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Gouvernance

« La curiosité au service de l’innovation, toujours et encore »

Par La rédaction, publié le 31 décembre 2017

La CDO a enchaîné des postes à responsabilités dans plusieurs secteurs d’activité, avec efficacité… et une prédilection pour les laboratoires.  

 

Chez Malika Mir, l’intérêt pour la technologie ne date pas d’hier. « Toute petite, je démontais les prises électriques, la première télé familiale y est également passée », se souvient-elle avec un sourire. Quelques années plus tard, elle prend la tête de sa classe en technologie. À la même époque, les premiers ordinateurs personnels sont disponibles. Ils l’émerveillent. Le bac en poche, c’est tout naturellement qu’elle postule et entre dans la première promotion de l’Epita, une école d’ingénieurs parisienne spécialisée dans l’IT. Son premier poste, chef d’exploitation chez Total, est à la limite de l’ennuyer quand une opportunité se présente chez Leo Pharma, un laboratoire pharmaceutique. « Le responsable cherchait quelqu’un notamment pour acheter les premiers PC », se souvient-elle. Un poste qui allait comme un gant à Malika Mir, déjà à la recherche d’entreprises où il est facile de mettre en pratique son goût pour l’innovation. « En outre, le secteur pharmaceutique dispose de moyens facilitant cette démarche », souligne notre interlocutrice. Après quelque temps, elle passe chez Baxter, un autre labo. Les années qui suivent lui donnent l’occasion de satisfaire pleinement son goût pour la mise en application de nouveautés. « J’ai mis en place la première messagerie et les premiers réseaux locaux », détaille-t-elle. Dans les années 2000, le secteur pharmaceutique est en pleine restructuration. « Ce qui se traduisait entre autres par le gel des investissements dans l’IT », souligne-t-elle. Pour échapper à la routine, elle passe chez Microsoft avec la casquette de DSI interne. « Une nouvelle expérience, originale de surcroît pour moi à l’époque. J’ai été recrutée pour mettre en place, des normes, des structures… pour mettre en place des processus industrialisables et ce, pour tous les utilisateurs au niveau européen », insiste Malika Mir. Le passage chez l’éditeur dure huit années. L’industrialisation de ces processus se traduit par une centralisation américaine des postes. « Je sciais la branche sur laquelle j’étais assise, cependant j’apprenais beaucoup sur la mise en place de services IT robustes », confirme-t-elle. Elle est prise presque dans la foulée chez le japonais Nissan. « Un changement de culture radical. Qui avait le mérite de me faire sortir de ma zone de confort », justifie-t-elle. Et qui se traduit par un déménagement imposé par l’entreprise de Paris à Genève, où le constructeur, à l’époque, centralisait ses fonctions stratégiques. Malika est peu enthousiaste pour la tranquillité suisse, mais elle s’adapte. En 2008, Nissan traverse une crise majeure. « J’ai dû me séparer de plus de 200 sous-traitants IT en 5 semaines », se souvient notre interlocutrice. Mêmes causes, mêmes effets, le gel des investissements la motive d’abord pour suivre une formation au Cnam, puis pour trouver un autre poste. Ce, d’autant plus que si elle apprécie plusieurs aspects du constructeur, « une fois une décision prise, elle est appliquée », souligne-t-elle, d’autres facettes sont moins satisfaisantes. « Être une femme dans une entreprise japonaise reste difficile », résume-t-elle. Elle a alors envie de revenir dans le monde de la pharmacie, où « l’innovation fait partie du quotidien », souligne notre interlocutrice. Aussitôt dit, aussitôt fait, elle entre chez Ipsen et, passionnée d’opéra et de théâtre, apprécie son retour à Paris. Elle se retrouve tout naturellement à oeuvrer sur la transformation numérique de l’entreprise. « Les deux grands enjeux de l’innovation étaient la bascule sur le cloud et le passage à la mobilité pour les applications. Deux points traditionnellement peu développés dans le milieu pharmaceutique », explique Malika Mir. En dehors du professionnel et de l’opéra ? Adhérente à plusieurs associations, notamment Professional Women Network, Malika Mir milite depuis des années pour une féminisation de la profession. « Quand je suis arrivée chez Ipsen, 9 % des effectifs IT étaient féminins, aujourd’hui 25 %, et il y a encore du travail pour arriver à la parité », conclutelle.

Patrick Brébion

 

MALIKA MIR

• DEPUIS MARS 2014 CDO, Ipsen

• DEPUIS 2012 CIO, Ipsen

• 2006-2012 General Manager Informations Systems Europe, Nissan International

• 1998-2006 Senior IT Manager, Microsoft

• 1989-1998 IT Director Europe, Baxter

• 1986-1989 IT Manager, Leo Pharma A/S

• 1984-1987 Bachelor of Science, Epita  

 

 

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