Gouvernance

Adopter un mode de pensée systémique pour devenir une entreprise bionique

Par La rédaction, publié le 07 juillet 2021

Google, Amazon, Facebook, ces start-up parties de rien ont aujourd’hui rejoint le sérail des entreprises les plus profitables au monde. Profitables et innovantes, à l’instar d’Apple qui a déjà produit douze générations d’iPhone depuis 2007. L’insolente performance de ces jeunes pousses nées avec la révolution numérique contraste avec les difficultés rencontrées par de grandes entreprises traditionnelles longtemps leaders incontestés sur leur marché et aux prises avec leur transformation digitale.

Par Antoine Gourévitch, directeur associé senior, BCG

Malgré des investissements massifs et d’ambitieux plan d’actions, pourquoi peinent-elles, trop souvent, à rattraper leur retard ? Cette question prend une acuité nouvelle au moment où la crise née de la pandémie de coronavirus accélère les usages et les modèles économiques du digital.

La solution à ce qui semble souvent une impasse réside dans un changement radical d’approche. Seule une pensée systémique capable d’intégrer et d’orchestrer tous les ingrédients du modèle digital peut transformer l’entreprise.

Les start-up ont grandi en adoptant cette approche globale, collaborative, transversale et transdisciplinaire, seule capable de résoudre des problèmes complexes. Inscrit dans leur ADN, ce mode de pensée systémique leur a permis d’associer étroitement d’une part les compétences technologiques et les compétences humaines, d’autre part la puissance des outils digitaux et la créativité. C’est dans cette organisation bionique que réside la grande trouvaille des pépites du digital. Les entreprises historiques, elles, ne disposent pas de ces gènes. Elles ont grandi et se sont imposées sur leur marché en s’appuyant sur un tout autre modèle, dans lequel l’humain est placé au centre et le management organisé en silo.

Condamnées à se transformer pour survivre, ces grandes organisations ont tendance à copier et à importer, un par un, ce qu’elles considèrent comme les leviers de la performance digitale.
Tour à tour, elles renouvellent leurs infrastructures informatiques, se dotent d’outils technologiques d’avantgarde, ou recrutent une équipe de data scientists pour développer l’intelligence artificielle. Cela n’est pas suffisant. Déployer ces initiatives séparément, c’est un peu comme mettre un nouveau moteur dans une voiture ancienne. On peut gagner en vitesse un moment, mais très vite, on risque la panne. Les éléments constituant l’organisation bionique doivent être considérés comme un tout, et articulés entre eux.

La transformation digitale induit un virage culturel radical. Au plus haut niveau du management, le leadership ne doit pas hésiter à renverser la table et repenser totalement son organisation pour assurer une complémentarité optimale entre les compétences technologiques et les compétences humaines.

Pour penser de façon systémique, il convient de lister tous les leviers de l’organisation bionique et de mettre en place les conditions de leur mise en œuvre. Parmi les plus connus, on trouve les méthodes agiles et les nouvelles technologies du cloud.
Mais comment implémenter ces outils de façon efficace ? Le déploiement de plateformes permet de casser les silos devenus des freins à l’heure de l’économie digitale. La modularisation des infrastructures informatiques fait gagner en agilité et en autonomie. La transformation agit jusqu’au modèle stratégique structuré autour de larges écosystèmes. Dans une entreprise bionique, le management change de mission pour devenir un facilitateur et un chef d’orchestre créant l’environnement nécessaire aux modes de travail nés du digital.

Les résultats attendus d’une transformation aussi complète qu’exigeante sont à la hauteur du défi. Nos dernières études montrent que les entreprises bioniques de notre index Digital Acceleration réussissent à doubler leur Ebitda et leur valorisation. Une grande compagnie d’assurance a vu le taux de satisfaction de ses clients atteindre 70 % tout en réduisant ses coûts de 5 %.

Mais pour faire la différence, il ne suffit pas de quelques initiatives digitales. Il faut penser global et conduire une transformation systémique.

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