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Les hébergeurs français menacent de délocaliser

Par La rédaction, publié le 13 avril 2015

Face aux menaces que fait planer le projet de loi sur le renseignement, entré en débat à l’Assemblée nationale cette semaine, les hébergeurs montent au créneau. Dans une lettre ouverte au Premier ministre, Manuel Valls, sept d’entre eux (AFHADS, Gandi, IDS, Ikoula, Lomaco, Online et OVH) s’expliquent.

« Imposer aux hébergeurs français d’accepter une captation en temps réel des données de connexion et la mise en place de ‘boîtes noires’ aux contours flous dans leurs infrastructures, c’est donner aux services de renseignement français un accès et une visibilité sur toutes les données transitant sur les réseaux », dénoncent-ils, en reconnaissant le côté « nécessaire » de doter la France de moyens de renseignement.

Le problème de cette « boîte noire », estiment-ils, est qu’elle risque d’entamer la confiance de leurs clients. « Les entreprises et les particuliers choisissent un hébergeur sur des critères de confiance et de transparence qu’il ne sera plus possible de respecter, car seuls les services de l’État auront, directement ou indirectement, le contrôle et la connaissance de ces données », considèrent les signataires.

Éviter un Patriot Act français

Un tel dispositif, largement déployé aux États-Unis depuis le vote du Patriot Act en 2001, ferait, selon les hébergeurs, « entrer la France dans une surveillance de masse telle que nous ne l’avons jamais connue ». D’autant que l’efficacité de ces « boîtes noires » reste à démontrer selon eux. « Une organisation terroriste bien structurée saura échapper à ces mesures. »

Les hébergeurs arguent aussi qu’une grande partie de leur chiffre d’affaires (30 %) repose sur des clients étrangers, intéressés par l’absence de Patriot Act en France. Si la loi sur le renseignement était votée en l’état, elle ferait fuir, selon eux, cette clientèle. Entraînant dans son sillage un manque à gagner, et des pertes d’emploi… Ainsi les hébergeurs affirment qu’ils se verraient alors contraints, pour se maintenir, de délocaliser leur activité.

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