Alstom s'équipe du Data Hub de MarkLogic pour uniformiser l'accès à 80 millions de références.

Data / IA

Alstom casse les silos de la donnée produit avec le projet Parts 360°

Par Alain Clapaud, publié le 08 avril 2024

Le fabricant de matériel ferroviaire Alstom s’est doté d’un data hub MarkLogic afin d’agréger toutes les données produits réparties dans ses systèmes ERP, PLM et fichiers en tous genres. Un projet qui casse les silos informatiques et permet une meilleure synergie entre les collaborateurs des différents sites de l’industriel.

Outre la prise de contrôle de son rival canadien Bombardier en 2021, l’histoire d’Alstom est marquée par les acquisitions et les cessions d’activité. Son système d’information est le reflet de ce passé et d’une approche horizontale où chaque site était responsable à la fois de ses applications de design, de manufacturing et de ses données financières. L’industriel s’est certes engagé dans une stratégie de rationalisation du nombre de ses systèmes et de ses applications, mais il est complexe de balayer ce passé sachant que la durée de vie d’un matériel ferroviaire peut aller de 30 à 60 ans… et qu’il faut conserver les données relatives à l’ensemble des articles dont le client peut avoir besoin tout au long de la vie de l’équipement.

Cette exigence couplée à cet historique a complexifié la gestion des articles. Les utilisateurs devaient disposer de plusieurs logins et maîtriser plusieurs systèmes pour trouver la bonne information, avec tout ce que cela implique en perte de temps et risques d’erreurs. Cette situation entraînait une grande frustration chez les collaborateurs, générant aussi de nombreux échanges d’e-mails pour trouver l’information souhaitée.

Face à cette situation, l’idée est née de rationaliser toutes ces références produits et de créer un hub les regroupant. Baptisé Parts 360°, le projet concerne l’ensemble des données relatives aux articles d’engineering, c’est-à-dire les pièces standards disponibles sur catalogue (composants électroniques, alimentations, câbles, etc.), ainsi que des pièces conçues par Alstom et pour lesquelles l’industriel est responsable de l’intégralité du cycle de vie. Il s’agit là des équipements embarqués ; les moteurs, bogies, caisses, etc. En plus de ces deux familles, il y a des articles achetés sur spécifications Alstom, tels les systèmes de climatisation, les inductances, les portes de trains, etc. En regroupant les références d’Alstom et de Bombardier, l’ensemble représente 80 millions de codes articles !

L’application Parts 360° est accessible à tous les employés Alstom, avec des droits différenciés sur les informations sensibles comme les niveaux de stocks, les prix, les purchase orders et sales orders.

80 millions d’articles à gérer

Le hub agrège aujourd’hui ces données issues de onze sources différentes dont cinq ERP, quatre PLM et deux catalogues de référence. Les 80 millions de codes initiaux ont été ramenés à 10 millions de groupes d’articles en relation les uns avec les autres. Fabien Uros, senior expert en gestion de données industrielles chez Alstom, explique ainsi ce résultat : « Nous avons utilisé les capacités du data hub de MarkLogic pour travailler sur nos données structurées et non structurées, en y ajoutant les données transactionnelles, des millions en fait issues de nos ERP et PLM, afin d’enrichir nos données sur les articles. »

La solution MarkLogic Data Hub Service a permis à l’industriel de désiloter ses données, de les rationaliser, de les améliorer et de les enrichir. « Le logiciel identifie les points de corrélation existant entre les articles, qu’il s’agisse de références fabricant communes, de codes en alias, ou d’autres liens. L’objectif à long terme est d’aller vers une automatisation de cette identification grâce à une couche d’intelligence artificielle. »

Fabien Uros

Industrial data management senior expert et obsolescence watch manager chez Alstom

« Une des fonctions les plus appréciées de Parts 360° est la vue transverse au niveau de l’ensemble des stocks. Cette information permet aux sites de se dépanner en cas de ruptures, ce qui crée beaucoup de liens entre les différentes équipes. »

Le flux d’intégration mis en place est pour sa part assez classique. Quelles que soient les sources – les ERP, les PLM, des fichiers –, toutes les données transitent au travers d’un bus en quasi temps réel le plus souvent, en mode batch dans certains cas. MarkLogic intervient sur la transformation, l’agrégation et l’application des règles métier. Ces résultats sont ensuite exposés à destination de différents consommateurs au travers d’applicatifs, de reportings, etc.

« Nous injectons toutes les données en format brut, sans aucune modification, précise Fabien Uros. Les étapes de transformation et d’harmonisation sont appliquées par la suite. Comme nous ajoutons les bons de commande (purcharse orders) et les commandes (sales orders), il est très important d’avoir la capacité de rationaliser ces données et de nous assurer que l’on peut les comparer. Par exemple, tous les bons de commande ont été normalisés en euros et en dollars en appliquant les taux de conversion de l’époque, et toutes les unités de mesures ont été unifiées. »

Les modèles de données ont été standardisés par type de source pour les ERP, les PLM et autres. Des règles ont été écrites afin de définir quel code retenir, sur quelles données réaliser une corrélation entre sources, ou encore choisir celles qui seront réellement utiles par la suite.

MarkLogic exécute cette intégration et vient alimenter la plateforme de reporting Qlik, mais aussi l’interface utilisateur de Parts 360°, construite sur le moteur de recherche Sinequa. Celui-ci indexe les agrégats directement générés par le data hub. Le système a la capacité d’afficher toutes les relations entre les articles, d’identifier la donnée master, toutes les références externes et les alias existants autour d’un article quelle que soit la source. Cette consolidation permet à l’utilisateur d’accéder simplement à l’intégralité des données disponibles depuis un même écran de recherche.

Outre la possibilité de recherche par le code produit et l’accès aux attributs issus du PLM comme le cycle de vie produit et les descriptions techniques, les données des ERP, par exemple concernant les informations douanières, viennent enrichir la donnée au même titre que l’ensemble des stocks disponibles du produit sur tous les sites du groupe. S’il dispose des droits adéquats, l’utilisateur peut aussi accéder à l’historique de tous les purchase orders et sales orders émis sur l’article master et sur tous les alias qui sont en corrélation avec l’article en question. « Cette fonction apporte une forte valeur ajoutée pour travailler en amont sur les nouvelles offres ou en aval sur les activités de service, et pouvoir comparer les prix chez les différents fournisseurs en fonction des régions qui ont réalisé les achats. C’est une mine d’or en termes de data, de forecast et d’anticipation des risques. »

L’interface Parts 360° est aujourd’hui celle la plus employée par les utilisateurs pour accéder aux données produits, mais on retrouve celles-ci aussi dans des reports Qlik, notamment le Global Demand Dashboard. Dans tous les cas, c’est bien le moteur Marklogic qui « travaille » derrière et garantit la qualité et l’efficacité de la réponse. C’est aussi un dashboard de l’éditeur qui assure un suivi de la qualité des données afin de repérer d’éventuelles dérives et incohérences. Le gain en termes de data management est évident ici. L’identification des doublons et des équivalences permet à l’industriel de rationaliser en continu ses bases de données et d’éviter la réémergence d’éventuels silos.


Le Projet en Chiffres

11 sources de données

80 millions de codes articles regroupés en dix millions de groupes

Plus de 3 200 utilisateurs ces six derniers mois


L’entreprise Alstom

Activité : Constructeur de matériel ferroviaire
Effectif : 80 000 collaborateurs dans 63 pays
CA : 16,5 Md€ (2022)


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