DOSSIERS
Les espoirs qui sont en train de percer à l’international
Par La rédaction, publié le 28 février 2013
Souvent méconnues du grand public, ces PME du logiciel n’ont plus rien à envier aux grands noms. Elles affichent d’insolents taux de croissance et des objectifs ambitieux.
Il y a quarante ans, simuler sur ordinateur le crash d’une voiture et mesurer son impact sur chacune des pièces semblait un rêve fou d’ingénieur. Alain de Rouvray, lui, a voulu en faire une réalité. C’est pourquoi il a quitté en 1973 une carrière de chercheur au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) pour fonder ESI Group.
Son idée de conjuguer numérique et physique des matériaux s’est révélée gagnante. Aujourd’hui, la firme figure au 11e rang des éditeurs français avec un chiffre d’affaires 2011 de 94,22 millions d’euros, dont 86 % réalisés à l’export. Forte d’un effectif de 900 personnes, elle a installé des filiales dans plus de 30 pays.
Tests virtuels. Les clients d’ESI Group ? Surtout des industriels comme BMW, Honda ou la Nasa, qui achètent ses outils pour imaginer et tester virtuellement le comportement de leurs nouveaux produits. Cette approche par la simulation permet d’éviter nombre d’écueils avant la fabrication du prototype. Et de réaliser d’importantes économies.
Talend : Il met le big data à la portée de toutes les entreprises
En moins de sept ans d’existence, Talend a levé 62 millions de dollars. Les investisseurs sont formels : ce spécialiste des logiciels de traitement et d’analyse des données professionnelles a les moyens de tailler des croupières à IBM ou Oracle. Les fondateurs, Fabrice Bonan et Bertrand Diard, étaient salariés d’une SSII parisienne quand ils ont réalisé que les outils d’intégration de données qu’ils installaient chez leurs clients étaient chers, complexes et réservés aux grandes entreprises. Or, les PME aussi étaient confrontées à des volumes d’informations toujours plus importants. “ Les logiciels en open source se généralisaient, pourtant nous nous sommes vite rendu compte qu’il n’existait aucune offre dans notre spécialité ”, raconte Yves de Montcheuil, vice-président marketing de Talend.
Techno révolutionnaire. Ils fondent Talend fin 2005 afin de proposer une solution d’intégration open source accessible à tous. “ La réussite de notre société repose sur l’apport d’une technologie révolutionnaire à un marché mûr. Le choix de rendre disponible gratuitement notre version de base par téléchargement nous a rendus populaires auprès d’acteurs qui n’y auraient jamais eu accès autrement ”, résume Yves de Montcheuil.
Les divers outils de Talend ont déjà été téléchargés 20 millions de fois. La société revendique 1 million d’utilisateurs et 4 000 clients payants. Si le modèle open source ne l’empêche pas de croître fortement, l’éditeur reste discret sur ses chiffres. C’est tout juste s’il dévoile que son activité a progressé de 56 % en 2012. Mais selon nos sources, son chiffre d’affaires 2012 approcherait les 85 millions d’euros, dont 72 % à l’export. Et Talend devrait être à l’équilibre en 2013.
Oodrive : Ce Français organise la riposte au cloud américain
C’est parce que leur premier business plan était trop lourd pour pouvoir être échangé par courriel que Stanislas de Rémur et ses deux associés ont changé leur fusil d’épaule. Ils avaient prévu de fonder une entreprise de logistique ? Ils décident finalement en 2000 de lancer Oodrive, une start up spécialisée dans la gestion de fichiers en ligne. Les débuts furent difficiles. Leur premier produit, un disque dur sur Internet destiné au grand public, est arrivé trop tôt sur un marché qui n’était pas prêt. Et leur première levée de fonds n’a permis de rassembler que 300 000 euros.
Précurseur du nuage. En 2002, changement de cap, la jeune pousse devient le premier Européen à proposer aux sociétés de stocker, d’utiliser et de partager des fichiers en ligne. Du cloud computing avant l’heure, donc. L’un de ses premiers clients est Universal Music, qui choisit Oodrive pour assurer les transferts de fichiers musicaux au cours de la première saison du show Star Academy. Une jolie référence, qui en attire d’autres.
Aujourd’hui, la PME compte 14 500 clients dans 90 pays, des TPE jusqu’aux sociétés du CAC 40. Elle continue de s’intéresser au marché du grand public, même s’il ne représente que 15 % de son activité. Elle vient de lancer Ubikube, un concurrent de l’outil de stockage en ligne Dropbox. “ Oodrive est meilleur pour gérer la photo et la vidéo ! Et puis, nous sommes hébergés en France et, surtout, parfaitement sécurisés ”, précise fièrement le PDG Stanislas de Rémur.
Alternative européenne. Avec 220 employés et un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros en 2012, la firme poursuit son objectif de doubler de taille tous les trois ans pour atteindre 50 millions d’euros en 2015. Près du quart de son chiffre d’affaires est réalisé à l’international, principalement sur le Vieux Continent, grâce à ses implantations dans six pays. “ Il ne s’agit pas d’aller nous battre aux Etats-Unis où nos nombreux concurrents sont hyperfinancés, affirme Stanislas de Rémur. Nous préférons être très forts en Europe, où nous représentons une alternative aux acteurs américains du cloud en proposant la sécurité, la proximité et l’adaptation aux exigences des marchés locaux. ”
Dalet : Son logiciel est le chouchou des télévisions
Le point commun entre la BBC, l’Equipe TV et l’ONU ? Ils font partie des 300 clients, chaînes de télévision, groupes radiophoniques et grandes organisations internationales qui utilisent la solution de Media Asset Management (MAM) de l’éditeur hexagonal Dalet. Ce dernier s’est imposé dès sa création, en 1990, sur le créneau innovant de la gestion numérique des contenus multimédias. Pour David Lasry, son fondateur, l’export a immédiatement été une obsession. “ La société s’est très vite développée à l’international, et c’est ce qui a fait son succès ”, affirme Raoul Cospen, le directeur marketing. Certaines années, Dalet réalise ainsi 98 % de son chiffre d’affaires à l’export.
Format universel. Le logiciel élaboré par Dalet sert à capter, documenter, monter, éditer puis diffuser des contenus, quel que soit leur format. Il aide aussi à la recherche de documents très précis, par exemple une séquence vidéo qui montrerait Barack Obama serrant la main de François Hollande entre telle et telle date.
Avec un effectif de 250 personnes, Dalet pointe au 37e rang des éditeurs français. Son chiffre d’affaires s’est élevé à 31,3 millions d’euros en 2011, et les revenus de 2012 s’annoncent en hausse de 14 % sur les trois premiers trimestres.