Unilever planche déjà sur des premières applications pratiques de l'informatique quantique...

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Unilever imagine son futur quantique

Par Alain Clapaud, publié le 21 juin 2023

Déjà adepte de la simulation numérique pour mettre au point ses formulations, Unilever commence à s’intéresser à l’informatique quantique sur des scénarios d’usage en totale rupture avec son approche industrielle actuelle.

De très nombreux industriels réfléchissent aux applications futures de l’IA et de l’informatique quantique. Le géant des biens de grande consommation et de la cosmétique Unilever ne fait pas exception. Sa R&D met déjà en œuvre des algorithmes d’IA pour développer de nouvelles molécules. Alberto Prado, vice-president and global head of Digital & Partnership, R&D d’Unilever évoque notamment l’approche QSAR (Quantitative Structure-Activity Relationship) pour identifier les molécules, leurs propriétés et leurs rôles respectifs dans une formulation.

L’autre grand domaine de recherche d’Unilever porte sur le microbiome, c’est-à-dire l’aire active pour les microbes que chacun de nous porte sur le corps et dans les intestins. « Pour comprendre les interactions entre le microbiome et l’environnement extérieur, il nous faut être capable de plonger dans nos 12 To de données accumulées. Il s’agit du plus gros dataset sur le microbiome qui existe à ce jour, et pour donner un sens à ces données, il faut s’appuyer sur des outils analytiques avancés, donc sur l’IA. »
Le responsable évoque notamment le recours aux graphes de connaissance (Knowledge Graph) pour comprendre les relations entre les structures de données.

Le quantique pourra aider à la découverte de nouvelles molécules. Mais c’est encore de manière classique que, pour sa marque Hourglass, la R&D d’Unilever a créé un pigment rouge permettant de se passer du carmin, un pigment issu de la cochenille.

La firme est aussi une grosse consommatrice de calcul intensif dans le domaine de la sécurité. La mise en œuvre de modèles de simulation numérique a permis à Unilever de ne plus tester ses produits cosmétiques sur les animaux, et l’entreprise exploite aujourd’hui d’autres modèles pour prévoir le niveau de biodégradabilité de ses produits.

Dans ce contexte, Alberto Prado estime que l’informatique quantique va créer une rupture technologique qui va lui permettre de booster ses capacités de calcul. « Lorsque celle-ci sera disponible, elle va permettre à nos équipes R&D de compléter leur arsenal de calcul. Elle ne va pas remplacer les architectures existantes, mais les étendre avec une approche hybride. Le quantique va apporter des solutions de calcul pour des problèmes très complexes, et le HPC va continuer à délivrer des solutions qui nécessitent un haut niveau de précision. »

Alberto Prado,
Vice-president and global head of Digital & Partnership,
R&D d’Unilever

« Nous avons implémenté une approche de type écosystème, car ce challenge est multidisciplinaire :
il faut de la data science, la compréhension de la biologie, et du calcul. »

Le responsable évoque un scénario où les consommateurs donneront accès aux données de leur microbiome, aux données relatives à leur activité physique, leur nutrition, voire leur ADN. « Nous allons prendre ce dataset ultra-personnel et réaliser des centaines de milliers de simulations en parallèle grâce à l’informatique quantique afin d’identifier la meilleure formulation pour la personne concernée, avec des ingrédients biosourcés. Celle-ci sera communiquée à une nano-usine proche du consommateur où sera produite la crème avec une empreinte carbone positive, si possible. Un certificat blockchain pourra le démontrer. Des partenaires pourront effectuer la livraison par drone et le consommateur pourra échanger avec nous via le métavers pour commenter son expérience client et éventuellement améliorer le produit en co-création avec nous. Avec sa permission, toutes ces données seront poussées vers son digital twin. »

Un scénario de science-fiction auquel les industriels se préparent déjà.


L’ENTREPRISE UNILEVER

Activité : Biens de grande consommation
Effectif : 148 000 collaborateurs
CA       : 60,1 Md€



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