IBM Power11 : une nouvelle ère de haute disponibilité pour l'univers Power d'IBM

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IBM Power11 : une nouvelle génération de serveurs pour l’ère de l’IA

Par Laurent Delattre, publié le 10 juillet 2025

Après les mainframes Z et LinuxOne, IBM lance aussi une nouvelle génération de serveurs “Power”, des machines hautes performances pour workloads critiques combinant de nouveaux processeurs Power11 (à architecture IBM Power) et des accélérateurs IA “Spyre”.

Une fois n’est pas coutume, IBM a fait de l’année 2025, l’an du renouvellement de ses gammes matérielles. Jusqu’ici plutôt habitué à échelonner dans le temps le lancement de ses serveurs et mainframes, le fournisseur d’infrastructure a cette année plutôt opté pour un regroupement des lancements pour mieux accompagner la modernisation des clients à l’ère de l’invasion de l’IA. Après le lancement des mainframes Z17 et LinuxOne Emperor 5, IBM renouvelle d’un coup toute sa gamme de serveurs d’entreprises Power avec une génération Power11 qui hérite de bien des qualités des nouveaux mainframes. Ce lancement intervient dans une période stratégique pour le géant américain, qui entend conforter sa place sur le marché très concurrentiel des serveurs haut de gamme en misant sur la continuité technologique, l’innovation orientée IA, et une robustesse à toute épreuve.

Un processeur Power11 dans la continuité du Power10

Les machines « Power11 » sont évidemment dotées de processeurs Power de 11ème génération qui succèdent directement au Power10, introduit en 2020, avec des améliorations substantielles en matière de performance énergétique et de gestion des ressources. En termes de performances brutes en revanche, le Power11 n’est que marginalement supérieur au Power10 (de l’ordre de 10% ou moins), IBM préférant d’ailleurs en la matière comparer ses nouveaux serveurs aux modèles Power9 bien plus anciens. La firme annonce des cœurs jusqu’à 55 % plus performants que ceux du Power9.

Les puces Power11 embarquent jusqu’à 30 cœurs par socket avec une gestion simultanée de 8 threads par cœur, portant le total à 240 threads par socket.

Dit autrement, Power11 n’insuffle pas de transformations profondes. Comme les Power10, les nouveaux processeurs restent d’ailleurs gravés en technologie 7 nm. Mais un nouveau packaging « 2,5D + ICS » permet à IBM d’intégrer plus de cœurs et d’augmenter la fréquence de fonctionnement tout en soignant la dissipation thermique et la consommation énergétique.

Dans le détail, IBM décline son processeur en multiples versions : en versions 10, 12 ou 16 cœurs sur les machines haut de gamme et en versions 16, 24 ou 30 cœurs sur les milieux de gamme, et en versions 4, 10, 16, 24 et 30 cœurs sur les entrées de gamme. La fréquence des processeurs varie de 2,8 à 3,4 GHz avec des modes « Boost » entre 3,95 GHz et 4,2 GHz selon le nombre de cœurs du processeur.

Apparemment, tous les Power11 supportent le mode SMT8 (qui autorise 8 threads simultanés par cœur), mais ce mode ne semble activé par défaut que sur les serveurs haut de gamme (en l’occurrence le Power E1180, cf. plus loin).

Des machines pensées pour l’ère de l’IA

Sans surprise, le marketing d’IBM met en avant les capacités de ses nouvelles machines à animer les workloads de l’IA. Ici, l’accent est surtout mis sur les inférences plus que les apprentissages. Les processeurs Power11 sont dotés de la même unité MMA d’accélération des calculs matriciels que le Power10. Ce n’est pas un NPU à part entière mais cela s’en approche. En pratique, chaque cœur Power11 embarque en réalité 4 unités MMA. IBM ne donne pas de mesures de performance en TOPS de ces MMA. Mais met en avant le fait que les TOPS ne sont qu’une partie de l’histoire et que les traitements IA bénéficient surtout de l’impressionnante bande passante mémoire des Power11 : 1200 Go/sec !
On sait aussi que ces accélérations sont prises en compte en standard par la plateforme RedHat OpenShift AI.

Toutefois, IBM met surtout en avant l’arrivée sur ces machines de la même carte accélératrice PCIe « Spyre » que celle qui booste déjà les performances d’inférence de ses Z17 et LinuxOne 5. Gravée en 5 nm, elle embarque 32 cœurs d’accélération spécialisés et 25,6 milliards de transistors, le tout sur une carte PCIe dotée de 1 To de mémoire dédiée. Chaque carte Spyre affiche une performance 300 TOPS.
Si on associe un serveur Power11 à un tiroir « Spyre » doté de 8 cartes Spyre, la performance en inférence INT8 atteint les 2400 TOPS.

Un héritage mainframe évident

IBM capitalise sur son savoir-faire historique en matière de mainframes avec les serveurs Power11, affichant un taux de disponibilité exceptionnel de 99,9999 %, soit moins de 32 secondes d’indisponibilité par an.  
Avec les serveurs basés sur processeurs Power11, les clients peuvent s’attendre à zéro temps d’arrêt planifié pour la maintenance système grâce à de nouvelles technologies telles que l’application automatique de correctifs (autonomous patching) et le déplacement automatisé des charges de travail avec Live Partition Mobility. En outre, IBM intègre dans ses Power11 une technologie de cœurs de réserve (déjà vue sur Mainframe) qui permet de maintenir le fonctionnement des serveurs même en cas de défaillance d’un cœur CPU, grâce à des cœurs « en attente » activés automatiquement.

IBM renforce également la sécurité avec des capacités cryptographiques post-quantiques conformes aux standards du NIST, comme sur ses mainframes, et surtout l’intégration en standard de la solution IBM Power Cyber Vault, capable de détecter et de réagir aux menaces ransomware en quelques secondes seulement. IBM Power Cyber Vault est une solution unifiée qui combine serveurs Power11, stockage FlashSystem et DS8000, logiciels avancés et services d’experts, afin d’assurer une protection complète : identification des vulnérabilités, sauvegardes immuables et isolées, détection en temps réel des menaces, automatisation de la réponse et restauration rapide des systèmes sains. Cette architecture vise à réduire le temps d’arrêt et à limiter l’impact d’une attaque, tout en garantissant la conformité réglementaire et la continuité d’activité. IBM positionne ainsi Power Cyber Vault comme un moteur stratégique de résilience, capable d’isoler, tester et restaurer les environnements critiques avant que les conséquences financières ne deviennent irréversibles.

IBM joue l’effet de gamme

Signe des temps, IBM a dévoilé d’un coup toute sa gamme de serveurs Power11 au lieu d’échelonner les annonces comme à son habitude. La gamme comporte 4 machines physiques et une déclinaison virtuelle sur son Cloud.

Power E1180

Tout en haut de la gamme trône l’IBM. L’IBM Power E1180 est un serveur rack complet conçu pour les charges de travail les plus volumineuses et complexes. Il intègre jusqu’à 256 cœurs Power11 et 64 To de mémoire DDR5 dans sa version la plus évoluant combinant 4 nœuds quadri-socket.
Ce serveur offre une disponibilité continue, une cyber-résilience avancée et une accélération IA de niveau entreprise. Sa scalabilité permet de rationaliser les opérations et de gérer sereinement l’augmentation des volumes de données.
Il est compatible AIX, Red Hat Linux et IBM i.

Power E1150

L’IBM Power E1150 est un serveur 4U quadri socket milieu de gamme, conçu pour les charges de travail intensives en mémoire et en données, adapté aux moyennes entreprises comme aux plus grandes organisations mondiales. Compatible AIX et Linux, il propose  jusqu’à 120 cœurs Power11 (en combinant 4 puces de 30 cœurs) et 16 To de mémoire DDR5 pour supporter plusieurs charges critiques dans des environnements cloud hybrides. Selon IBM, son design compact permet de réduire les coûts, simplifier les opérations et faire évoluer les charges de travail sans sur-dimensionnement – idéal pour moderniser l’infrastructure tout en optimisant le ROI et l’agilité.

Power S1124

L’IBM Power S1124 est un serveur 4U bi-socket conçu pour les entreprises et centres de données régionaux nécessitant une forte puissance de calcul, de la mémoire et une flexibilité cloud hybride. Compatible AIX, IBM i et Linux, il intègre jusqu’à 60 cœurs Power11 et 8 To de mémoire DDR5 pour supporter diverses charges de travail critiques. Ce serveur assure une continuité d’activité solide, une évolutivité transparente, une efficacité opérationnelle et une gestion moderne des charges de travail, sans complexifier l’infrastructure IT.

Power S1122

Entrée de gamme de la famille Power11, l’IBM Power S1122 est un serveur rack 2U dense et bi-socket, conçu pour les PME, les sites distants et les environnements où l’espace est limité. Compatible AIX, IBM i et Linux, il intègre jusqu’à 60 cœurs Power11 et 4 To de mémoire DDR5.

Ce serveur privilégie l’efficacité économique, la flexibilité cloud hybride et une gestion simplifiée. Il permet aux organisations d’exécuter des charges mixtes, d’évoluer facilement et de moderniser leur infrastructure sans refonte complexe de leurs applications critiques.

Disposant de 20 cœurs de plus que l’ancien S1022 il offre 37% de rPerf par watt en plus et 6,9x de performance par dollar.

IBM Power Virtual Server

Et la puissance des Power11 est déjà disponible dans le cloud IBM via des instances « Power Virtual Server ». Ces dernières permettent aux entreprises d’exécuter des charges de travail AIX, IBM i et Linux dans le cloud sans refondre leurs applications – idéal pour les stratégies et architectures cloud hybrides. Cette solution s’adresse aux entreprises souhaitant moderniser leur infrastructure, améliorer leur efficacité opérationnelle et étendre leurs environnements Power on-premise vers le cloud avec une facturation à l’usage.
Surtout, ces « Power11 Virtual Servers » sont d’ores et déjà certifiés SAP RISE.

Avec cette nouvelle offre Power11, IBM confirme un peu plus sa stratégie visant principalement son parc installé historique en visant la clientèle actuelle des serveurs Power notamment formée de nombreux anciens clients IBM AS/400 (grâce au support avancé d’IBM i). Si l’entreprise continue d’attirer quelques nouveaux clients, elle privilégie une approche visant à équiper ses utilisateurs existants et accompagner leur modernisation à l’ère de l’IA grâce au support de Red Hat OpenShift AI mais aussi de l’écosystème watsonx. En intégrant l’accélérateur Spyre, IBM transforme les Power11 en plateformes capables d’exécuter localement des modèles génératifs, de faire du fine-tuning et de déployer des microservices IA dans des environnements hybrides.  Une adoption de l’IA qui accompagne également les besoins de cloud hybride et de résilience opérationnelle d’une clientèle qui évolue essentiellement dans les secteurs critiques de la finance, de la santé et des services publics.



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