Anticiper les usages permis par la 6G

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Anticiper les usages permis par la 6G

Par Xavier Biseul, publié le 01 novembre 2023

En montant très haut dans le spectre électromagnétique, le futur standard des communications mobiles affiche un débit théorique jusqu’à cent fois supérieur à celui de la 5G. Il devrait aussi ouvrir la voie à une connectivité permanente qui n’est pas sans poser des problèmes.

Chaque nouveau standard des réseaux mobiles a apporté son innovation de rupture. La 1G (1986) a permis de passer des appels téléphoniques, la 2G (1991) d’envoyer des SMS, la 3G (2004) de surfer sur le web et d’envoyer des MMS, la 4G (2011) a démocratisé l’internet mobile et le streaming audio et vidéo. Avec un débit multiplié par dix et un temps de latence réduit de moitié (en deçà de 10 ms), la 5G devait donner le top départ de l’Internet des objets (IoT) et des services déportés comme la télémaintenance ou la télémédecine.

Près de trois ans après son lancement commercial en France, la 5G n’a cependant pas encore tenu ses promesses. Il faudra attendre dans les prochains mois l’arrivée de la 5G dite standalone – un coeur de réseau 100 % 5G sans cohabitation avec la 4G – pour que la dernière norme en date livre toutes ses performances. Enfin ?

En attendant, la 6G est déjà dans les starting-blocks. Attendue à l’horizon 2030, la future norme des technologies mobiles devrait affoler les compteurs avec un débit théorique jusqu’à cent fois supérieur à celui de la 5G. Des performances dues à une montée dans le spectre électromagnétique. Alors que la 4G couvre principalement la tranche 700/800 MHz et que la « bande-coeur » de la 5G se situe entre 3,4 – 3,8 GHz, la 6G taquinera la zone du térahertz (THz), dans une bande vraisemblablement comprise entre 60 GHz et 30 THz.

Selon les propriétés du spectre électromagnétique, plus une fréquence est basse et plus le signal porte loin, ce qui en revanche fait baisser son débit. À l’inverse, les ondes dites millimétriques, en haut du spectre, offrent une couverture limitée mais des performances excellentes. En avril dernier, des chercheurs chinois auraient ainsi atteint un débit de téléchargement de 100 Gbit/s en utilisant la fréquence 1 THz.


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Alors que la 5G permet de tenir une session de visioconférence en situation de mobilité, la 6G offrira la téléprésence et plus généralement une connectivité permanente pour de nouvelles expériences immersives. Dans leurs différentes publications, les équipementiers se font lyriques. Huawei estime que la 6G nous fera entrer dans l’ère de « la connectivité extrême », à savoir celle des métavers, des jumeaux numériques, voire des communications holographiques…

Cette connectivité omniprésente réconciliera les mondes physique et virtuel en connectant une multitude de capteurs et en intégrant, nativement et à grande échelle, les technologies immersives – réalité virtuelle, augmentée et mixte – et d’intelligence artificielle. Cet « Internet of Everything » (IoE) constituera un environnement favorable au développement de la ville intelligente et de l’usine du futur, entre autres.

La 6G montera également dans l’espace pour embarquer dans des satellites en orbite basse et assurer le développement de réseaux non-terrestres (NTN, Non-Terrestrial Networks). Dès novembre 2020, la Chine faisait savoir qu’elle avait lancé un satellite expérimental 6G.

Pour Nokia, enfin, la 6G favorisera l’émergence de nouvelles interfaces homme-machine : « La saisie sur écran tactile sera progressivement remplacée par la commande gestuelle et vocale. Les appareils seront intégrés dans les vêtements et se transformeront même en patchs cutanés. »

Le champ des possibles est donc particulièrement grand, mais non exempt de défis, aussi bien environnementaux qu’énergétiques et sociétaux. Comme pour la 5G, la Chine, la Corée du Sud et les États-Unis semblent avoir déjà pris un train d’avance dans le développement de la 6G.
En France, le Gouvernement a lancé, le 10 juillet, le programme de recherche (PEPR) « Réseaux du Futur » copiloté par le CEA, le CNRS et l’Institut Mines Télécom (IMT). Doté d’un budget de 65 M€ dans le cadre du plan France 2030, il prévoit avec la plateforme « France 6G » de « renforcer la vitalité et la visibilité de l’écosystème industriel, académique et institutionnel français » autour de la future norme et de garantir la prise en compte des défis induits par la multiplication des usages.


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