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Accessibilité numérique : enfin le moment d’agir
Par Xavier Biseul, publié le 22 mai 2025
Après les acteurs publics, une directive européenne va obliger dès le 28 juin prochain les entreprises privées à rendre leurs contenus, sites web et applications mobiles accessibles aux personnes en situation de handicap. Un chantier aux dimensions multiples.
Seuls 30 % des contenus en ligne sont accessibles aux personnes en situation de handicap, d’après le dernier baromètre de l’accessibilité numérique de la Contentsquare Foundation. Alors que 12 millions de Français souffrent d’un trouble moteur, visuel, auditif ou mental, le handicap crée une fracture numérique largement ignorée.
Assujettis depuis 2012 à des obligations de conformité au Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA), les acteurs publics sont les plus vertueux dans le domaine. 71 % des sites les plus accessibles appartiennent au secteur public selon la même étude.
Les entreprises privées vont devoir s’y mettre aussi. Entrant en vigueur le 28 juin, la directive européenne sur l’accessibilité des produits et services concernera toutes les organisations, à l’exception des sociétés de moins de dix salariés ou dont le chiffre d’affaires n’excède pas deux millions d’euros.
Toutes les entreprises concernées ou presque
Le périmètre est particulièrement large. L’obligation d’accessibilité concerne les sites vitrines, les boutiques en ligne, les espaces carrière ou les documents à télécharger, quel que soit le support, site web, application mobile ou terminal en libre-service.
Les services numériques créés après la date fatidique devront être conformes dès leur mise en ligne. Les services existants bénéficieront d’un délai supplémentaire, jusqu’au 28 juin 2030, pour une mise en conformité. En cas de manquement, le régulateur, en l’occurrence l’Arcom en France, pourra prononcer des sanctions financières de 50 000 € par service non conforme, renouvelables en cas de manquements répétés.
Cynthia Thibault-Larouche, cheffe de service en accessibilité et design inclusif chez Ciao Technologies, anticipe cependant qu’il fera preuve de clémence dans les premiers temps. « L’entreprise devra surtout justifier de sa bonne foi en prouvant qu’elle a engagé un plan d’accessibilité. »
Un plan d’accessibilité à lancer au plus vite
Tout commence par un audit de conformité qui permet de cibler les principaux points bloquants comme un formulaire ou un champ de saisie. Place ensuite au plan d’actions. Si la directive ne mentionne aucune norme en particulier, il convient, selon la consultante, de s’appuyer sur les Web Content Accessibility Guidelines (WCAG), le standard mondial.
Dans leur version 2.1, ces WCAG posent pour principe que les contenus doivent être perçus, compris et utilisables par tous les individus quelle que soit la nature de leur handicap. Ainsi, pour les personnes aveugles ou mal voyantes, il s’agit de rendre les contenus textuels accessibles aux outils de dictée vocale. Quant aux malades de Parkinson, ils se verront proposer la navigation sur un site depuis les touches de tabulation du clavier. Il y aura aussi un mode d’affichage pour les daltoniens. Par ailleurs, les textes seront lisibles et compréhensibles, y compris par les personnes atteintes de troubles cognitifs. A contrario, il faudra prêter attention aux éléments dynamiques, comme une fenêtre pop-up ou une vidéo qui démarre automatiquement, susceptibles de perturber les personnes sujettes aux troubles de l’attention.
Comme on le voit, ce chantier concerne différents corps de métiers : chef de projet web, rédacteur, expert UX ou UI designer. « L’accessibilité doit être prise en compte nativement pour qu’elle s’inscrive dans la charte graphique et ne nuise pas à l’harmonie générale des contenus », conseille Cynthia Thibault-Larouche.
Au-delà de l’obligation de conformité, les entreprises ont, selon elle, tout à gagner à rendre leurs contenus accessibles au plus grand nombre. Cette approche inclusive s’inscrit non seulement dans leur stratégie RSE, mais elle leur permettra aussi de toucher une audience nouvelle.
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