ChannelScope

France, terre d’accueil pour les datacenters européens

Par Cécile Dard, publié le 20 novembre 2025

Invité par Vertiv dans son Customer Experience Center de Tognana, près de Padoue en Italie, à l’occasion de la Vertiv Week 2025, Michael Reffay, Managing Director de France Datacenter, revient sur la dynamique d’un secteur porté par l’IA, le cloud et la souveraineté numérique. Entre ambitions industrielles, transition énergétique et attractivité territoriale, la filière française se positionne comme un moteur stratégique de la transformation numérique européenne.


Par Cécile Dard, envoyée spéciale en Italie


Fondée il y a 17 ans, France Datacenter est l’association nationale de référence pour l’écosystème du datacenter, avec 130 membres représentant toute la chaîne de valeur : financeurs, bureaux d’études, équipementiers, opérateurs, spécialistes de la sécurité et acteurs publics. « Nous représentons toute la filière du datacenter en France, de la conception à l’exploitation. Notre mission est de promouvoir le secteur, de participer à la co-construction des politiques publiques et de faire entendre la voix de la filière sur les enjeux sociétaux et environnementaux », explique Michael Reffay, Managing Director de France Datacenter, invité à l’exprimer lors de la dernière Vertiv Week en Italie.

La France vise la première place européenne en matière d’accueil des datacenters. Récemment passée devant les Pays-Bas, elle occupe aujourd’hui la troisième place, derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne.

Cloud, IA et souveraineté : les nouveaux moteurs de la croissance

Longtemps tirée par l’économie du cloud, avec une progression annuelle de 15 à 20 %, la croissance du secteur s’est nettement accélérée depuis l’arrivée de l’intelligence artificielle générative. Les datacenters connaissent désormais des hausses de 30 à 35 % par an, un rythme qualifié d’hypercroissance par Michael Reffay.

Ces infrastructures deviennent de véritables gigafactories de l’IA, capables d’héberger les phases d’entraînement et d’inférence des modèles, tout en supportant les usages collaboratifs, la télémédecine ou encore le jeu vidéo. Le cloud souverain, loin de s’opposer aux investissements américains, agit comme un levier complémentaire, stimulant la digitalisation du pays. Miachael Reffay souligne d’ailleurs que les investissements venus des États-Unis contribuent à renforcer l’emploi et les capacités industrielles françaises.

Michael Reffay, Managing Director de France Datacenter, invité par Vertiv lors de son évènement italien.

Des atouts structurels uniques en Europe

La France dispose, selon lui, de tous les atouts pour attirer les investisseurs et héberger de nouveaux datacenters : une énergie 100 % décarbonée, compétitive et stable ; une infrastructure fibre optique dense et performante ; une main-d’œuvre qualifiée ; un réseau logistique efficace et une faible sismicité favorable aux implantations durables.

Le pays bénéficie en outre d’un foncier industriel en reconversion, identifié par les pouvoirs publics. Trente-cinq sites “clés en main” ont été sélectionnés pour accueillir de futurs datacenters, capables de revitaliser les territoires et de créer de l’emploi local.

Sobriété énergétique et hydrique : casser les mythes

France Datacenter s’attache à déconstruire les idées reçues sur la consommation d’énergie et d’eau des datacenters français. Ces derniers ne représentent que 0,002 % de l’eau prélevée dans le pays, soit un niveau particulièrement bas au regard des standards internationaux. Contrairement à d’autres régions du monde, la France n’a pas recours aux technologies adiabatiques, privilégiant des solutions sobres et efficaces alignées sur les normes environnementales les plus strictes.

Sur le plan énergétique, le coût de l’électricité représente entre 30 et 40 % du budget d’exploitation. Ce poids pousse les opérateurs à investir dans des infrastructures toujours plus performantes. Reffay souligne que les industriels n’ont pas attendu la réglementation pour innover : la réduction de la consommation énergétique s’est imposée d’abord comme une nécessité économique avant d’être un impératif environnemental.

Les chiffres-clés de la filière

• 300 datacenters recensés en France
• 35 nouveaux sites fonciers “clés en main” identifiés
• +35 % de croissance annuelle du marché
• 60 000 emplois directs et indirects

Un ancrage territorial renforcé

Le développement des datacenters participe aujourd’hui à la revitalisation des territoires. Chaque implantation génère de l’emploi, soutient les infrastructures publiques locales et favorise la réhabilitation de sites industriels. Les retombées fiscales, la contribution aux réseaux de chaleur ou encore la participation à la vie économique locale transforment ces infrastructures en véritables leviers de développement.

« Le datacenter de demain sera plus proche de son territoire, plus en lien avec les réseaux et les populations », estime Michael Reffay. Longtemps perçu comme un hangar énergivore, il devient un hub d’activité à part entière, créateur d’emplois et de valeur ajoutée. Aujourd’hui, la filière emploie environ 60 000 personnes en France, en comptant les emplois directs et indirects, et fait face à d’importants besoins en compétences techniques.

Le datacenter de 2030 : vert, connecté, intégré

Pour Michael Reffay, le datacenter de demain sera un écosystème durable et interconnecté, intégré au réseau électrique et au réseau de chaleur, ancré dans son territoire et au plus près des utilisateurs comme des industriels. « Le datacenter de demain n’est plus un consommateur final : il devient un acteur intégré du réseau énergétique et numérique », affirme-t-il. Cette vision s’inscrit dans un modèle plus circulaire où le datacenter, loin d’être un simple centre de stockage, participe activement à la résilience énergétique et à la continuité des services numériques.

Une Europe du datacenter à construire

Lors de la Vertiv Week, organisée en présence de partenaires tels que NVIDIA et de plusieurs associations européennes du secteur, la délégation française a plaidé pour un renforcement de la coopération entre pays. L’objectif : partager les meilleures pratiques et bâtir un cadre européen cohérent et pragmatique, capable de rivaliser avec les grands pôles mondiaux.

Michael Reffay défend l’idée d’une réglementation unifiée mais flexible, adaptée aux particularismes énergétiques et géographiques de chaque pays. Il rappelle qu’un modèle unique pour l’ensemble de l’Europe serait contre-productif.

Dans l'actualité

Verified by MonsterInsights