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[LeWeb12] Paris/Londres/Moscou : les grandes capitales se battent pour être la prochaine Silicon Valley

Par La rédaction, publié le 06 décembre 2012

Fleur Pellerin est venue défendre le dossier de Paris face à ses consœurs russe et anglaise. Toutes n’ont qu’un objectif : faire de leur capitale la prochaine Silicon Valley.

C’était pour évoquer l’écosystème européen des start up du numérique qu’étaient réunies cette semaine, sur la scène de LeWeb Paris 2012, trois responsables européennes du développement du numérique. La Russe Katia Gaika, directrice du cluster IT de la fondation Skolkovo, faisait face à Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Economie numérique, ainsi qu’à Joanna Shields, responsable de l’initiative Tech City de Londres. Toutes trois n’ont qu’un objectif en tête : faire de leur capitale le berceau de la prochaine Silicon Valley. Car plus que jamais, l’écosystème californien fait rêver tous les politiques de la planète. Mais comment parvenir à recréer un tel environnement dans une ville européenne ? Comment atteindre une masse critique de start up du numérique pour générer un tel écosystème ? Telle est l’équation que toutes trois cherchent aujourd’hui à résoudre.

Les trois rivales sur la scène de LeWeb Paris 2012.

Première à ouvrir le feu, Katia Gaika, venue défendre le projet Skolkovo, un gigantesque incubateur de start up dont le projet a été lancé par le gouvernement russe voici maintenant deux ans : « L’idée, c’est de répliquer le modèle de la Silicon Valley à Moscou. 4 milliards de dollars sont alloués à cette initiative, dont le tiers pour financer des projets. » Faisant valoir que la Russie dispose de revenus importants issus du pétrole, mais également de talents dans le domaine des mathématiques et de la physique, la Russe a défendu une approche russe où l’action de l’Etat est particulièrement forte. « Nous voulons faire revenir ceux qui ont quitté le pays pour qu’ils créent des start up en Russie, et nous avons plutôt réussi dans ce sens. En deux ans, nous avons attiré 700 start up qui travaillent aujourd’hui sous notre parapluie. » Face à elle, Fleur Pellerin a défendu le dossier France, ou plutôt son projet de quartier numérique à Paris : « Nous avons plus de 2 000 start up à Paris, mais elles sont placées un peu partout dans la ville et ne peuvent pleinement tirer parti de leur proximité tout comme dans la Silicon Valley ou à Londres où la concentration des start up est très forte », a-t-elle affirmé.

Fleur Pellerin veut densifier les 2 000 start up parisiennes dans un quartier numérique.

Une volonté de centralisation sur Paris qui a soulevé une remarque sarcastique de sa rivale russe : « La Silicon Valley a cette composante magique qu’est la météo, une composante que vous avez aussi à Sophia Antipolis. Météo fantastique, proximité avec Paris, Sophia Antipolis n’est pas aussi connue que la Silicon Valley, que s’est-il passé ? » Un échec que Fleur Pellerin explique par une masse critique non atteinte, l’éloignement de Sophia Antipolis. Si elle a souligné les initiatives régionales et la météo maussade de Rennes, la ministre préfère défendre la place de Paris et le projet de quartier numérique dans lequel elle s’est personnellement investie : « On a bien compris que nos PME n’innovent pas assez. Notre mission consiste à fournir le meilleur environnement possible, leur fournir des solutions pour qu’elles innovent plus, pour qu’elles puissent faire des innovations de rupture. » Si Fleur Pellerin s’est bien gardée d’évoquer le volet social, souvent avancé par les entrepreneurs comme le frein numéro 1 à leur développement, elle a évoqué des changements législatifs, fiscaux, réglementaires et des aides, mais aussi la création d’un quartier numérique dans Paris. 

Sûre du succès de Londres, Joanna Shields dirige le projet Tech City.

Joanna Shields, qui vient de prendre la tête du projet Tech City de Londres, a fait valoir son passé de créatrice d’entreprise et l’attractivité de Londres pour les entrepreneurs. Lancée voici deux ans, l’initiative a notamment porté sur l’octroi de visas aux entrepreneurs étrangers (le fameux tapis rouge de David Cameron), la mise en place d’aide à la création d’entreprise. Elle s’est notamment félicitée de l’ouverture du Google Campus à Londres, sept étages de start up en plein Londres… « Aujourd’hui, nous en avons 1 300 dans ce cluster londonien qui constitue ce noyau, même si nous avons des start up numérique dans tout le reste du pays. » Dans le Startup Genome, qui classe la Silicon Valley comme lieu le plus accueillant au monde pour les start up, Londres pointe en septième place, donc la première ville européenne du classement, loin devant Paris, onzième et Moscou, quatorzième.

« Beaucoup de travail a déjà été fait pour créer cet environnement de start up, encourager ces business et leur donner ce dont elles ont besoin, a ajouté Joanna Shields. Ce travail a été réalisé grâce aux discussions que nous avons eues avec les entrepreneurs, du feedback des entreprises et notre objectif est maintenant de devenir le cluster en plus forte croissance dans le monde. »

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