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La pause-café : les pour et les contre

Par La rédaction, publié le 12 novembre 2012

Les bienfaits des échanges informels autour d’une tasse chaude sont indéniables et se voient même prolonger en version 2.0.

Selon une étude réalisée en 2010 par le site d’emploi Monster, 77 % des salariés considèrent la pause-café du matin comme un moment essentiel dans la vie de l’entreprise. Les employeurs, eux, sont beaucoup moins emballés, même si certains en reconnaissent l’intérêt.

Le ROI des pauses-café !

Je suis réellement convaincue par l’intérêt des pauses-café (si elles ne sont pas trop nombreuses et trop longues ; soyons raisonnables tout de même), mais les bénéfices sont difficilement quantifiables ! Suis-je un mauvais employé si j’en prends trop ? Inversement, si je ne fais jamais de pause-café, comment cela doit-il être interprété ?

Le temps passé à cette pause n’est certes pas du temps passé à travailler concrètement, mais ce moment convivial, informel et souvent spontané peut déboucher sur de belles réussites et créer un climat de confiance et de sérénité au sein de l’entreprise. Qu’on y parle de sujets personnels ou professionnels. Ce qui nous renvoie d’ailleurs plus largement au fait de bannir ou non les contenus « non professionnels » au bureau. Pour comprendre par l’exemple ce que ce type d’échanges apportent à une entreprise, lisez le très juste article de Jacob Morgan et, plus particulièrement, la fin.

« Améliorer » les pauses-café ? En tirer un meilleur profit ? C’est ce que propose l’application CoffeePoke. Les échanges ne sont plus éphémères, ni cloisonnés, ni vite perdus ou oubliés. CoffeePoke propose de prolonger les discussions en créant la pause-café 2.0 sur une interface simple et conviviale, à la Twitter. En outre, elle permet de faire participer à distance ou d’informer ceux et celles qui ne sont pas présents physiquement.

Par contre, cette application ne remplacera jamais le côté inattendu d’une rencontre (sans oublier la spontanéité d’un échange) : le fait de poker quelqu’un pour aller prendre une pause-café, c’est bien, mais cela limite l’ouverture. On a tendance à solliciter les personnes que l’on connaît alors même que l’un des intérêts des pauses-café est d’échanger avec des personnes avec qui l’on ne travaille pas. Bien sûr, l’un n’empêche pas l’autre. On peut se donner rendez-vous devant la machine à café et y retrouver des personnes qu’on n’a pas invitées, et avec lesquelles on peut trouver des synergies.

Les arguments pour (plutôt du côté des employés)

Les arguments pour les pauses-café ((mais rien ne vous empêche de boire un thé ou un chocolat chaud)) sont assez nombreux :

– tisser de bonnes relations au bureau, dynamiser l’entreprise, faire connaissance avec ses collaborateurs (c’est un moyen comme un autre de s’insérer et de comprendre la culture d’entreprise) ;

– limiter, voire apaiser les tensions (c’est ce que disent les trois quart des personnes interrogées dans le cadre d’une étude réalisée en 2009 par LH2 et Market Vision pour Nespresso) ; attention, l’inverse est aussi possible (comme on le dit plus bas) ;

– transmettre plus rapidement des informations, gérer les urgences… quelques fois, c’est plus simple qu’envoyer un e-mail ;

– être au courant de certaines informations qu’on n’aurait pas vu passer autrement ; c’est souvent le cas lorsqu’on est mobile ou qu’on travaille à distance. De retour au bureau, les pauses-café permettent de faire le point ;

– rompre l’isolement (nous sommes tous, d’une certaine façon, isolés devant notre écran d’ordinateur) ;

– résoudre des difficultés ou faire naître des idées qui n’auraient jamais germé au cours d’une réunion classique ;

– recharger les batteries avant de repartir dans une autre session de travail intensif.

Sans oublier toutes les vertus de la boisson elle-même (le café). Selon une étude de la London School of Hygiene & Tropical Medicine (2010), la caféine améliore la mémoire des travailleurs ainsi que leur concentration et leurs capacités intellectuelles. Ce que confirme une étude de l’université de New York réalisée en janvier 2010. Celle-ci recommande aussi de faire une pause-café après une activité intensive. La pause du matin, vers 10 heures, est-elle donc nécessaire ? Il paraît préférable de la faire plutôt vers 11 heures…

Les arguments contre (plutôt du côté des employeurs)

Lorsque l’on dit pause-café, nombreux sont les employeurs à penser temps perdu, perte de productivité et donc d’argent. Selon une étude britannique d’Online Opinion, un employé consacre en moyenne 188 jours et 21 heures aux pauses-café dans sa carrière professionnelle. Ce qui représente environ 24 minutes par jour. La perte de productivité annuelle a été évaluée à 490 euros par salarié, ce qui peut vite représenter une somme conséquente pour les chefs d’entreprise. On comprend donc la crainte des ces derniers. Précisons, pour l’anecdote, que ce coût est cinq fois plus élevé que celui d’une pause cigarette !

Sans compter que ces pauses peuvent aussi être sources de tensions et de conflits. On parle des potins de l’entreprise, on échange des informations… Tout peut se dire devant la machine à café : c’est un moment de confidences. Des groupes se forment, des salariés ont plus d’affinités avec d’autres… et donc des « clans » peuvent se créer. Mais rien ne dit qu’ils ne se seraient pas créés de toutes manières.

Des effets de bord négatifs existent bel et bien, mais, de mon point de vue, les bénéfices surpassent les inconvénients. Bref, je vote pour les échanges informels autour d’une tasse chaude.

Emilie Ogez

Emilie Ogez

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