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Kyndryl achève le désancrage de son SI de celui d’IBM

Par François Jeanne, publié le 15 mai 2024

Deux ans après la création de Kyndryl sur le périmètre de l’activité Global Technology Services d’IBM, son informatique prend le large. Au prix d’une sérieuse cure d’amaigrissement et avec le souci, dans la filiale française, de susciter l’adhésion des utilisateurs à un SI remanié depuis l’échelon mondial.

Pour les DSI, le temps des fusions-acquisitions, avec les projets de convergence de SI qui en découlent, reste un défi. De plus en plus fréquemment, une autre situation se présente à elles, à savoir la séparation d’une partie de l’entreprise, avec la nécessité de détacher le SI correspondant, et souvent la nécessité d’en créer un tout nouveau. Spin-off, spinout et autres carve-out deviennent donc des situations sinon banales, du moins auxquelles il faut se préparer.

Dans le cas de la création de Kyndryl, à la suite de la séparation des activités de gestion d’infrastructures (ex Global Technology Services) d’IBM, les responsables de la nouvelle entité savaient à quoi s’en tenir. Et, au fond, ils ont vécu une transformation comme celles qu’ils sont souvent amenés à accompagner chez leurs propres clients.

L’accord de service de transition (TSA) signé à l’occasion avec IBM a duré jusqu’en novembre 2023, le temps pour Kyndryl de se (re)prendre en mains à tous les niveaux : financier, RH et, bien sûr, IT. Le temps était donc compté.
Mais le président de Kyndryl France, Philippe Roncati, se réjouit que la nouvelle entité ait eu « l’opportunité de repenser l’ensemble de [son] IT, libre des défis hérités », rappelant que « ce genre d’opportunité est rarement possible ».

Kyndryl a dû s’administrer en deux ans un projet de transformation comme ceux que ses consultants conseillent souvent à leurs clients… Tout en convainquant les actionnaires de sa faisabilité.

Concrètement, les chiffres sont impressionnants. Plus de 1 800 applications commerciales étaient utilisées au niveau mondial au début de la phase de transition. Il n’en reste aujourd’hui que 360.
En particulier, les 435 applications RH et finances, ainsi que les outils de devis à la demande ont convergé vers une plateforme où dominent les ERP Workday et SAP.
Côté infrastructures, les 54 datacenters mondiaux ont été migrés vers quatre sites d’hyperscalers, en gardant toutefois des serveurs Z d’IBM.

Jean Bouillet

COO et chef de la transformation numérique de Kyndryl France

« Nous avons beaucoup anticipé avec les utilisateurs du nouveau SI pour éviter les phénomènes de rejet. »

Les résultats semblent à la hauteur. COO et chef de la transformation numérique de Kyndryl France, Jean Bouillet annonce ainsi « de 200 à 300 M€ d’économies annuelles au niveau mondial ».
Les gains proviennent d’une part des nouvelles modalités d’exécution du SI – et de son allégement – et d’autre part de la rationalisation des processus (support, ventes, etc.) ou encore de l’intégration de nouvelles technologies comme l’IA pour accélérer l’automatisation sur l’ensemble du parc technologique.

De toutes façons, il n’y avait pas le choix, ou presque : des pénalités étaient prévues en cas de dépassement de la date butoir dictée par le TSA pour détacher définitivement le SI de Kyndryl de celui d’IBM. « Nous avons fait beaucoup de tests avant la date en question, et beaucoup échangé avec les utilisateurs pour qu’il n’y ait pas de phénomènes de rejet », se rappelle Jean Bouillet. Un point essentiel du projet, surtout qu’il a été mené au niveau mondial, sans le recours aux DSI locales dans la définition des objectifs du SI, si ce n’est pour la prise en compte des réglementations locales. Il leur échoit toutefois le rôle de support et d’accompagnement des utilisateurs, dont l’adhésion est essentielle pour retirer les bénéfices attendus de cette gigantesque refonte.


L’entreprise Kyndryl

Activité : Services informatiques
Effectif : 90 000 collaborateurs (2022)
CA : 17 Md$



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