Gouvernance

Frédéric Laluyaux : La réussite d’un Frenchy dans la Silicon Valley

Par La rédaction, publié le 09 octobre 2014

Aux commandes de la startup américaine Anaplan, spécialisée dans le pilotage stratégique des activités des entreprises, Frédéric Laluyaux est un leader né. Parcours réussi d’un french manager installé aux États-Unis.

Amsterdam, Genève, Stockholm, Paris, Toronto, Atlanta, San Francisco… Frédéric Laluyaux enchaîne les conférences. L’enjeu est de taille pour ce jeune PDG de 44 ans qui dégage le parfum de la réussite : faire connaître Anaplan, une startup basée au coeur de la Silicon Valley et qui pourrait bien perturber un marché dominé par les poids lourds que sont Oracle, SAP, IBM. « Nous commercialisons un outil de pilotage, de planification, simple et agréable d’utilisation, qui favorise la collaboration entre les gens dans l’entreprise sur des chiffres et du calcul », résume d’une voix posée Frédéric Laluyaux. Engagé en 1997 comme directeur général de la société anglaise ALG, il découvre à 27 ans le monde du logiciel et plus précisément la « business intelligence ». Un changement radical puisque 4 ans plus tôt, il avait créé l’entreprise Transcribe, spécialisée dans les télécommunications et le code-barre pour gérer les commandes d’articles. L’aventure Transcribe durera 4 ans et sera stoppée net avec l’arrivée d’Internet qui va simplifier les systèmes de commandes à distance.
Lorsque ALG lui demande de démarrer la filiale française, il saute sur l’occasion. Très vite, le carnet de commandes se remplit, une équipe d’une vingtaine de personnes se forme peu à peu. Le succès est tel que la filiale devient numéro un en Europe. Rien à voir avec la descente aux enfers que connaît la filiale américaine qui, pour ALG, est le centre opérationnel le plus important en termes de marché et d’effectifs. Décision est prise : Frédéric Laluyaux doit restructurer l’entité américaine. Départ donc pour Atlanta un beau matin de l’année 2002. « Je me suis marié juste la veille de partir. Nous avions cinq petites valises, aucun meuble, nous ne connaissions personne à Atlanta et sept mois après notre installation ma femme donnait prématurément le jour à nos jumelles », se souvient ému Frédéric.
Sa mission chez ALG fut pénible tant l’entreprise était en décrépitude. Licencier trois quarts du personnel, restructurer, chercher des clients, recruter… Une tâche mal vécue, mais nécessaire. Mission réussie puisqu’en trois ans, la croissance va doubler. Mais en 2006, ALG est rachetée par Business Objects. « J’étais furieux car ALG pouvait aller encore beaucoup plus loin ! On m’a toutefois convaincu de rester, d’autant que BO m’avait confié la responsabilité de l’acquisition et de l’intégration de la société Cartésis. Un beau challenge pour moi qui m’a permis d’apprendre un nouveau métier », raconte Frédéric Laluyaux qui entreprend des allers-retours incessants entre Atlanta, San Francisco et Paris. Deux ans plus tard, c’est au tour de BO de se faire racheter par SAP. Là encore, on confie à Frédéric Laluyaux la responsabilité de l’acquisition et de l’intégration de BO. Il reste aux États-Unis. Il patientera trois ans au cours desquels il sera viceprésident de la division de l’offre produits SAP, puis de celle de la Performance/Finance. Mais un jour, un chasseur de tête lui fait une offre qui le titille : « il s’agissait d’Anaplan, une startup basée dans la Silicon Valley et qui était en quelque sorte la continuité de ce que faisait ALG. Je regarde la démo du produit et, en 1 minute 30, je dis oui car c’était une façon pour moi de finaliser l’histoire que nous n’avions pu terminer à l’époque au bout de 9 ans ». Rapidement, il embarque femme et enfants à destination de San Francisco. Nommé à la présidence, Frédéric Laluyaux déploie toute son énergie pour faire décoller l’entreprise. De 20 collaborateurs, ils sont aujourd’hui 250, avec une présence dans une dizaine de pays. Avec une récente levée de fonds de 150 millions de dollars, le boss français sait qu’il peut aller très loin. Succès d’un frenchy dans la Silicon Valley ? « Oui, même si je reste très lucide, je suis fier d’être potentiellement en passe de réussir un gros pari technologique, mais je n’ai pas le sentiment d’avoir une appartenance à la communauté française de la Silicon Valley. J’ai toujours fait mon chemin seul et je m’intègre à diverses cultures. » Serein, Frédéric n’a qu’un regret : celui de ne pas être parti plus tôt s’installer aux États-Unis.
 
Martine Triquet-Guillaume

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