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Yseulys Costes : À la recherche des matheux
Par La rédaction, publié le 22 mai 2016
Fondatrice de la société 1000mercis, spécialisée dans la publicité interactive sur le web, Yseulys Costes est à l’opposé du « French bashing ». Elle vit aux États-Unis, mais recrute les talents français issus des grandes écoles et universités, notamment en mathématiques.
Yseulys Costes aime les maths, adore les chercheurs français qu’elle recrute à tour de bras, et apprécie la recherche académique. Pourtant, elle vit à Palo Alto aux États-Unis, où elle a créé une filiale de 1000mercis, start-up spécialisée dans le marketing créée en 2000, désormais appelée Numberly, internationalisation oblige. « J’ai rencontré Internet aux États-Unis en 1995. Je faisais des études en France et je suis partie dans une fac où, quand je suis arrivée, on m’a donné ma carte d’étudiante, mais aussi un login et un e-mail. À Paris-Dauphine, on n’avait pas d’e-mail. Aux États-Unis, je me suis dit que la façon de faire du marketing allait tout changer. C’était le début de Yahoo. Envoyer un e-mail coûtait moins cher que passer un coup de fil ou envoyer un courrier postal », se souvient-elle. Du coup, elle souhaite entamer une thèse dans le domaine du marketing interactif. Las ! Son DESS obtenu à Paris-Dauphine ne l’autorise pas à faire un doctorat. Loin de se décourager, elle prépare un DEA. Passionnée par le marketing, elle crée la branche française de l’IAB (Interactive Advertising Bureau), qui à l’époque s’intéressait à la normalisation des bannières de pub apparaissant sur les sites Internet. Du basique, donc. « J’avais la chance d’avoir à la fois un pied dans le monde académique et un pied dans le monde de la vraie vie, l’IAB. Et en même temps, j’ai écrit des articles dans des revues scientifi ques et j’ai eu la chance d’être invitée aussi aux États-Unis comme « Visiting Researcher » à Harvard dans le premier laboratoire de marketing interactif, en 1999 », raconte Yseulys Costes. Toujours pendant sa thèse, elle a l’idée de créer 1000mercis afin de collecter des données et de s’en servir pour faire levier sur le marketing. Elle en parle à un étudiant rencontré en DEA, Th ibaut Munier – désormais son mari depuis 6 ans -, un vendredi soir, alors qu’il rentrait d’un voyage à Sydney où avait lieu une conférence scientifique. « Je n’avais jamais vraiment pensé à l’entreprenariat, ce n’était pas mon idéal de vie, pour mon associé non plus. Mais c’était l’époque de la bulle Internet, une période où pas mal de gens montaient des boîtes… », se souvient-elle. En octobre 2000, l’entreprise lève 5 millions de francs auprès d’un business angel. Pour accélérer à l’international, l’entreprise opère son introduction en bourse en février 2006. Il y a un an et demi, Yseulys Costes part aux États-Unis ouvrir une fi liale à Palo Alto, une agence ayant été ouverte à New York en 2012. « Avec trois enfants (14 ans, 4 ans et 3 ans), ce n’était pas évident. Pour mes petites filles, qui ne parlaient pas anglais, c’était diffi cile. Mais apprendre aux petits à s’adapter, c’est important », affirme-t-elle, toujours optimiste. Quand on monte une entreprise, recruter les bons talents est impératif. Et sur ce point, Yseulys Costes a des idées bien précises. « Une partie du système éducatif français est basé sur les maths. Nous avons une culture qui fait que les étudiants français sont bons en maths. Dans mon métier, c’est un excellent avantage ». Dès lors, pas étonnant que la R&D de Numberly reste en France. Mais évidemment, la start-up cherche à attirer des chercheurs français aux États-Unis. Yseulys Costes choisit scrupuleusement ses futurs collaborateurs pour qu’ils viennent travailler aux États- Unis. « La Silicon Valley est attirante. Travailler chez nous à Palo Alto permet aux matheux français d’être à la fois dans une boîte française et dans un endroit mythique et très dynamique. Nous avons besoin de garder nos talents français. L’intérêt pour eux est aussi une structure p lus petite, avec des circuits plus courts. Et notre groupe a une culture française aux États-Unis ». Mais Yseulis Costes pourrait bien revenir en France, ne serait-ce que pour soutenir sa thèse. « Je ne l’ai jamais soutenue à l’époque, j’étais trop occupée. Je suis en suspension pour création d’emploi depuis 15 ans ! Mon associé non plus ne l’a pas soutenue… Peut-être que je la soutiendrai, mais les technologies ont tellement évolué depuis… », admet-elle.
YSEULYS COSTES :
• 1995 Études MBA aux États-Unis • 1998 Cofondatrice de l’IAB France • 2000 Création de 1000mercis • 2006 Introduction en bourse de 1000mercis • 2012 Ouverture d’un bureau à New York • 2014 Installation à Palo Alto
