« Ça a la couleur de l’alcool, le goût de l’alcool… mais ce n’est pas de l’alcool ». Ce slogan publicitaire pourrait être désormais repris par Oracle pour son offre de cloud européen « Oracle EU Sovereign Cloud ». Explications.

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Oracle lance son cloud européen prétendu « souverain »

Par Thierry Derouet, publié le 20 juin 2023

« Ça a la couleur de l’alcool, le goût de l’alcool… mais ce n’est pas de l’alcool ». Ce slogan publicitaire pourrait être désormais repris par Oracle pour son offre de cloud européen « Oracle EU Sovereign Cloud ». Explications.

Oracle semble rester sourde à nos querelles européennes et locales pour répondre à une demande pressante du marché. Avec son offre de cloud annoncée comme « souveraine » et « européenne », Oracle entend proposer une solution destinée à répondre à l’ensemble des exigences européennes en matière de cloud souverain. Et pas moins ! Mais entre « souveraineté » et « confiance », il y a toutefois bien plus qu’une appréciation sémantique. Oracle ne fait, ni mieux, ni pire, que les autres hyperscalaires américains.

« Oracle EU Sovereign Cloud », c’est donc son nom, propose « plus de cent services disponibles dans le cloud public d’Oracle dédiés aux seuls 27 pays membres de l’UE » pour s’aligner — nous dit-on — sur les réglementations de contrôle de l’UE en citant NIS 2 comme les directives qui limitent les transferts de données hors de l’UE comme l’arrêt Schrems II.

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Entités juridiques et personnels européens

Les data centers d’Oracle EU Sovereign Cloud, situés à Francfort et à Madrid, sont localisés dans l’Union européenne et sont détenus et exploités par des entités juridiques européennes distinctes (bien qu’appartenant à Oracle ?).
Cette configuration vise à rassurer quant au Cloud Act, qui autorise les autorités américaines à exiger des entreprises américaines la fourniture de données stockées à l’étranger. De plus, afin de garantir qu’aucune pression ne puisse être exercée sur le personnel par les autorités américaines, les opérations telles que le support client sont limitées au personnel basé uniquement dans l’UE. En outre, chaque région européenne est présentée comme indépendante du cloud « commercial » d’Oracle.

Oracle propose une solution rassurante…

Pour garantir une répartition équilibrée des charges de travail, chaque région (Allemagne ou Espagne) est subdivisée en trois zones de défaillance. Ainsi, une panne ou une maintenance dans l’une des zones n’aura pas d’impact sur les instances des autres zones. En ce qui concerne le contrôle, OCI (Oracle Cloud Infrastructure) introduit deux nouveaux services de gestion des clés en partenariat avec le groupe Thales pour renforcer la sécurité des données. Le Service de Gestion des Clés Externes OCI permet aux clients de chiffrer leurs données en utilisant des clés qu’ils créent et gèrent en dehors d’OCI, ce qui leur garantit un contrôle total sur le stockage physique des clés en dehors du cloud.

… mais au même prix que ses autres offres

Pour Oracle, qu’elles soient souveraines ou non, il est hors de question de faire payer davantage ses clients. Ainsi, il est précisé que « Oracle EU Sovereign Cloud offre aux clients les services et les capacités des régions de cloud public d’Oracle Cloud Infrastructure (OCI) aux mêmes tarifs, avec le même support et les mêmes accords de niveau de service (SLA) pour exécuter toutes les charges de travail ».

Les clients d’Oracle peuvent également accéder à d’autres programmes clients tels que Oracle Support Rewards. En outre, Oracle Fusion Cloud Applications Suite, qui est actuellement disponible dans l’offre EU Restricted Access (EURA), devrait bientôt être disponible dans Oracle EU Sovereign Cloud.

Oracle propose un petit arrangement avec le cloud de confiance

Toutefois, « la souveraineté, c’est maîtriser les choses, c’est décider de son avenir, c’est ne pas être entre les mains des autres ». Cette définition du cloud souverain rappelé par Guillaume Poupard, tandis qu’il était encore directeur général de l’ANSSI, nous rappelle qu’Oracle, n’est clairement pas ici en train de proposer une offre souveraine (la souveraineté étant quoiqu’il advienne une prérogative d’Etat), voire de confiance selon l’acceptation du Cigref pour qui « contrôler vos dépendances, c’est contrôler votre destin ». Et ici, clairement, si vous êtes priés de respecter pour vos données la doctrine française dite du « cloud au centre » avec son hébergement certifié SecNumCloud, passez votre chemin !

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