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Société générale : « Un centre de services partagés pour dégager 100 millions d’euros de synergies »

Par La rédaction, publié le 22 septembre 2009

La banque s’est dotée cet été d’un centre de services partagés visant à mutualiser les investissements informatiques et les équipes, sur fond d’industrialisation.

Entretien avec Bertrand Lemarignier. Précédemment DSI de la banque de financement et d’investissement (BFI) du groupe Société générale, il a pris la tête en juin dernier de Global technologies and Services (GTS), le centre de services informatiques dédié à la gestion de l’infrastructure de toutes les filiales et entités du groupe. GTS est appelé à devenir l’un des plus grands centres de services partagés du secteur financier.

01NetPro : Quelle est l’origine de ce centre de services partagés ?
Bertrand Lemarignier :
GTS est issu de notre plan d’efficacité opérationnelle, qui consiste à industrialiser les processus et à optimiser les ressources du groupe, en créant des centres de services partagés (CSP). But : dégager 1 milliard d’euros de synergies à horizon 2012. GTS est le plus important des CSP envisagés. Il vise 100 millions d’euros de gains de productivité dès 2010, sachant que cet objectif économique va s’accroître avec les années.
Les infrastructures représentent entre 40  % et 50 % des coûts informatiques, la Société générale étant plutôt dans la fourchette basse. GTS regroupera à terme toutes les équipes de ce secteur. Le 1er juillet dernier, 1 000 salariés français l’ont intégré, et plusieurs milliers d’autres en provenance de toutes les entités du groupe, et répartis dans 40 pays, les rejoindront d’ici à 2013.

Quel est son périmètre ?
GTS porte sur la partie infrastructure – centres de production, serveurs, stockage, archivage, sauvegarde, WAN-LAN, téléphonie, PDA, postes de travail, middleware, couches systèmes et bases de données -, la partie application restant dans les entités métier. Le périmètre qui couvre aussi bien les banques de détail (Société générale, Crédit du Nord…), que la banque de financement et d’investissement (BFI), le financement spécialisé ou les services aux investisseurs. Soit 160 000 postes de travail, 25 000 serveurs, 200 000 postes de téléphone…

Comment réussirez-vous ce plan d’économies ?
Les gains seront obtenus par la synergie des équipes, les partenariats fournisseurs, les arrêts de projets parallèles. Il y a 30 postes de travail différents dans le groupe et autant de modes d’installation, de masters. Il faut arriver à dix puis, à terme, à trois. Il faut arrêter de faire les choses en double quand ce n’est pas en quadruple. De même, nous avons cinq réseaux mondiaux, nous devons passer à l’avenir à un seul réseau collectif.
Nous allons aussi réduire le nombre de centres de production informatique. Cela fait partie de notre plan de transformation. Nous avons une trentaine de centres en France, cinq ou six devraient suffire. Nous en avons 150 à l’étranger, ils seront divisés par deux ou trois. Il s’agira donc de sites de plus grosse taille, dont les environnements seront mutualisés, les aspects réseau simplifiés. Ce qui permettra de négocier les meilleurs tarifs.

Quelle sera la place des fournisseurs dans ce dispositif ?
Nous allons baisser nos coûts en adoptant un recours différent à la prestation extérieure. Nous avions des contrats très morcelés, de taille variable, même si déjà la direction des achats tentait de globaliser. Le recours à la sous-traitance sera rationalisé, nous travaillerons avec quelques grands noms mondiaux de l’informatique et des télécoms. Des discussions sont engagées, mais aucune décision n’a été prise. Elle interviendra dans les mois à venir. Nous n’avons pas de projet de société commune, ni de filialisation avec les acteurs du marché.

Quels seront les apports qualitatifs ?
Dans l’ancien système, l’organisation était structurée par lignes métier. Avec GTS, au lieu de laisser chaque métier faire avec ses moyens, nous mettrons en commun les solutions les plus adaptées. Cette mutualisation des investissements nous permet de construire, en partenariat avec IBM, un site de production haut de gamme dans le nord de la France. Ce site, qui s’inscrit dans le cadre de notre plan de secours, sera le pendant de celui que nous avons en région parisienne. La première tranche de ce programme porte sur 2 000 mètres carrés de surface.
La mutualisation permet aussi de garantir des pratiques homogènes. Par exemple, le déploiement de l’intranet avec toutes les filiales du groupe, relevait de décisions compliquées. Le collectif permet de jouer sur la normalisation, dans le domaine de la sécurité notamment, mais aussi sur l’industrialisation autour d’Itil. Chaque entité avait ses outils, ses niveaux Itil. Nous avons recensé 400 outils d’administration et de gestion d’infrastructure différents !

Quelles garanties apportez-vous sur le plan social ?
La décision du Comité exécutif est intervenue fin 2008, suivie du processus de consultation auprès des instances représentatives du personnel entre le début de l’année et juin 2009. Les équipes se regroupent sous la même entité. Prenons par exemple la gestion du poste de travail : la Société générale s’est engagée à maintenir l’emploi, mais aussi à préserver les bassins existants, notamment dans le Nord, à Nantes ou à Orléans.
GTS est une entité au sein du groupe, pas question de la filialiser. Les collaborateurs Société générale ont été transférés. Ceux issus des filiales avaient le choix entre être détachés au sein de GTS, ou accepter le statut Société générale.

Vives inquiétudes des salariés du Crédit du Nord

La reprise des structures de l’exploitation informatique du Crédit du Nord par la Société générale via GTS suscite des remous. Selon la CFDT, les quelque 200 salariés du centre informatique (CTI) de Seclin (59) se disent inquiets pour la pérennité des emplois et pour l’avenir du site. Entre les salariés qui ont opté pour le statut Société générale, les détachés et les prestataires, le CTI est devenu, selon un délégué syndical, une sorte de tour de Babel. « A Seclin, nous sentons bien la mainmise de la Société générale, qui ne devrait pas tarder à absorber aussi les études informatiques, l’éditique et bien d’autres entités administratives. »

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