Gouvernance
Groupe V33 repeint sa logistique aux couleurs de l’omnicanalité
Par Stéphane Moracchini, publié le 26 juin 2024
Le fabricant de peintures et de produits pour bois s’est doté avec Reflex d’un nouveau logiciel de gestion d’entrepôt. Destiné à faciliter le développement de son activité e-commerce, il lui a aussi permis de gagner en productivité.
Frédéric Dubois, le responsable logistique du fabricant de peintures et de produits pour bois Groupe V33 le confie volontiers :« Auparavant, quand la direction commerciale nous présentait un nouveau cahier des charges, nous étions toujours inquiets de savoir dans quelle mesure nous allions pouvoir répondre et dans quel délai ».
De fait, assurée via un WMS en place depuis une quinzaine d’années, la gestion des stocks et des commandes reposait à 80 % sur des développements spécifiques, ce qui rendait compliquées les évolutions, voire les limitait.
En 2019, quand l’industriel se fixe comme objectif de développer son activité e-commerce, il devient même impossible d’adapter ses flux logistiques pour intégrer ce nouveau canal de distribution, le conduisant à se mettre en quête d’une nouvelle solution, tandis que la décision est également prise de se doter de SAP pour la partie administration des ventes.
Après avoir soumis un cahier des charges à trois fournisseurs, Groupe V33 retient finalement Reflex, le logiciel de gestion d’entrepôt d’Hardis Group. « Il répondait à 98 % à nos besoins en termes de flux, indique Frédéric Dubois. De plus, sa roadmap sur cinq à sept ans correspondait bien, aussi, à la direction que nous souhaitions nous-mêmes prendre », précise-t-il.
Le groupe dispose de trois marques grand public (V33, Libéron et Hypnotik) et deux destinées aux professionnels (Cecil Professionnel et Plastor), soit près de 15 000 références distribuées dans une trentaine de pays via les enseignes de bricolage et autres distributeurs, ou directement aux artisans et particuliers. Le réseau logistique s’appuie sur cinq entrepôts : deux en France, les autres en Pologne, en Grande-Bretagne et en Italie. Dans ce dernier pays, où la plateforme logistique est celle d’un prestataire, un WMS répondant au besoin était déjà en place et l’est resté.
Grâce au déploiement du WMS Reflex, l’industriel jurassien a harmonisé ses processus logistiques entre ses cinq entrepôts en Europe.
Combiner standards et respect des réglementations locales
Pour déployer Reflex, une analyse fonctionnelle a d’abord été menée afin de créer un « core model » qui harmonise les processus de distribution omnicanale entre les différents entrepôts et facilite, ensuite, la mise en place du WMS. « Pour ne pas retomber dans les mêmes travers qu’avec la solution précédente, nous nous sommes efforcés de rester sur les processus standard de Reflex, quitte à revoir ce que nous avions envisagé, explique le responsable. À chaque fois, c’était d’ailleurs un défi pour analyser ce que nous perdrions à opter pour un processus standards plutôt que pour la solution optimale que nous avions imaginée », souligne notre interlocuteur.
Il a néanmoins aussi fallu tenir compte des spécificités des différents entrepôts, comme celles liées à la législation en vigueur dans chaque pays concerné. L’analyse fonctionnelle a donc été réalisée en écoutant et en associant les différentes plateformes logistiques. « Impliquer leurs responsables d’entrepôt, d’exploitation et chefs d’équipe était indispensable pour valider la direction prise. Depuis le siège social, on ne sait pas tout », remarque Frédéric Dubois.
Le déploiement s’est lui effectué en trois temps, en commençant par les deux entrepôts situés en France, en 2021. Ils gèrent environ 600 commandes et 20 000 lignes par jour. Ils approvisionnent les trois autres dépôts et livrent, entre autres, les clients français, suisses, belges, espagnols, portugais ainsi qu’une partie des Italiens. La filiale polonaise a suivi en 2022. Elle gère 1 200 références et 100 commandes par jour, livrant la Pologne, la Roumanie, la Lituanie, la Croatie et la Hongrie. Quant à l’entrepôt anglais, qui gère 600 références et traite 30 commandes par jour sur la Grande- Bretagne et l’Irlande, il a basculé en 2023.
Prendre du temps pour la formation
Pour accompagner ce déploiement, une équipe d’utilisateurs clés, créée pour l’occasion, s’est chargée de la formation du personnel des entrepôts français. Frédéric Dubois, en tant que chef de projet métier, s’occupera ultérieurement de la Pologne et de l’Angleterre. « Nous avons décidé de prendre notre temps pour la formation, indique ce dernier. L’objectif était d’avoir dès le lancement de la solution un niveau d’efficience de 80 %, donc très élevé, plutôt que redescendre à 30 % et devoir remonter progressivement. Il nous aura ainsi fallu moins de huit jours pour retrouver la même productivité avec le WMS qu’avec l’ancien système », se souvient-il.
Outre sa connexion à SAP pour les processus de réception de produits et de commandes, le WMS est couplé à un module assurant la gestion des matières dangereuses, proposé également par Hardis Group. Environ 30 % du volume de commandes traitées est, en effet, soumis à différentes réglementations qui les régissent strictement. Reflex est également connecté à Exlabel, la solution de gestion des étiquettes et des documents de transport de l’éditeur TDI Group.
Frédéric Dubois
Responsable logistique de Groupe V33
« Il nous aura fallu moins de huit jours pour retrouver la même productivité avec le WMS qu’avec notre ancien système. »
Des sites e-commerce pour le grand public
Grâce à l’adoption du WMS, les marques grand public disposent désormais chacune d’un véritable site e-commerce, proposant notamment l’ensemble de leurs références produits, et informant sur l’état des stocks.
Côté entrepôts, la préparation des commandes provenant de ces canaux de distribution, où les produits sont vendus à l’unité et en petites quantités, a gagné en performance avec la possibilité d’effectuer de la multi-préparation, ce que ne permettait pas le précédent système. « Un préparateur est désormais capable de traiter jusqu’à 16 commandes internet en même temps », précise le responsable logistique.
La performance s’est aussi améliorée pour les commandes en gros volumes, chacune pouvant aujourd’hui être répartie sur plusieurs opérateurs. Une préparation de plusieurs tonnes de produits qui aurait pris auparavant deux jours peut dorénavant être réalisée en quatre heures.
Pour les opérateurs, la migration vers Reflex est aussi synonyme d’une plus grande facilité d’utilisation, le système AS/400 et son interface à l’ancienne s’étant vu remplacés par des terminaux tactiles, en phase avec les usages des jeunes générations. En harmonisant et standardisant ses processus logistiques, l’intégration des nouveaux collaborateurs s’est aussi simplifiée, leur permettant d’être efficients en 48h, contre 15 jours auparavant. « Le WMS nous a apporté des gains significatifs en termes de productivité, mais également de la souplesse, indique Frédéric Dubois. Nous avons ainsi gagné en réactivité, en capacité à accompagner le développement de la stratégie commerciale », conclut-il.
Le projet en chiffres
5 plateformes logistiques en Europe
15 000 références produits
20 000 lignes de commande par jour pour les entrepôts français
L’entreprise Groupe V33
Activité : Fabrication de peintures et de produits pour boisEffectif : 600 collaborateursCA : NC
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