DSI et sobriété numérique : combiner Green IT et IT for Green

Green IT

DSI en mode sobriété numérique

Par La rédaction, publié le 15 mars 2024

En 2024, le jour du dépassement de la Terre sera le 25 juillet. L’année dernière c’était le 2 août. Une semaine. Évidemment, pas dans le bon sens. Nous consommons beaucoup de ressources, trop, parce que notre système est ainsi fait et que tout nous pousse à consommer, mais aussi parce que nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre.


Parole de (Green) DSI / Par Thomas Chejfec, Directeur des systèmes d’information 


Nous sommes lancés à pleine vitesse vers un monde à la Mad Max, où la Terre est devenue folle de nos excès. La sensibilisation du monde entier est extrêmement difficile, sachant que les efforts produits par une génération sur la diminution de son empreinte carbone n’auront des effets que sur la suivante, et encore, lorsque la première ne sera plus de ce monde. De fait, fournir des efforts sans pouvoir en profiter directement n’est clairement pas la priorité de tous.

Dans ce contexte, néanmoins, nous devons nous lancer, non pour une efficacité immédiate mais bien, déjà, pour mettre en place un état d’esprit collectif et générationnel. Des chantiers symboliques pour la plupart, certes vertueux en termes de numérique responsable, mais totalement insignifiants comparés à la consommation de tout ce qui n’est pas lié au numérique.

Il y a trois ans, j’ai croisé le chemin de Clarisse, jeune femme de 23 ans, fraîchement sortie d’école de management. Ce jour-là, elle m’a fait prendre conscience que même si nos actions sur le numérique responsable étaient anodines à mes yeux, elles représentaient pourtant une obligation… pour sensibiliser l’ensemble des salariés. Si minime soit cet impact, impact il y a, et la somme des petites initiatives finira un jour par faire basculer la société tout entière : c’est peut-être incantatoire, utopique, mais néanmoins, en tant que DSI, nous nous devons, pour nous, nos enfants et notre espèce, de nous lancer dans une forme de sobriété numérique.

Le cadre étant posé, comment faire ? Comment mettre un plan de sobriété numérique en place ? Comme pour tout problème, un état des lieux est nécessaire. Mesurer sa consommation, identifier toutes les pistes, dont les deux principales sont la consommation des datacenters (en électricité, mais aussi en matériel) ainsi que la fabrication des terminaux (PC et téléphone).

Le gros du bilan carbone ne réside pas dans la consommation que l’on fait sur son poste de travail, mais bien lors de sa conception et de son transport : à peu de choses près, 75 % du bilan carbone de la vie de votre PC est déjà consommé quand vous le recevez. Donc, le gros de la solution est à trouver sur cette partie-là et non sur la réduction de son utilisation, qui va rester mineure dans la démarche éco-responsable, même si elle fait partie de ces « petites initiatives » qu’il ne faut pas négliger. Plein de recettes sont à trouver dans ce domaine : certains de mes homologues se lancent dans l’achat de matériel reconditionné. C’est louable, mais avec des services numériques de plus en plus gourmands en ressources, le recyclage montre ses limites.

La solution serait peut-être d’exploiter une autre piste, à savoir la sobriété numérique dans le développement. Quand, dans les années 1980/1990, on développait avec des langages de bas niveau (en assembleur, par exemple), je me souviens que les développeurs mettaient une énergie folle à optimiser leur code, parce que le matériel était limité en capacité et en puissance. Aujourd’hui, les couches logicielles s’empilent, les couches réseaux aussi, et « développer comme un cochon » ne pose pas trop de problème : la puissance des machines vient compenser la médiocrité du développement. Alors, ne pourrait-on pas se lancer dans la sobriété numérique en changeant nos modes de développement ?

L’un des autres axes qui me semble intéressant à creuser – il en existe plein d’autres, bien sûr – est surtout d’utiliser l’IT pour des projets qui, dans leur résultante, apporteront de la sobriété numérique. « Green IT », c’est comment rendre nos systèmes d’information moins consommateurs ; « IT for Green », c’est comment mettre en œuvre des projets où l’utilisation du numérique réduira l’empreinte carbone, potentiellement de l’ensemble de nos métiers, de façon drastique.

Le compteur Linky, par exemple, trouve à mes yeux sa place sur le podium des projets « IT for Green » : analyse de la consommation en temps réel, ajustement fin des besoins énergétiques, détection des pics de consommation, etc. Il existe des tonnes de projets comme celui-ci, où le numérique peut aider à réduire l’empreinte carbone.

En conclusion, si nous, en tant que DSI, n’avons pas le pouvoir de révolutionner le monde, nous avons néanmoins un rôle à jouer, même minime, pour poser les bases d’un futur plus vert. Et même si l’impact de nos actions peut sembler dérisoire à l’échelle globale, c’est la somme de ces petites actions qui, collectivement, fera la différence. C’est notre responsabilité, non seulement envers nous-mêmes, mais aussi envers les générations futures, de prendre part à ce mouvement vers une sobriété numérique, aussi incertain et difficile que le chemin puisse paraître.


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