La mise en oeuvre de DevOps est-elle devenue si complexe que le concept en a perdu de vue ses objectifs ?

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La pratique DevOps a-t-elle réellement rempli ses objectifs?

Par La rédaction, publié le 11 janvier 2024

L’approche DevOps est-elle toujours aussi pertinente ? En pratique, la prolifération d’outils, de services et de compétences nécessaires perturbent les bases même du concept, sa mise en œuvre et au final sa capacité à remplir les objectifs. Il faut revenir à plus de simplicité… et de communication.


Par Guillaume Moigneu, VP Product & Growth chez Platform.sh


Dans le monde de l’informatique, le développement et les opérations ont souvent été considérés comme deux mondes bien distincts. Pourtant, quand la stratégie “DevOps” est née, l’idée était simple et cohérente : améliorer la communication et la collaboration, tout en augmentant la productivité ; accélérer les déploiements, et améliorer la qualité du produit, en réduisant le risque d’erreurs humaines. 

Métaphoriquement, cela reviendrait à conceptualiser les DevOps sous la forme d’une équipe de football, où les développeurs agissent en tant qu’attaquants, et les équipes opérationnelles comme des défenseurs, et doivent collaborer ensemble, de manière transparente, pour remporter des victoires. 

Mais ce qui semble prometteur en théorie est souvent difficile à mettre en œuvre au quotidien. La réalité de la mise en œuvre de cette pratique soulève des questions : fonctionne-t-elle réellement, répond-elle au besoin initial d’un développement plus rapide et d’une maintenance plus facile ?

Des problèmes liés à la complexité grandissante de la pratique

Malgré ses bonnes intentions, la stratégie DevOps est devenue une pratique complexe en raison de la prolifération des outils et des compétences spécialisées nécessaires. C’est comme si dans une équipe de football chaque joueur utilisait des équipements différents et suivait des règles légèrement variées. La cohésion s’en trouverait alors forcément perturbée. Et aujourd’hui, à mesure que le DevOps a gagné en popularité, il a également gagné en complexité. 

Il existe désormais une multitude d’outils : de la gestion des conteneurs à l’orchestration, en passant par les processus d’intégration continus et les outils de monitoring. En parallèle, au lieu d’encourager une culture de collaboration, cette pratique a entraîné l’émergence de rôles très spécialisés, comme les ingénieurs DevOps, qui sont davantage des experts en outillage qu’en collaboration. Une autre problématique de ce concept est qu’il n’y n’existe aujourd’hui aucune “best practice” universellement adoptée, ce qui peut conduire à des confusions et des complexités inutiles au sein des équipes.


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Du fait de cette forte spécialisation, il est désormais de plus en plus difficile de recruter des profils expérimentés, du fait de leur rareté sur le marché, et le quotidien des équipes est en réalité éloigné des objectifs fixés. En effet, elles consacrent davantage de temps à la maintenance des outils qu’à l’optimisation et la fluidification des processus… Si la création d’une équipe DevOps fait tout son sens dans des entreprises technologiques dont c’est le cœur de métier, il est souvent illusoire pour les autres d’investir et de mener à bien ces changements majeurs en interne.

Une évolution nécessaire pour plus d’accessibilité et de pertinence

La pratique DevOps doit donc évoluer vers plus de simplicité et d’accessibilité pour vraiment atteindre les objectifs pour lesquels elle a été créée. Pour gagner des matchs, une équipe de football doit parfois revenir aux fondamentaux plutôt que de se perdre dans des stratégies trop compliquées. Pour que le DevOps soit plus qu’un simple mot à la mode, et vienne véritablement faciliter le travail des équipes, plusieurs points doivent se transformer. 

Revenir à l’essentiel est l’un des premiers impératifs. Au-delà d’adopter les outils dernier cri, il est nécessaire de redonner la priorité à la communication, à la collaboration et à l’automatisation, qui étaient initialement les piliers du DevOps. Ensuite, la standardisation des pratiques émerge comme un deuxième levier majeur d’amélioration. L’adoption d’un ensemble commun de “bests practices” contribuerait à réduire la complexité et rendre la méthode DevOps plus accessible, favorisant une meilleure interopérabilité des profils. Enfin, l’importance de la formation et de l’éducation ne doit pas être sous-estimée. Pour briser les silos, il est crucial que les membres des équipes de développement et opérationnelles acquièrent une compréhension complète des tâches et des défis de chacun.

La promesse de simplicité des géants du marché tels que AWS ou Azure est en réalité bien différente au quotidien. Bien que l’attrait pour ces solutions demeure fort, il devient de plus en plus évident que le taux de réussite des projets de migration sur ces infrastructures est en réalité assez limité. Les entreprises finissent par se tourner vers des solutions amenant un niveau d’abstraction plus élevé, permettant une intégration simplifiée pour les équipes, dont la priorité est de délivrer leurs applications. Ainsi, la question se pose : fait-il sens pour une organisation de développer la pratique DevOps en interne ou une externalisation s’avérerait-elle plus bénéfique… ?


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