Anne-Cécile Bouscary : Une vie jouée comme une pièce de théâtre

D’ingénieur à « Ingénieuse », Anne-Cécile Bouscary a su faire preuve de maîtrise, de ténacité et d’intuition pour devenir administratrice d’un théâtre, revenir à l’informatique comme directrice de projets et transformer l’essai au poste de responsable RH.

 

Le parcours d’Anne-Cécile Bouscary est pour le moins atypique. À 17 ans, son objectif est de travailler à l’international. Ses résultats scolaires lui ouvrent les portes des filières scientifiques. Elle opte pour le métier d’ingénieur et l’ISEN (Institut supérieur d’électronique et du numérique) de Lille. « Avec le recul, je pense avoir fait le bon choix. Ces études ne m’ont pas enfermée », commente Anne- Cécile Bouscary. Une fois son diplôme d’ingénieur et son Master of Sciences in digital electronics du King’s College de Londres en poche, elle maintient son cap à l’international. En 1990, elle est embauchée comme chef de projet informatique chez Chargeurs Textiles, groupe industriel et de services d’implantation mondiale.

 

Premier passage réussi : elle s’impose comme le relais naturel entre les utilisateurs et les équipes techniques en interne et travaille avec l’Angleterre, l’Italie, l’Espagne et l’Australie. En 1999, la vie personnelle d’Anne-Cécile Bouscary est comblée pour la troisième fois dans son rôle de mère. Elle prend alors un congé parental de trois ans et s’inscrit à des cours de théâtre en amateur. Au fil des années, un projet de résidence artistique sur la commune d’agglomération de la Porte du Hainaut (59) se dessine et le metteur en scène du théâtre souhaite l’y intégrer en tant qu’administratrice. En 2002, le poste est créé. « À cette époque, je me posais beaucoup de questions professionnelles. Je n’envisageais pas de reprendre chez Chargeurs. J’ai osé avoir envie de changer », raconte-t-elle. Cinq années durant, elle découvre un métier et participe à la mise en place d’ateliers de théâtre destinés à redonner confiance à des femmes en situation de grande précarité. En 2007, le contrat de résidence artistique n’est pas renouvelé. Anne-Cécile Bouscary, qui a bénéficié d’un CDI, ne souhaite pas évoluer vers une situation précaire d’intermittente. Elle veut être en mesure d’assurer des études supérieures à ses enfants au moment opportun. Ayant anticipé le non-renouvellement du contrat, elle se fixe deux axes de recherche : le contrôle de gestion et la direction de projet.

 

« J’ai mis neuf mois pour passer du théâtre à l’informatique et j’ai été embauchée grâce à mon diplôme de l’ISEN et parce que le directeur souhaitait recruter une femme pour gérer les tensions du moment, explique-t-elle. Je ne passais pas les grilles d’analyse des moteurs de recherche. J’y suis allée au culot et j’ai fait du porte-à-porte auprès des sociétés qui recrutaient. Il a suffi d’une personne pour tout changer. » Les portes de l’Ircem, caisse de retraite et de prévoyance des services à la personne, s’ouvrent. Le contexte est tendu, mais elle relève le défi , le système de prévoyance étant similaire à celui de la paie de la résidence artistique. En 2009, elle souhaite changer et elle intègre la SSII Access IT comme directrice de projet. Deux ans plus tard, l’envie d’évoluer se fait de nouveau sentir. Le porte-à-porte n’est plus nécessaire.

 

Anne-Cécile Bouscary passe des entretiens chez Sopra et Atos. Elle s’offre même le luxe de choisir son recruteur. « Lors de mon entretien, Ary Spriet, le directeur de l’époque, m’a demandé comment je voyais mon évolution chez Sopra. Cela a fait la différence. Et j’ai accepté le poste de directrice de projet Thales et Essilor », poursuit Anne-Cécile Bouscary. Neuf mois après son arrivée, Ary Spriet lui propose le poste de responsable des ressources humaines : « À mon tour, j’ose miser sur des personnes. Je les aide à franchir le pas en leur posant les bonnes questions. Je grandis aussi en les accompagnant », confie la responsable RH des 950 personnes de la division Nord-Est chez Sopra. Sa fonction l’amène à gérer le cycle de révision des salaires. Et c’est avec une attention particulière qu’Anne-Cécile Bouscary veille au respect de l’égalité femmes-hommes. Une initiative qui lui a valu d’être lauréate « Ingénieuse » de l’édition 2014 de la Conférence des écoles françaises d’ingénieurs.