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Souveraineté numérique : comprendre les dynamiques à l’œuvre
Par La rédaction, publié le 16 décembre 2025
Entre ransomwares, tensions diplomatiques et cloud mondialisé, l’Europe ne veut plus “faire confiance” : elle veut garder la main. La souveraineté devient une check-list technique où localisation des données, contrôle des accès et résilience passent au premier plan.
De Casper Klynge, Vice-président en charge des partenariats gouvernementaux et des affaires publiques pour la région Europe chez Zscaler
Nous assistons à un bouleversement majeur dans la manière dont les décideurs européens pensent la technologie et l’indépendance numérique.
Les préoccupations concernant la souveraineté numérique sont réelles et fondées. L’incertitude géopolitique actuelle a un impact concret sur les débats portant sur l’autonomie et l’indépendance technologique. Il est important de comprendre qu’il ne s’agit pas d’inquiétudes abstraites.
Dans un monde de plus en plus incertain, les dirigeants européens sont confrontés à des questions légitimes concernant la dépendance et la protection des données, ainsi que la capacité à contrôler leur infrastructure technologique. Les entreprises du secteur du numérique doivent reconnaître et comprendre les enjeux réels, et faire preuve de réflexion et de responsabilité afin de répondre aux besoins des acteurs publics et privés européens.
En fin de compte, ce sont les entreprises IT qui devront s’adapter à l’Europe, et non pas l’inverse. Pour que cela soit possible, il faut un consensus sur ce que cela signifie concrètement.
La souveraineté numérique en pratique
S’il existe un consensus sur l’importance de la souveraineté numérique, sa mise en œuvre opérationnelle est bien moins claire. De manière générale, la souveraineté doit englober des éléments clés comme la protection des données, la continuité d’activité, la cyber résilience et la capacité des organisations à garder le contrôle sur leur infrastructure critique, quels que soient les risques extérieurs.
Les données européennes doivent être privées, sécurisées et localisées. À mesure que les organisations adoptent des services cloud globaux, elles craignent de perdre le contrôle de leurs informations sensibles au profit d’acteurs extérieurs ou de groupes de hackers. La souveraineté des données consiste à garantir la protection des données, à respecter les réglementations nationales et à instaurer la confiance dans les opérations critiques. Par ailleurs des facteurs variés tels que les cyberattaques, les catastrophes naturelles, les dommages faits aux câbles sous-marins ou encore l’instabilité politique peuvent compromettre les systèmes et les données critiques. La résilience opérationnelle permet aux entreprises de rester fonctionnelles et sécurisées lors de tels événements, en assurant stabilité et continuité même dans des circonstances imprévues.
L’enjeu est désormais de concevoir et de déployer des solutions qui garantissent une souveraineté et une maîtrise authentiques aux utilisateurs. Cela implique de développer des dispositifs qui offrent aux organisations européennes la protection dont elles ont besoin, tout en préservant l’innovation et l’efficacité nécessaires pour rester compétitives à l’échelle mondiale.
Grâce à une approche basée sur la sécurité Zero Trust, les organisations pourraient bénéficier d’un traitement et d’un stockage des données précis dans l’ensemble de leur environnement numérique, avec la transparence et le contrôle sur tous les flux de données qu’elles exigent. Cette démarche implique également une réflexion stratégique sur les choix technologiques et les partenariats à privilégier, éléments cruciaux pour établir et maintenir une souveraineté numérique effective.
Rappelons que le Zero Trust est une approche qui, contrairement aux VPNs et autres pare-feux, consiste à ne jamais accorder d’accès par défaut et à connecter chaque utilisateur, appareil ou application directement à la ressource dont il a besoin, uniquement après vérification continue de son identité et de son contexte.
Du concept à l’action
Au cours des douze prochains mois, la souveraineté numérique va passer du niveau conceptuel au niveau opérationnel. Les entreprises capables de traduire ces aspirations en solutions technologiques concrètes se doteront de relais de croissance significatifs.
Il est également permis d’anticiper que les entreprises commenceront à revêtir leurs offres technologiques d’une terminologie et d’une communication inspirées par la souveraineté numérique. À l’image de l’essor des produits et services estampillés « IA » il y a quelques années, le qualificatif « souverain » s’imposera dans le paysage technologique avec une intensité croissante. Il incombera dès lors aux clients de distinguer ce qui relève d’une réelle valeur ajoutée et d’un engagement profond.
L’importance de la nuance
Il est crucial de se prémunir contre une approche qui traiterait de manière indifférenciée toutes les entreprises technologiques non-européennes, aboutissant à leur exclusion de facto du marché européen.
Les éditeurs de logiciels qui rendent concrète la souveraineté de l’Europe, au-delà des simples déclarations d’intention, doivent pouvoir poursuivre leur contribution. Ce qui est clair, c’est que la fenêtre d’opportunité pour démontrer cet engagement se referme rapidement. Le passage du discours sur la souveraineté numérique à sa mise en œuvre effective s’accélère à un rythme que beaucoup peinent encore à saisir.
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