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M. Peillon : autorisez le copier-coller à l’école !

Par La rédaction, publié le 09 janvier 2013

Il est temps de passer à d’autres méthodes d’enseignement tourné vers le partage et le travail collaboratif… et de suivre ainsi l’orientation des outils numériques. A quand la fin de la scolastique 1.0 ?

A l’heure ou Vincent Peillon a de grandes ambitions pour le numérique et l’école, il est temps de se pencher sur la manière de concrétiser cette belle idée : « Transmettre des savoirs à des enfants qui évoluent depuis leur naissance dans une société irriguée par le numérique et donner à chacun les clés pour réussir dans sa vie personnelle, sociale et professionnelle future nécessitent en effet de repenser en profondeur notre manière d’apprendre et d’enseigner ainsi que le contenu des enseignements », explique avec justesse l’actuel ministre de l’Education nationale. Il faut que l’école change en profondeur !

Une informatique calquée sur nos outils d’écolier

Le plan proposé par le gouvernement va dans le bon sens. Il propose notamment de créer : des ressources numériques pédagogiques, un service d’échange élève – professeur après la classe, un réseau des professionnels de l’éducation, un campus numérique, de nouveaux téléservices, un axe sur l’accessibilité via le numérique, un lien numérique entre l’école et les parents, etc… L’école se numérise, c’est formidable. Mais je pense que le sujet est autrement plus profond qu’une question d’équipements ou de nouveaux services.

J’ai toujours été frappé de constater à quel point les outils numériques étaient calqués sur notre éducation. Déterminants plus fort que tout. Or qu’avons-nous appris à l’école ? Qu’il fallait travailler sur des livres et des cahiers-classeurs-feuilles. Le monde numérique leur a choisi des équivalents faciles à repérer : répertoires et fichiers. Que ces outils servaient à lire, écrire et compter. Actions qu’aident à réaliser des applications comme les navigateurs web, les éditeurs de texte du type de Word et les tableurs comme Excel. Au final, les élèves passent au tableau devant le maître (ou maîtresse) ce qui peut facilement se comparer à une présentation Powerpoint…. Accessoirement, on nous demande de dessiner… d’où le fait qu’Adobe Photoshop soit minoritaire ou encore que Paint Windows soit si « simpliste »…

Microsoft a conquis le monde en s’appuyant sur ces habitudes issues de la formation : lire, écrire, compter et passer au tableau.

Voilà les déterminants posés.

L’école attend encore sa révolution numérique

Mais il y a plus profond. Les méthodes éducatives « traditionnelles » sont caractérisées par les trois piliers suivants : le fait de travailler seul, de tout apprendre par cœur et de venir en classe… et là, le « renouveau numérique » s’oppose complétement à ces modalités d’apprentissage et de travail. D’abord, tout peut se faire en mobilité. Alors pourquoi obliger les élèves à se déplacer physique ? Ensuite, il y a Google et Wikipédia, ainsi que les multiples outils de listes. Calendriers, agenda téléphoniques, mais aussi réseaux sociaux avec leurs profils utilisateurs : tous ces outils rendent inutile le besoin de mémoriser les informations, il suffit de savoir où retrouver ces dernières sur le Net ou ailleurs.

Enfin, et là on touche aussi le secteur du collaboratif et des réseaux sociaux d’entreprises, l’approche individuelle de résolution d’un problème est battue en brèche par le travail en commun, le partage d’informations et de solutions : les copier-coller sont encouragés et le travail à plusieurs favorisé car plus efficace ! Bref, exactement ce que l’école nous a appris à ne pas faire…

C’est pourquoi la méthode d’apprentissage au numérique actuel doit être une véritable révolution dans la façon même de penser le fait d’apprendre. Il faut maintenant apprendre non pas à faire soi-même, mais avec les autres. C’est un bouleversement majeur.

Qu’on me comprenne bien, ce « deuxième » niveau d’apprentissage n’est possible que si le socle fondamental, « traditionnel », est posé. Mais doit-on attendre d’avoir passé son bac pour apprendre ce type de méthode de travail ? Mieux vaudrait consacrer plus de 50 % des enseignements à apprendre à nos enfants à mieux collaborer. L’enjeu est de taille pour que demain, dans toutes les strates de la société (entreprise, milieu artistique, recherche, politique…), on pense autrement, dans un rapport pacifié aux autres : non plus en tant que compétiteurs, mais en copétiteurs.

C’est une belle idée. Et, les outils numériques d’aujourd’hui suivent justement cette orientation. Alors M. Peillon et Mme Pellerin, lâchez-vous ! Inventez l’éducation de demain dans un monde qui n’attend que ça.

Alain Garnier

Alain Garnier

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