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En Inde, les jeunes ingénieurs informatiques descendent dans la rue

Par La rédaction, publié le 04 juillet 2013

Du jamais-vu dans le secteur informatique indien ! Ces dernières semaines, des ingénieurs sont descendus dans la rue par centaines, à Bangalore notamment, pour exprimer leur exaspération en manifestant et en entamant des grèves de la faim.

Du jamais-vu dans le secteur informatique indien ! Ces dernières semaines, des ingénieurs sont descendus dans la rue par centaines, à Bangalore notamment, pour exprimer leur exaspération en manifestant et en entamant des grèves de la faim. Leur colère n’est pas provoquée par les violences exercées contre les femmes et la corruption généralisée, deux problèmes qui ont secoué le pays ces derniers mois.

C’est l’attitude de HCL, l’un des fleurons du pays, qui a déclenché la vindicte. La situation est pour le moins paradoxale, puisque cette grande société informatique, au travers de son brillant patron Vineet Nayar, s’était fait connaître par son slogan “ Les employés d’abord, les clients ensuite ”. La devise se traduisait dans les faits par une gestion exemplaire des relations de l’entreprise avec son personnel. Considéré comme un manager modèle, Vineet Nayar a multiplié les conférences autour du monde pour expliquer son concept. Las, le modèle semble trouver ses limites.

Il semble que HCL ait dû promettre plus qu’il ne pouvait tenir pour conserver sous le coude les meilleures recrues. Aujourd’hui, celles-ci se sentent abusées. La faute au ralentissement économique mondial ? La presse indienne n’hésite pas à qualifier de séisme la crise qui frappe les services informatiques, un secteur pesant 110 milliards de dollars.

Fait nouveau, même les employés en poste sentent le vent tourner. Ils craignent de se retrouver sur le fameux “ bench ” (le banc de touche, ou période d’intercontrat), ou encore de devoir se rabattre sur des postes deux fois moins bien rémunérés dans les grands centres de services partagés (BPO), où les clients externalisent leur informatique en la mutualisant. La situation générale peu reluisante accentue la pression à la baisse sur les salaires. Ce qui fait dire au responsable RH de la société de services Wipro que cette année, les augmentations n’afficheront qu’un seul chiffre en moyenne. Les Tata et autres Infosys ne disent pas mieux.

Crise de confiance

Le moral peut-il remonter grâce au e-commerce ? Indiscutablement, ce secteur permet à une légion de travailleurs indépendants indiens d’être les leaders mondiaux du service délocalisé, comme le dévoile une étude publiée par Freelancer.com. Cependant, le marché intérieur, très prometteur, doit encore se développer. Le récent scandale du site Timtara.com (qui encaissait des paiements sans rien livrer en retour) a conduit à l’arrestation de ses fondateurs – et montre que le modèle a besoin de faire ses preuves dans le pays.

Mais il y a des raisons d’espérer. Snapdeal, une place de marché indienne comptant 20 millions d’utilisateurs, vient de lever 50 millions de dollars. EBay y a fait une entrée fracassante et Amazon lance également sa propre place de marché, ce qui montre que les acteurs sérieux peuvent inspirer confiance. Souhaitons que le développement du commerce en ligne donne aux informaticiens indiens la possibilité d’avoir d’autres perspectives que celle de travailler pour une multinationale du service informatique adepte du bon vieux “ je prends, je jette ”.

 

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