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77 % des entreprises françaises délèguent déjà leur cybersécurité à un MSP
Par Laurent Delattre, publié le 05 août 2025
La fragmentation des solutions de sécurité et la montée en puissance des attaques pilotées par l’IA poussent les entreprises françaises à confier la protection de leurs actifs numériques à des fournisseurs de services managés capables d’orchestrer une cybersécurité 24/7. Une nouvelle étude Vanson Bourne/Barracuda met quelques chiffres sur cette tendance.
Bien des DSI n’ont plus le luxe de composer seules avec la prolifération d’outils cyber et la sophistication croissante des attaques. En France, plus de trois organisations sur quatre (77 %) font désormais appel à un fournisseur de services managés (MSP) pour sécuriser leur croissance, un taux supérieur à la moyenne mondiale (73 %). C’est ce que révèle la dernière enquête internationale réalisée par Barracuda et Vanson Bourne auprès de 2 000 décideurs IT.

Bien sûr, cette externalisation répond avant tout à un casse-tête : la multiplication de solutions disparates qu’il faut intégrer, surveiller et optimiser en continu. Or, pour les équipes IT, une journée ne compte toujours que vingt-quatre heures.
Un recours imposé par la complexité technologique
L’étude montre ainsi que 52 % des organisations, et même 56 % des entreprises françaises, sollicitent un MSP parce que la jungle de leurs solutions de sécurité est devenue ingérable. Près de la moitié cherchent aussi un partenaire capable de faire évoluer leur stratégie de défense à mesure que l’activité grandit (51 % dans le monde, 47 % en France).
Face au déficit chronique de compétences internes, la couverture continue reste un critère décisif d’adoption d’un MSP : 53 % des répondants tricolores s’appuient sur leur MSP pour une surveillance 24 h/24 (48 % à l’échelle mondiale). Chez les grandes organisations de 1 000 à 2 000 employés, la dépendance est encore plus nette : 85 % confient tout ou partie de leur sécurité à un prestataire, contre 61 % seulement des structures de 50 à 100 salariés.

Anticiper l’IA et le virage réseau
Aujourd’hui, il n’y a plus de cybersécurité sans IA, plus de cyberattaques sans IA… et il ne devrait plus y avoir d’IA sans cybersécurité associée. D’ici deux ans, 41 % des entreprises françaises prévoient de demander à leur MSP un accompagnement spécifique sur l’IA et le machine learning, domaines à la fois prometteurs et risqués. Les projets de sécurité réseau avancée (Zero Trust, SASE) suivent de près, avec 36 % des sociétés hexagonales qui envisagent d’y recourir.
Cet appétit s’accompagne d’une volonté d’investissement : 92 % des répondants se disent prêts à payer plus cher pour l’intégration de leurs solutions de sécurité, un effort supplémentaire qui peut atteindre 25 % du budget selon les cas. Autrement dit, les DSI ne rechignent pas à ouvrir le porte-monnaie quand la valeur est tangible.
Une exigence de preuves et de transparence
La relation reste toutefois fragile. Près d’un client sur deux (45 % au global, 49 % en France) envisage de changer de prestataire si celui-ci ne peut démontrer ses compétences et sa capacité à assurer une surveillance permanente. Et, dans le monde, 40 % quitteront leur MSP après une attaque réussie, proportion qui tombe cependant et étrangement à 33 % dans l’Hexagone.

« Ces résultats soulignent le rôle essentiel que jouent les MSP pour guider les entreprises dans les complexités de la cybersécurité moderne », observe Brian Downey, vice-président Product Management chez Barracuda. Selon lui, l’enjeu n’est plus seulement de fournir des briques techniques, mais « d’offrir une plateforme intégrée et un accompagnement d’experts 24/7 ».
Les défis des DSI pour 2026
À l’heure où les budgets se tendent et où la réglementation européenne (NIS 2, DORA) durcit les obligations de résilience, les DSI doivent arbitrer entre innovation, conformité et maîtrise des coûts. Les chiffres du rapport révèlent une tendance claire : l’externalisation n’est plus un signe de faiblesse mais un levier stratégique, à condition que le partenaire sache prouver sa valeur, anticiper les nouvelles menaces – notamment liées à l’IA – et simplifier l’expérience utilisateur. Les MSP qui relèveront ce défi ont devant eux un marché en expansion ; ceux qui se contenteront d’empiler des services sans cohérence s’exposent à une fuite rapide de clients. En bref, la confiance se gagne désormais sur la capacité à orchestrer la complexité, pas seulement à la vendre.
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