Gouvernance

Pascal Colin (OpenTrust) : « Les voies de la sécurité ne lui sont pas impénétrables »

Par La rédaction, publié le 27 avril 2015

Passionné de techno aussi loin qu’il s’en rappelle, Pascal Colin est à l’aise comme un poisson dans l’eau dans l’univers de la confiance numérique.

L’électronique, c’est d’abord un outil créatif pour Pascal Colin qui, adolescent, s’en sert pour composer de la musique. C’est ensuite un prolongement naturel vers l’informatique lorsque l’École centrale d’électronique lui délivre un diplôme d’ingénieur et le propulse en 1981 vers son premier job  : Thomson confie au jeune passionné un poste d’assistant chef de produit de matériel de radio privée. Pascal Colin apprend et s’investit tout en cultivant sa fibre entrepreneuriale. En 1983, il intègre une petite société spécialisée dans les systèmes de surveillance de sites industriels et militaires sensibles où, jouant un rôle à la fois technique et commercial, il développe une vision transverse de la production et de la vente. Mais l’expertise qu’il se forge manque d’une dimension internationale. Il l’acquiert en 1989 en intégrant la start-up Morpho, spécialisée dans des systèmes logiciels de recherche d’empreintes digitales. Devenu patron de l’export, Pascal Colin s’éloigne de la technologie pour orienter sa carrière vers le business. Il consolide en 1992 ses compétences au management des affaires internationales à l’INSEAD de Fontainebleau, au moment où Morpho est rachetée par Sagem.

L’objectif de Pascal Colin est alors d’accéder au comité de direction d’une entreprise. Le poste de directeur d’activités chez Matra Systèmes & Informations présente un bon potentiel. «  J’évolue toujours dans la sécurité, un domaine qui jalonne toute ma carrière professionnelle. J’ai en plus la possibilité de piloter une entreprise, de participer aux décisions stratégiques » , souligne-t-il, en reconnaissant qu’il évolue dans un univers où la confidentialité est de mise. Qu’il s’agisse de chiffrement, d’identification, d’authentification ou encore de reconnaissance, Pascal Colin a supervisé des projets dont il ne livre pas la moindre information, se retranchant derrière le fameux volet secret défense. Associée à son tempérament de dirigeant, sa connaissance des enjeux de la sécurité intéresse. En 1998, lorsque Matra devient Aérospatiale-Matra puis se dilue dans le groupe EADS, il conserve son poste de directeur d’activités «  supervision et sécurité »…

De la base de Kourou aux salons des ministères de l’Intérieur et de la Défense, il est chargé de proposer au gouvernement les meilleures solutions de sécurité tout en lui facilitant la lecture d’immenses volumes d’informations provenant de capteurs situés sur des sites sensibles ou des théâtres d’opérations militaires.

En 2004, malgré l’intérêt d’activités éminemment politiques et géostratégiques, Pascal Colin s’extrait de ce groupe pour prendre les commandes de sa propre structure et redevenir l’entrepreneur qu’il a toujours été. « Keynectis est né de l’idée de créer un acteur de la confiance numérique, fondé sur l’actionnariat de plusieurs grands groupes. Je dirige alors une PME dont le métier est celui d’un tiers de confiance qui délivre des certificats et protège l’identité numérique des entreprises », résume-t-il. Parmi les succès de la jeune société, un contrat avec le ministère de la Défense. En 2010, Keynectis croque son concurrent OpenTrust et devient le leader européen avant de s’attaquer au marché international. « Nous réalisons alors que le nom OpenTrust est mieux perçu à l’international, et nous l’adoptons en 2013 comme nom commercial car il exprime bien le monde de la confiance numérique. » La société est désormais un poids lourd sur  ce marché et s’affirme dans celui du digital transaction management .

À 57 ans, Pascal Colin est certain de pas en avoir fini avec la sécurité : « ce qui me passionne, c’est l’accélération que le numérique apporte à l’économie et au développement des entreprises ».  

Frédéric Bergonzoli  

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