DOSSIERS

Le recrutement sous surveillance en 2009

Par La rédaction, publié le 16 décembre 2008

Après la situation de plein emploi de cet été, la crise bouleverse la donne. Certaines SSII gèlent leurs embauches et les recrutements devraient se poursuivre à un rythme moins soutenu.

“ On navigue à vue. Je n’avais pas vu ça depuis 2002. ” Consultant au département IT-Conseil du cabinet de recrutement Hudson, Stéphane Moreau donne le ton. Avant les grandes vacances, le marché de l’emploi était à un de ses plus hauts niveaux. La crise est passée par là, et l’attentisme prévaut depuis la rentrée. “ Le temps semble s’être arrêté, poursuit Virginie Groussard, responsable de l’activité IT pour le cabinet Robert Walters. Certaines DSI attendront les deux dernières semaines de décembre pour dessiner la tendance 2009. ” A l’inverse, d’autres directions se dépêchent de pourvoir les postes ouverts par crainte de ne pas avoir de tickets l’année prochaine. Même coup de froid chez les grands fournisseurs. SAP et Dell ont décrété un gel des embauches quand Atos Origin évoque un recrutement sélectif.

Redevables auprès de leurs actionnaires, les sociétés cotées sont toutefois à mettre à part selon Stéphane Moreau : “ A l’image d’IBM, elles ont une capacité à ouvrir ou geler les recrutements en anticipant les tendances du marché. ”

Pas de fermeture violente des robinets

La majorité des SSII devraient, elles, continuer à recruter. Selon Syntec Informatique, le secteur créera des emplois en 2009 même s’ils seront moins nombreux qu’en 2008. L’année devrait se terminer avec un solde de 15 000 à 20 000 créations nettes. Les sociétés de services interrogées se montrent également optimistes. S’il convient de rester prudent sur la concrétisation de ces prévisionnels qui servent avant tout “ à rassurer le marché, Stéphane Moreau ne croit pas à une fermeture violente des robinets comme en 2002. Cette politique du stop and go avait coûté très cher aux SSII quand elles ont dû reconstituer leurs équipes en sortie de crise. ”

La frilosité est aussi de mise chez les salariés candidats au changement. Virginie Groussard reçoit davantage de CV qu’avant, mais les candidats poussent rarement leur démarche jusqu’au bout du processus de recrutement. “ Ils semblent tester le marché. C’est peut-être aussi un moyen de négocier en interne. ” Effet collatéral de la crise, les DSI des entreprises changent les règles du jeu. “ Elles se sentent plus fortes pour proposer des rémunérations inférieures, parfois jusqu’à 20 % par rapport aux SSII, observe Stéphane Moreau. En contrepartie de cette baisse de salaire, par ailleurs compensée par l’intéressement et la participation, elles offrent de meilleures perspectives de carrière ”.

La crise profite aux profils déjà favorisés

Alors, qui tire son épingle du jeu ? “ La crise profite aux profils déjà favorisés, tranche Stéphane Moreau. A savoir les trois à cinq ans d’expérience et, dans la fourchette haute, les dix à quinze ans d’expérience ”. Dindons de la farce en 2002-2003, les jeunes diplômés devraient aussi s’en tirer. “ Les entreprises vont continuer à investir sur les jeunes diplômés et les former. Le coût de recrutement est moindre et c’est un investissement sur l’avenir ”, note Virginie Groussard. Perspective peu réjouissante pour les seniors, qui peuvent malgré tout espérer en raison du nouveau dispositif gouvernemental.

En ce qui concerne les métiers perméables aux affres de la crise, Virginie Groussard cite les incontournables développeurs en nouvelles technologies (Java, Java EE et .Net), mais également les chefs de projet PGI, les architectes, les experts fonctionnels en finance (responsable SI-finance, administrateur Magnitude-Hyperion), les responsables de domaines (RH, chaîne logistique…) et les gestionnaires de contrats d’infogérance en DSI.

Les postes 2008 ne seront pas tous pourvus

SSII et éditeurs termineront l’année sans avoir réalisé entièrement leurs plans de recrutement. La faute, selon Syntec Informatique, à la pénurie de compétences.

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