Data / IA
L’IA au sein de la SNCF : c’est sur les rails !
Par Thierry Derouet, publié le 17 juin 2024
Pour la SNCF, l’IA n’est pas un nouveau sujet : maintenance prédictive des trains, mesure dynamique des émissions de CO2, traduction temps réel en 130 langues pour fluidifier les interactions humaines, traitement numérique des images pour gérer les flux passagers dans les gares… Et l’IA générative, c’est la suite d’une histoire où la SNCF entend maitriser et contrôler une (r)évolution qui doit circuler à très grande échelle.
Pour Julien Nicolas, Directeur Numérique Groupe de la SNCF (et Président de 574 Invest), l’utilisation de l’IA n’a pas d’autres objectifs que de répondre à une question simple : « comment être plus performant ». Et ce dans trois domaines où désormais l’IA concerne tous les personnels de la SNCF : la production de documents, l’accès à l’information des 70 000 référentiels techniques et réglementaires et les cas d’usages métiers — qui ici comme ailleurs — restent en grande partie à définir.
Mais au sein de la SNCF, l’IA n’a pas attendu l’entrée en gare de ChatGPT, pour être au cœur d’une « entreprise industrielle qui produit des services », comme l’a rappelé le PDG, Jean-Pierre Farandou, en février dernier, à l’occasion de la présentation de sa feuille de route numérique et de ses 13 chantiers destinés notamment à assurer la sécurité comme la régularité des trains.
Généralisation de la maintenance prédictive
Si Jean-Pierre Farandou considère que « le numérique est au cœur de (sa) stratégie », c’est avant tout pour améliorer la qualité de service avec la généralisation de la maintenance prédictive. Pour lui « dans environ une dizaine d’années, la SNCF prévoit qu’il n’y aura plus de panne grâce à l’utilisation de capteurs pour détecter les vibrations, les variations thermiques et autres phénomènes physiques, qui seront ensuite analysés par l’intelligence artificielle pour anticiper les pannes et les défaillances des équipements ».
Avec l’apprentissage automatique, la SNCF serait ainsi en mesure de prédire qu’une augmentation de température sur une pièce spécifique signifie qu’une panne pourrait survenir dans 15 jours. Selon Jean-Pierre Farandou la SNCF pourrait ainsi « intervenir avant que la panne ne se produise, augmentant ainsi considérablement la fiabilité de (leurs) matériels roulants ».
Lors de cette présentation, il avait également été question d’IA générative, laquelle va également marquer au sein de la SNCF un tournant. Rappelons que chaque année 2 milliards d’euros sont investis dans le numérique et que 4 500 collaborateurs sont aux manettes pour activer le numérique. La SNCF continue d’ailleurs de recruter aussi bien des « lead tech » que des « architectes » pour accompagner cette feuille de route autant ambitieuse que passionnante.
Le numérique est donc pour la SNCF un sujet sous contrôle. Ici pas question d’en externaliser la maitrise. Julien Nicolas reconnait l’aide précieuse de l’IA générative au quotidien apportée à ses développeurs lors de la production comme la correction de code. Et du besoin de se tenir à jour en testant les différents outils accessibles depuis plusieurs plateformes, AWS, Azure, leur cloud privé hébergé chez Equinix, et ce avec différents modèles (OpenAI comme Mistral). Sans exclure de les déployer sur des serveurs internes dotés de cartes A100 dédiées.
Éviter la moindre hallucination
L’enjeu pour Julien Nicolas est d’abord et avant tout un enjeu métier. Pour lui « faire du RAG (Retrieval Augmented Generation ) » n’a rien d’exceptionnel quand il s’agit de mettre à dispositions les 70.000 référentiels techniques et juridiques auquel doivent se référer les personnels des Technicentres, de SNCF réseau, des directions centrales ou d’être en appui des RH ou du juridique. Pour l’heure « la complexité c’est d’éviter toute hallucination du modèle » et si, à une question posée, il n’y a pas de réponse disponible dans le corpus documentaire, il est impensable de générer la moindre réponse fantaisiste. « Cela prend du temps à régler » reconnait-il car à une réponse donnée il faut y associer l’élément source. Mais à comparer avec « la simple recherche par mot clé, cela permet d’aller tellement plus vite ».
Une gouvernance partagée entre toutes les entités
Julien Nicolas indique qu’un comité entre les différentes entités du groupe permet de partager les bonnes pratiques et d’évaluer l’ensemble des solutions. L’enjeu à relever est d’arriver à identifier, évaluer et déployer à l’échelle des cas d’usage concernant aussi bien la relation client, l’évaluation de la reprise de service en cas d’incident, les anomalies éventuelles sur les pièces…
Enfin pour contrer la « Shadow AI », voici plusieurs mois qu’une partie des personnels dispose de l’outil SNCF Groupe GPT, un outil interne d’IA générative pour analyser et générer du texte et des images afin de permettre aux collaborateurs de poser des questions génériques ou spécifiques liées à leurs métiers en utilisant des bases de données internes sécurisées.
L’entreprise Groupe SNCF
Activités : Geodis, Keolis, SNCF Réseau, SNCF Gares & Connexions, Rail Logistics Europe, le fret SNCF et SNCF VoyageursEffectif : 270.000 environ dont 4500 affectés à l'ITCA (2024): 41,8 milliards d'eurosBudget IT (2025): environ 2 milliards d'euros
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