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DSI, voici 7 disruptions numériques à surveiller

Par Laurent Delattre, publié le 22 novembre 2019

Selon Gartner, les DSI qui ont aujourd’hui un rôle de PMO et de DPO doivent surveiller de près sept nouvelles tendances technologiques jugées « disruptives ». Le futur de leur entreprise pourrait en dépendre…

Les DSI ont souvent acquis un rôle au moins consultatif si ce n’est de pilotage ou de supervision pour tous projets intégrant les technologies numériques. D’où l’importance pour eux de rester à la page et d’organiser une veille sur toutes les tendances numériques émergentes.

Lors de son dernier Gartner IT Symposium, ses analystes ont mis en lumière 7 tendances jugées « disruptives » donc à même de mettre en danger les Business de l’entreprise…

Les expériences émotionnelles

Il y a l’intelligence cognitive et l’intelligence émotionnelle. Le champ de la première est déjà bien investi par le Machine Learning, les réseaux de neurones et les multiples services cognitifs accessibles via le cloud comme la reconnaissance de la parole, des images, etc.
Le champ de la seconde est en revanche encore très mal compris et à peine défriché par quelques pionniers. La multiplication des capteurs biométriques, l’arrivée des premiers processeurs EPU (Emotion Processing Unit) chez Emoshape notamment, et les premiers services de détection d’émotions dans les images (Amazon Rekognition, Azure Cognitive Vision, Azure Content Moderator, Datakalab), dans la voix (Cognitive Matchbox, Natural Talk) ou dans les textes (Watson Tone Analyzer, GCP Natural Language API, Amazon Comprehend) permettent aujourd’hui au Gartner de prédire qu’une IA identifiant vos émotions du moment influencera plus de la moitié des publicités en ligne qui s’afficheront devant vos yeux. Gartner prédit que ces IA émotionnelles seront aussi employées pour les outils RH notamment lors des tests d’évaluation.
Les DSI sont donc invités à réfléchir dès aujourd’hui aux applications de l’IA émotionnel aussi bien en interne au niveau des collaborateurs que dans les expériences clients et interactions avec la clientèle. Le monde où les utilisateurs s’attendront par défaut à ce que le site Web, le service ou l’ordinateur sur lequel il est connecté s’adapte à son humeur n’est peut-être plus très loin.

Une AI éthique et de confiance

Les biais de l’IA, qui sont malheureusement bien souvent des biais issus de la sélection des données utilisées pour l’apprentissage, ont terni l’image de plusieurs expérimentations (une IA raciste pour la remise en liberté conditionnelle de détenus aux USA, une sélection de CV par une IA sexiste, les déboires du chatbot Taï, etc.). Avoir confiance en l’IA est un impératif pour l’avenir. De nombreux chercheurs planchent sur la détection automatique des biais ainsi que sur la visualisation et la traçabilité des processus IA au sein des réseaux de neurones.
Il faut aussi ajouter à cela les besoins de reconnaissance par l’IA de « fake news » et de trucages mais également les problématiques d’éthique d’une IA capable elle-même de générer de fausses images, de fausses vidéos ou de fausses informations…
Le Gartner anticipe la création dès 2023, au moins dans les pays du G7 et de l’UE, l’apparition d’organisme de régulation et de surveillance de l’IA. Les DSI sont invités à anticiper l’éventuelle apparition d’un RGUIA (Règlement général sur l’utilisation de l’IA) et d’encourager leurs entreprises à créer des comités d’éthique IA destinés à gouverner l’usage de l’IA dans tous les produits et processus de l’entreprise.

L’humain augmenté

Intelligence augmentée, humain augmenté… ces thèmes sont déjà dans l’ère du temps avec des chatbots pour automatiquement réaliser des actions, des robots logiciels pour soulager l’humain de toutes ses tâches répétitives et rébarbatives, des lunettes de réalité mixte (comme les Hololens 2) pour afficher des informations contextualisées et des hologrammes interactifs… Sans compter toutes ces expérimentation qui veulent se connecter directement au cerveau humain pour révolutionner les interactions homme/machine.
Pour Gartner, les DSI doivent anticiper l’arrivée de technologies « vitales » bien plus ancrées dans notre existence que les technologies actuelles encore trop attachées à notre style de vie.

Le stockage ADN

L’explosion de la volumétrie des données générées par l’humanité et ses technologies soulève un immense problème d’archivage à long terme. Il va falloir des technologies singulièrement différentes de celles actuelles pour relever le défi. Lors du dernier MS Ignite, Microsoft a dévoilé son projet Silica de stockage sur verre qui découle directement des recherches de l’université de Southampton sur son projet « 5D Disk ». Mais cette technique très prometteuse ne sera peut-être pas suffisamment dense et le Gartner prédit un plus grand avenir encore aux actuelles recherches sur le stockage ADN.
Quoi qu’il en soit, ces technologies d’archivage ultimes seront probablement coûteuses au départ et donc accessibles presque exclusivement par les grands clouds. Un sujet que tous les DSI chargés de préserver le patrimoine culturel et informationnel jusqu’à la fin des temps se doivent de surveiller.

Le biohacking

Toutes les études s’accordent à le dire, les principales révolutions des prochaines décennies proviendront du domaine de la santé. Diagnostics assistés par des IA et réalisés par des appareils que l’on portera sur soi, développements de médicaments par des IA, intelligence bioartificielle, nanotechnologies chirurgicales, prothèses bioniques, tout semble aujourd’hui crédible à défaut d’être immédiatement faisable. Et forcément, se pose le délicat problème de la sécurité… Ainsi s’annonce l’ère des « biohackers » qui viendront pirater nos prothèses bioniques ou diffuser des médicaments à effets secondaires retardés, imprévisibles et destructeurs.
Pour le Gartner, les DSI doivent anticiper dès maintenant ces nouveaux défis, se préparer à des technologies de protection radicalement différentes, et réfléchir aux impacts sur leurs processus de sécurité et de sûreté !

Le cloud distribué

Cloud hybride aux extensions multiclouds et Edge computing tracent la voie à un cloud de plus en plus réparti à même de délivrer une intelligence répartie à une multitude d’objets eux-mêmes intelligents. Des technologies comme Nutanix Cloud Enterprise avec Xi IoT et Xi Edge ou encore Microsoft Stack, Stack Edge et Arc, mais aussi des technologies comme Kubernetes ou Pivotal/Cloud Foundry permettent déjà de construire ce futur d’un cloud beaucoup plus distribué qu’il ne l’est aujourd’hui.
Pour Gartner, les DSI doivent déjà exiger de leurs fournisseurs des approches hybrides et ouvertes, embrasser les technologies de Containers et Kubernetes, adopter des outils de gouvernance multicloud, et réfléchir aux impacts de la 5G sur la connectivité des objets, du Edge et de leurs datacenters.

L’accès à l’espace

Un Elon Musk qui déploie des satellites par soixantaine d’un coup… Une fantastique multiplicité de startups investies dans les lancements à bas coûts, l’exploration spatiale et l’exploitation de la Lune… L’espace ne sera bientôt plus une frontière pour nombre d’entreprises. Envoyer un satellite en orbite ne coûterait déjà plus que 300 000 dollars selon le Gartner.
Les fournisseurs de connectivité doivent dès aujourd’hui plancher sur les multiples technologies et projets LEO (Low Earth Orbit) mais aussi sur les impacts qu’ils auront aussi bien sur les régulations de l’espace que sur les lois internationales.

Au final, toutes ces prévisions du Gartner invitent tous les DSI qui ont su reprendre le pouvoir sur la transformation numérique de leur entreprise à ne pas baisser la garde et à continuer de se projeter dans l’avenir pour anticiper toutes ces technologies aux impacts stratégiques multiples. Et du coup, à rêver un peu, ce qui ne fait jamais de mal…

 

Crédits photo : Shutterstock

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