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La nouvelle Surface GO a-t-elle sa place en entreprise ?

Par Laurent Delattre, publié le 15 juillet 2018

Prix plancher et taille réduite, la nouvelle Surface Go de Microsoft peut potentiellement intéresser les entreprises. Mais en a-t-elle le potentiel technique ? Premiers éléments de réponse…

Annoncée au travers de vidéos sur les réseaux sociaux, la Surface Go de Microsoft est la surprise de l’été. Personne ne s’attendait vraiment à voir Microsoft revenir sur le marché de la petite tablette qu’il avait abandonnée en 2015, quelques mois seulement après le lancement de la « Surface 3 », première Surface « non pro » à adopter un processeur Intel plutôt qu’un processeur ARM. Car Surface Go reprend le concept initié par les premières Surface et perpétué depuis par les Surface Pro, celui du « 2 en 1 » : une tablette qui se transforme en vrai PC et inversement grâce à un clavier détachable. Contrairement aux attentes de l’éditeur/constructeur, aucun partenaire traditionnel de l’univers PC n’est venu s’infiltrer sur le créneau du « 2 en 1 » petit format et petit prix laissé libre. Dans le même temps, les Chromebooks ont connu un succès fulgurant dans le marché de l’éducation aux USA sans toutefois réaliser de percée significative dans le monde de l’entreprise. Une concurrence qui a notamment amené Apple à introduire une version « iPad Pro » 10,5 pouces et qui conduit aujourd’hui Microsoft à revenir sur un marché abandonné ces trois dernières années.

Les « 2 en 1 » décollent en entreprise

Car le marché de l’éducation (ou celui plus large des étudiants) est clairement la première cible de cette nouvelle Surface. Mais ce n’est pas le seul. Pour Panos Panay, CPO Microsoft Corp, ce « 2 en 1 » se destine aussi aux « firstline workers », terme quelque peu énigmatique sous lequel Microsoft regroupe les personnels médicaux, les employés des boutiques, les travailleurs sur les sites industriels et les entrepôts, les commerciaux nomades, etc. Autrement dit, Surface Go se verrait bien s’infiltrer dans plusieurs scénarios d’entreprise. Encore faut-il que les performances de ce nouvel appareil servent les besoins des entreprises, ce qui est rarement le cas des PC à moins de 500€.

Si le marché de la tablette décroit d’une manière générale, celui du « 2 en 1 » est en pleine croissance. Particulièrement dans les entreprises. Ainsi, Forrester Research prédit une croissance annuelle de 6.9% des tablettes et « 2 en 1 » en entreprise jusqu’en 2022. Se focalisant uniquement sur le marché du « 2 en 1 »,  la dernière étude MarketResearch prédit, quant à elle, une croissance annuelle de 15,61% jusqu’en 2023 de ce segment qui devrait peser plus de 33 milliards de dollars à l’horizon 2022.
L’arrivée de Surface Go permet ainsi à Microsoft d’être présent sur des segments du marché non couverts par ses modèles plutôt haut de gamme que sont les Surface Pro et Surface Book 2. Surface Go cherche le délicat équilibre entre couvrir significativement la partie basse du marché tout en laissant de la marge de manœuvre aux autres constructeurs de l’univers PC pour ne pas s’attirer leurs foudres.

La performance en question

Contrairement à différentes rumeurs et premières informations, tous les modèles de Surface GO sont animés par un même et unique processeur (y compris la version de base à 449 €) à savoir un Intel Pentium Gold 4415Y. Introduit par Intel au second semestre 2017, ce dernier a jusqu’ici été relativement ignoré par les constructeurs. Il s’agit d’un processeur de génération « Kaby Lake » (autrement dit similaire à la 7e génération de Core i), 64 bits, dual-core avec hyperthreading (4 threads) et support des dernières technologies de virtualisation (VT-x, VT-d, EPT). Autrement dit, ce processeur est compatible Hyper-V mais également avec les sécurités avancées de Windows 10 telles que Device Guard, Credential Guard et Application Guard, ce qui ne manquera pas de séduire DSI et RSSI. En revanche, le processeur ne supporte pas les technologies d’administration distante v-Pro d’Intel. Mais un chip TPM 2.0 est bien présent afin de supporter des sécurités d’entreprise avancées mais aussi tirer pleinement profit de BitLocker (chiffrement des disques), de Secure Boot (blindage du démarrage) et de la reconnaissance faciale Windows Hello, rendue ici possible grâce à la présence d’une caméra infrarouge frontale.

Ce Pentium Gold peut sembler poussif comparé aux « Intel Core i » de 8e génération qui animent les Surface Pro. Mais ses performances restent significativement supérieures à celles des processeurs Atom de la « Surface 3 » ou même du processeur Core i3-4020Y des anciennes « Surface Pro 3 ». Certes, ce n’est pas un foudre de guerre, mais il se défend suffisamment pour de la bureautique classique et du casual gaming. Bref, ses performances devraient être suffisantes pour supporter n’importe quelle application Client/Serveur (il en reste), application Web, et autres applications de saisie et de formulaires. Cependant, ce Pentium Gold ne viendra pas faire de l’ombre aux Surface Pro, même au modèle « Core m3 » bien que, dans ce cas de figure, le rapport performance/prix semble tourner en faveur de la Surface Go.

Adaptée à tous les environnements

Parfaitement silencieuse, dépourvue de toute ventilation et de toute entrée d’air, la Surface pourra être employée dans toutes sortes d’environnements y compris les chantiers, les garages, les hôpitaux, les bibliothèques… Quitte à la renforcer en lui adjoignant une coque rigide répondant aux standards militaires : on peut en effet s’attendre à ce que des partenaires traditionnels comme Griffin Technology ou UAG, qui proposent différentes solution de durcissement pour Surface Pro, adaptent leurs protections à Surface Go.
On note également le support du stylet (le Surface Pen), toujours pratique pour la saisie sur des formulaires ou l’enregistrement de signatures. Il réagit ici avec une latence sensible (et largement visible sur les vidéos diffusées par Microsoft), l’écran Surface Go étant dénué de l’accélérateur dédié équipant les dernières générations de Surface Book et Surface Pro.

Compatible avec l’existant

Dans sa version grand public (449€ TTC), Surface Go est livré avec Windows 10 en mode S (interdisant toute installation hors du Windows Store) qui peut être débloqué d’un clic. Mais Surface Go est aussi disponible en édition entreprise (499 € TTC), livrée avec Windows 10 Professionnel. Dès lors, le nouveau « 2 en 1 » de Microsoft se retrouve compatible avec tous les logiciels Windows du marché et tous les développements Windows métiers. Elle s’insère aussi nativement dans les processus de sécurisation des PC nomades déjà en place. C’est là sa vraie différence avec les iPad, les tablettes Android et les Chromebooks, même si en matière d’administration les DSI ont aujourd’hui acquis une bonne maîtrise dans la gestion de la diversité mobile.
C’est aussi là le principal argument qui justifie le choix d’un processeur Intel plutôt que du processeur ARM pourtant présent sur les premiers Windows PC « Always Connected » (telle la tablette HP Envy X2). Du coup, l’autonomie de la Surface Go est assez décevante : elle est annoncée à 9H, là où HP offre 20H d’activité loin de toute prise de courant avec son Envy x2 sous Qualcomm SnapDragon.

Des limites handicapantes

Outre l’autonomie plutôt restreinte, Surface Go souffre également d’autres compromis choisis par Microsoft pour baisser les coûts. Évidemment la taille réduite restreint le confort de travail avec notamment un clavier rétréci (85% de la taille du clavier Surface Pro) similaire à celui de la Surface 3. Si la qualité de fabrication est irréprochable et dans la droite lignée des dernières productions matérielles du constructeur, on regrettera l’absence d’un vrai port USB traditionnel, ici remplacé par un port USB-C, certes plus pratique mais encore peu répandu en entreprise. L’écran PixelSense au format « 3:2 » est de bonne qualité avec un calibrage réalisé en usine, mais sa résolution est pour le moins atypique : 1800 x 1200 pixels. Elle procure une belle densité par point (217 ppp) mais se révèle inférieure à celle de son ancêtre Surface 3 (1920×1280 pixels) ou à celle de l’iPad Pro par exemple. Côté optique photo, on devra se contenter d’un capteur frontal 5MP plutôt lumineux est bien adapté à la visioconférence, et d’un capteur arrière de seulement 8 MP avec autofocus et vidéo 1080p (mais d’enregistrement 4K). Enfin, comme pour les modèles Surface Pro, cette Surface Go est livrée sans le clavier, sans la souris et sans le stylet qui demeurent deux options relativement onéreuses (respectivement 129,99€, 35,99 € et 109,99 €) et qui viennent alourdir la facture si leur usage se révèle nécessaire.

Surface Go est au final un apport intéressant à la gamme Surface. Les limites de son processeur et de son autonomie réduisent ses usages mais sa qualité de fabrication, son format compact et sa polyvalence (avec le clavier détachable et le stylet) lui ouvrent la porte de multiples scénarios d’entreprise. Microsoft ne s’y est pas trompé puisque la tablette est d‘ores et déjà déclinée en deux éditions entreprises : « 4 Go RAM/64 Go eMMC » pour 499 € et « 8 Go RAM/128 Go SSD » pour 599 €. La première est plus adaptée au scénarios métiers, la seconde à la bureautique avancée. Son prix accessible demeure sa principale qualité et la positionne favorablement face à ses concurrents directs…

 

 

 

 

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