sont révélés largement vains ». En rachetant Novell, Elliott mettra d’abord la main sur le milliard de dollars de l’éditeur. Il aura ensuite toute liberté de le démanteler : vente des activités rentables au plus offrant et liquidation des autres. Suse, les outils de sécurité ou les outils d’administration, trouveront facilement preneurs. Dans cette hypothèse Novell disparaît.
• Elliot Associates fait juste un coup financier. Déjà à la tête de 8,5 % des actions de Novell, il espère l’intervention d’un chevalier blanc (une contre-proposition plus intéressante à son offre d’achat), ou un programme de rachat par l’éditeur lui-même afin de revendre au double de leur valeur les titres acquis à bas prix depuis janvier. Elliot Associates doublerait ainsi sa mise de fond en peu de temps.
• De façon troublante, cette offre de rachat hostile intervient alors que va enfin commencer le procès opposant Novell à SCO, procès qui devra déterminer qui détient les droits sur Unix, qui resteront très probablement à Novell. Les plus inquiets envisagent déjà un scénario dans lequel Elliott Associates tenterait de réussir là où SCO a échoué : jouer de sa propriété intellectuelle sur Unix pour obtenir des dédommagements auprès des vendeurs et utilisateurs de Linux.