Portrait de Anne-Delphine Beaulieu, directrice de la transformation digitale & IA et directrice RSE, LISI Group,

Gouvernance

Anne-Delphine Beaulieu (LISI Group) : « Transformer, c’est avant tout un état d’esprit »

Par François Jeanne, publié le 06 juin 2025

Dotée d’une curiosité intellectuelle insatiable, Anne-Delphine Beaulieu n’hésite pas à s’immerger dans les réalités opérationnelles pour mieux anticiper les ruptures technologiques et organisationnelles. Portrait d’une responsable IT qui incarne pleinement ce qu’elle considère comme essentiel pour transformer une entreprise : une volonté affirmée et une capacité rare à saisir les dynamiques du changement.


Portrait d’Anne-Delphine Beaulieu, directrice transformation digitale & IA et directrice RSE, LISI Group


De ses premières expériences professionnelles, Anne-Delphine aura retenu deux leçons : d’abord que la transformation des entreprises est affaire de volonté, ensuite que cette volonté doit être incarnée. Pour établir ce constat, elle aura été aux premières loges dans plusieurs groupes du CAC 40.
Au sortir des études, sa carrière décolle à la Compagnie Générale des Eaux. « J’ai d’abord eu un rôle d’adjointe à la DRH puis, avec l’arrivée de Jean-Marie Mercier et la transformation du groupe en Vivendi, je me suis retrouvée au milieu de plaques tectoniques qui bougeaient dans tous les sens. »

Repérée par le PDG, elle est de tous ses meetings, peut voir « ce grand fauve » de près et observer « une mécanique intellectuelle de dingue ».

L’entreprise finance son MBA à HEC Montréal, mais à son retour, la descente aux enfers de « JMM » a débuté et tous ses repères ont disparu. Elle rejoint alors Péchiney dans une mission de conseil interne pour des arbitrages entre BU. Elle va y voir à l’œuvre pendant près de cinq ans la fine fleur des dirigeants français : Jean-Dominique Senard, Philippe Varin, Philippe Darmayan, etc. Mais l’histoire se termine mal encore une fois, avec le rachat du français par Rio Tinto.

« À nouveau, je ne connaissais plus personne ». Anne-Delphine Beaulieu va alors changer d’univers et rejoindre LISI, un groupe industriel français de taille plus réduite. Elle y arrive par la finance et devient DAF. Elle aborde ce métier par le versant de la data, considérant dès 2012 la comptabilité comme une usine de production de données. « J’ai créé nos premiers CSP en France et en Amérique du Nord, les premières solutions d’automatisation de tâches, mis en place le e-invoicing dès 2012, etc. ».
Une certaine idée du changement qui lui permet d’être nommée par le CEO au poste en création de chief digital officer en 2018 et de rejoindre le Comex. Elle stimule l’arrivée et le déploiement de start-up sur des sujets aussi cruciaux que le problem solving, la gestion des compétences au poste, l’équilibre charge/ capacité, le PLM. « Désormais, c’est le sujet de l’IA qui est sur le dessus de la pile. »

Consciente de sa liberté d’action, elle bondit sur les opportunités stratégiques. Comme par exemple avec le sujet de la décarbonation, ce qui l’amène à prendre en charge la RSE groupe. « Il y a beaucoup d’opportunités stratégiques, grâce aux données et avec des gains immédiats. J’ai lancé la démarche 3P (People, Planet, Profit) avec trois axes : Be data ready, Be Storytelling ready, Be in action. »
Le changement, une dynamique permanente ?


Votre légitimité sur la transformation digitale ?

J’ai une approche holistique et systémique. Je crois en la triple accélération : digitale & IA, organisationnelle et durable. Et je suis à l’écoute du monde, comme lors de la soirée des Trophées d’IT for Business pour connaître encore plus d’experts !

La RSE, une contrainte ?

Pas du tout. La RSE est une urgence stratégique non négociable face aux régulateurs, aux parties prenantes et aux besoins réels de la société. C’est aussi une opportunité de repenser pour gagner en compétitivité, en résilience et en agilité. Il y a plein de fruits déjà mûrs à cueillir.

La transformation se termine quand ?

Jamais, le changement, c’est permanent. Il faut cultiver l’agilité organisationnelle et utiliser la technologie comme catalyseur.

Réindustrialiser la France, c’est possible ?

Oui, à condition de volonté incarnée, de gouvernance durable avec des objectifs clairs, stables et financés. Le tout en mettant en facteurs d’accélération l’innovation, la technologie et en libérant les forces transformatrices des individus.

Un livre qui vous a marqué récemment ?

L’essai Technopolitique de Asma Mhalla, pour sa compréhension des impacts de la technologie sur les individus et les jeux de pouvoirs.

Parcours de
Anne-Delphine Beaulieu

Depuis 2018 :
Directrice de la transformation digitale (depuis 2018) & directrice RSE (depuis 2022) pour LISI Group.
Membre du Comex.

2004 – 2017 :
Au sein de LISI Aerospace, successivement directeur du contrôle de gestion & consolidation, puis directeur administratif & financier France (2009) puis DAF de la division aerospace fasteners (2015).

2002 – 2004 :
Contrôleur financier de la business unit ‒ aerospace, transport, industry ‒, Rio Tinto

1999 – 2002 :
Senior audit manager chez Alcan Pechiney

1995 – 1998 :
Pour Vivendi, attachée de direction

1994 – 1995 :
Consultante, Deloitte
*–
FORMATION
Diplômée de Sciences Po Paris en business administration and management (1994). Titulaire d’un MBA (HEC Montréal, 1998), d’une licence en droit administratif et d’un DCG (comptabilité & gestion, CNAM, 2010). –*–
ENGAGEMENTS
Membre de FrenchWomenCIO depuis 2024
et de Women First depuis 2023.

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