

Data / IA
L’IA dessine une nouvelle fracture sociale
Par Xavier Biseul, publié le 27 janvier 2025
Alors que les outils d’IA générative constituent un levier de productivité indéniable, une étude pointe d’importantes inégalités de genre ou d’âge dans leur appropriation et l’accès aux formations. L’IA est elle en train d’engendrer une nouvelle fracture sociale ?
Perçu comme un outil au service de la productivité, à même de les décharger des tâches répétitives et chronophages, l’IA est plutôt bien accueillie par les salariés français.
Selon une étude du cabinet de recrutement Robert Half, 43 % des professionnels jugent positif son impact, considérant que l’IA permet de solliciter davantage leurs compétences. 40 % des professionnels pensent que cette automatisation n’affectera pas leur travail. Seuls 17 % craignent que leur emploi devienne obsolète.
Si l’adoption est encore timide – seuls 9 % des salariés déclarent utiliser des modèles d’IA « tous les jours » – l’appropriation de ces nouvelles technologies devient aussi un enjeu clé d’employabilité. Entre opportunités professionnelles et craintes pour l’emploi, la maîtrise de ces outils devient incontournable.
D’après la même étude, une majorité (53 %) des salariés se disent prêts à suivre une formation pour évoluer vers de nouvelles tâches si leur travail devenait partiellement automatisé ou que leur employeur leur demandait de changer de rôle et d’acquérir d’autres compétences. À défaut, 17 % changeraient d’employeur.
Or, face à l’IA, les collaborateurs ne sont pas placés sur un pied d’égalité. Selon une autre étude, menée cette fois par Randstad, l’IA creuse même les inégalités au travail. En interrogant 12 000 professionnels dans le monde, l’entreprise de travail temporaire a tout d’abord constaté une inégalité de genre.
En France, 24 % des femmes déclarent que leur employeur leur a donné accès à l’IA contre près 40 % pour les hommes. Notre pays est celui où l’écart est le plus significatif.
Au niveau mondial, 71 % des talents mentionnant des compétences en IA dans leur profil professionnel sont des hommes contre 29 % de femmes. La différence est particulièrement criante dans le développement logiciel (64 points d’écart) et le traitement des données (62 points) et moindre dans le domaine de l’IA générative (38 points). L’accès à la formation est aussi inégalitaire. 38 % des hommes se voient proposer des formations en IA, contre 33 % des femmes.
La discrimination est aussi générationnelle. Plus on est vieux et plus l’accès à l’IA se fait rare. Moins d’un quart (23 %) des baby-boomers ont l’opportunité d’utiliser l’IA au travail, contre 31 % de la génération X, 45 % des Millennials et 47 % de la génération Z. Non seulement les jeunes actifs adoptent l’IA à un rythme plus soutenu, mais ils peuvent aussi capitaliser dessus en termes de mobilité professionnelle.
Ce jeunisme se retrouve dans l’accès à la formation à l’IA. 45 % des travailleurs de la génération Z bénéficient de parcours de formation (63 % se forment même en dehors du travail), contre 22 % des baby-boomers. En France, seuls 20 % de ces sexagénaires estiment que leur employeur leur fournit les compétences nécessaires pour utiliser l’IA au travail.
Enfin, les salariés en situation de handicap sont dans une position ambivalente. Comme l’IA permet de gagner en accessibilité, ils sont davantage enclins à demander à leur employeur d’investir dans cette technologie. Mais ils ne semblent pas toujours entendus. Seuls 36 % estiment que leur employeur a pris les mesures nécessaires à l’adaptation de leur environnement de travail face à leur handicap.
Plus généralement, près d’un tiers des salariés en situation de handicap déclarent qu’ils quitteraient leur poste si leur employeur ne proposait pas de formations en IA, contre environ un cinquième des employés « valides ». Leur niveau d’adoption est, de fait, nettement plus élevé. Ils sont 27 % à utiliser quotidiennement l’IA dans leur travail contre 18 %.
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