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EuroCIO : ce que les DSI reprochent à SAP, Oracle, Microsoft et Google…

Par Laurent Delattre, publié le 20 décembre 2018

Les DSI montent au créneau et dénoncent ouvertement les pratiques obscures des grands éditeurs et grands fournisseurs cloud pour les prendre en otage et maintenir les dépenses informatiques sur des courbes toujours ascendantes…

Face aux augmentations des licences logicielles et aux politiques de verrouillage des grands éditeurs (pour l’essentiel, américains) les DSI européens réagissent et font entendre leur voix. Outre la tribune du CIGREF récemment publiée (cf. Des DSI en colère), l’association EuroCIO, qui regroupe un millier de DSI d’entreprises et organismes européens souligne, elle aussi, le mécontentement de ses adhérents au travers d’un sondage de satisfaction transformé en véritable cahier de doléances à l’encontre de SAP, Oracle, IBM, Salesforce, Google, Amazon et Microsoft.

Certains sont plus particulièrement pointés du doigt. À commencer par SAP. Les DSI n’apprécient pas du tout les nouveaux de modèles de licences adoptant une approche « d’accès indirects ». La nouvelle métrique « non humaine », qui se justifie selon SAP par la montée en puissance de la RPA et de l’IOT, est particulièrement décriée par les membres d’EuroCIO qui lui reprochent d’être une augmentation déguisée des coûts de licence. Cette approche génère en effet une augmentation des dépenses pour les DSI induite par des règles de conversion déséquilibrées et opaques sans compter le manque de définition claire et précise d’un certain nombre de nouvelles métriques.

Oracle en prend également pour son grade. Les DSI lui reprochent des contrats inflexibles et obscurs, un manque d’engagement auprès de ses clients, des audits agressifs et hostiles. L’absence d’aide claire et limpide pour calculer les métriques lors de déploiements sur des espaces virtualisés rend selon eux impossible un calcul juste et précis des coûts. Des reproches qui ne sont certes pas nouveaux, mais qui sont désormais formulés à voix haute et qui poussent désormais bien des entreprises à chercher des pistes de sortie grâce aux clouds et aux nouvelles offres de « database as a service ». La soudaine et inattendue transformation des politiques de licences de Java illustre également, selon eux, les pratiques commerciales malvenues d’Oracle : les entreprises ont été prises par surprise et se retrouvent à devoir payer pour des licences jusqu’ici gratuites.

Microsoft n’échappe pas non plus aux griefs des DSI qui lui reprochent de ne pas offrir d’outils adéquats pour contrôler leurs ressources Azure et les dépenses qui les accompagnent. Selon eux, cette absence d’outils adaptés rend difficile le contrôle et la planification des dépenses engagées dans le cloud. Les DSI reprochent également au géant américain sa marche forcée vers le cloud en augmentant les licences de ses produits « on-premises » (les nouvelles licences par cœur engendreraient une augmentation de 50% des coûts). Les DSI reprochent également à Microsoft de ne pas offrir suffisamment d’options de « downscaling » obligeant les entreprises à s’engager sur certaines capacités. Un manque de flexibilité en opposition totale avec la philosophie même du cloud.

Enfin, Google n’est pas plus épargné par les DSI qui ne lui accordent aucune confiance en matière de protection des données et de respect de la propriété des données.

Les grands éditeurs et fournisseurs cloud pourront-ils encore longtemps faire la sourde oreille ? Ce n’est pas certain. D’un côté l’open source gagne du terrain sur le marché du logiciel d’entreprise. De l’autre côté, la guerre féroce que se livrent AWS, Azure, GCP, IBM Cloud, Oracle Cloud mais aussi Alibaba Cloud, Huawei Cloud et autres contribuent non seulement à tirer toujours un peu plus les prix du cloud vers le bas, mais imposent aussi à chacun d’eux d’améliorer leurs outils d’administration des ressources et de pilotage des dépenses. Sans compter l’apparition de startups qui proposent des outils de pilotage des dépenses multiclouds et d’optimisation de l’usage des ressources en jonglant avec les différentes offres clouds.

Voilà qui semble bien nous annoncer une année 2019 placée sous le signe du multicloud et de l’open source…

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