Cergy Pontoise et son jumeau numérique

Newtech

Cergy-Pontoise bâtit sa plateforme d’échange autour d’un jumeau numérique

Par Alain Clapaud, publié le 20 février 2023

Outil de communication idéal pour un territoire avec ses citoyens, le jumeau numérique est aussi un formidable moteur de synergies entre les multiples services de l’agglomération. La donnée patrimoniale stockée dans son SIG stimule la transversalité entre les services.

Le concept de jumeau numérique s’est imposé depuis quelques années dans l’industrie de haute précision, mais aussi dans l’architecture avec le BIM, et aujourd’hui auprès des collectivités. L’agglomération de Cergy-Pontoise (95), qui travaillait sur la notion de marque du territoire depuis les années 80 avec une maquette physique, y est venue progressivement.

Cette approche de la 3D s’est accélérée en 2018 lorsque « l’Agglo » a lancé une campagne de prise de vues aériennes et de scan par LiDAR (télémétrie laser). Auparavant, la collectivité utilisait la plateforme SIG éditée par ESRI depuis 2000. L’idée était alors de susciter de nouveaux usages autour de cette maquette numérique. « Nous avions souhaité déployer un SIG avant tout pour couvrir les besoins métiers, explique Franck Touyaa, responsable du service Géomatique de l’agglomération. Ces besoins sont très variés dans une collectivité comme la nôtre. Voirie, aménagements urbains, mobilité, gestion des déchets, mais aussi sport, culture… L’objectif est de répondre à tous les besoins internes puis de mettre à disposition les données pour des tiers. Dans ce cadre, le socle 3D vient s’ajouter à cet existant afin d’offrir une autre vision du territoire. »

Le SIG devient une plateforme stimulant les synergies entre services, qui vont travailler en transversalité en s’appuyant sur ses données.

Le BIM s’invite dans le SIG

Pour ce faire, et depuis l’origine du SIG de l’agglomération, le service Géomatique n’a eu de cesse d’intégrer de nouvelles données à ce jumeau numérique.

L’intégration de celles des bâtiments (BIM, pour Building Information Modeling) à partir de 2018, a été simplifiée par la convergence entre ESRI et Autodesk sur les aspects d’interopérabilité technique. « Nous avons lancé une première expérimentation sur la “dalle Grand Centre”. Il s’agit d’un quartier de type ville nouvelle. C’était un espace difficile à appréhender en 2D. Le BIM et la 3D répondent alors à un vrai besoin, avec une bonne interopérabilité des formats et aussi une grande facilité de diffusion. »

Les prestataires, notamment les géomètres, maîtrisent désormais bien cette technique, ce qui a permis à l’équipe projet d’en constituer la maquette 3D. De même, certains promoteurs commencent à jouer le jeu et fournissent le BIM de leurs ouvrages, mais cette démarche n’est pas une obligation.

Franck Touyaa
Responsable du service Géomatique de l’agglomération de Cergy-Pontoise

« Dans de très nombreux projets, un service a besoin de travailler à partir de données issues d’un autre service. À cet égard, le SIG est apparu comme un excellent outil de collaboration. »

La 3D a donc été au cœur du projet de transformation du quartier « Grand Centre » de Cergy, le véritable cœur de l’agglomération. « L’application créée est issue d’une réflexion avec la direction de la communication afin de mettre en avant ce quartier au moyen d’une maquette 3D. Il en existait déjà une, mise en place par une société externe, mais nous avons souhaité reprendre la main afin de pouvoir la faire évoluer et bénéficier d’une interopérabilité avec notre système d’information géographique. »

Cette maquette est accessible à tous via l’interface créée avec l’outil ESRI Experience Builder, un logiciel sur lequel l’équipe de Franck Touyaa monte en puissance.

Un portail commun à tous les métiers

L’accès au SIG est par ailleurs possible pour les métiers grâce au portail géographique GéoAgglo où chaque service peut accéder à ses applications. La création de ces applications est réalisée par un binôme, avec un chef de projet du service Géomatique qui travaille avec un référent métier sur la définition des besoins, la mise en place de la base de données, etc. Si nécessaire, le métier peut mettre à jour ses données lui-même, soit sur le portail, soit grâce à une application mobile via ESRI Mobile. « Créer une application en interne représente de deux à trois jours de travail seulement, car les outils mis à disposition par ESRI sont faciles à utiliser et l’application simple à déployer. » Le travail porte essentiellement sur l’analyse du besoin et des usages en amont, et la modélisation des données. Le développement de l’application est réalisé à partir des templates fournis par l’éditeur, modifiés pour répondre aux besoins métiers.

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Les clichés aériens ainsi que les données LiDAR ont été intégrés au modèle, même si cela a entraîné un véritable changement d’échelle en termes de volumes d’information. Le SIG était jusque-là opéré sur deux serveurs localisés dans deux bâtiments différents de l’agglomération, mais l’infrastructure a basculé dans une approche plus hybride. Les 74 Go du Mesh 3D de l’agglomération sont désormais hébergés sur le service cloud ArcGIS Online d’ESRI.

Objectif affiché : consolider un maximum de sources de données sur le SIG

Outre les interfaces métiers ou plus grand public, l’objectif de l’équipe Géomatique reste d’aboutir à une base 3D unique où vont converger de multiples sources de données en évitant toute redondance. « La philosophie du portail GéoAgglo est de ne pas créer un nouveau silo au sein du service Géomatique, mais bien de partager le plus largement possible ces données en interne, et aussi avec nos partenaires que sont les communes, les aménageurs et les prestataires. »

L’équipe privilégie les échanges de données directement entre SIG, comme c’est déjà le cas avec celui du délégataire de chauffage urbain de l’agglomération.

Le jumeau numérique est un outil de travail pour de nombreuses directions métiers, notamment au travers d’applications mobiles dédiées.
C’est aussi un formidable outil de communication auprès des citoyens.

D’autres sources d’information sont amenées à rallier le SIG, notamment dans le cadre des projets orientés smart city. « Nous avons commencé à intégrer des données remontées de capteurs, notamment ceux qui mesurent le remplissage des bornes d’apport volontaire, mais nous sommes encore au milieu du gué. Certes, nous disposons sur la plateforme de capacités d’intégration de ces données, mais cela demande un gros travail en amont pour identifier tous les capteurs déployés, puis intégrer le résultat de leurs mesures. »

L’heure est aujourd’hui à leur consolidation et à la mise en place d’un processus de mise à jour des données 3D. Après les objets connectés, un futur enjeu pour le service Géomatique va être de gérer l’arrivée du big data dans les SIG.

Outre l’envolée prévisible des volumes à traiter, l’apparition de données géospatiales disponibles en open data pose de nouvelles questions. « La diversité de ces sources nous laisse augurer beaucoup de travail sur la qualité de la donnée et la mise en place de processus d’intégration automatique pour alimenter nos bases. À l’autre bout de la chaîne, nous aurons la problématique de la diffusion et de l’animation à créer autour de ces données », conclut Franck Touyaa.

Si, avec son jumeau numérique, l’agglomération de Cergy-Pontoise dispose d’un formidable outil, la cellule doit désormais accompagner les métiers dans leur appropriation de la 3D, comme elle l’avait fait il y a quelques décennies sur la 2D.


Le projet en Chiffres

7 personnes dans le service Géomatique

547 couches de données dans le SIG

215 tables de données


L’ENTREPRISE

Activité : communauté d’agglomération (13 communes, 211 000 habitants) 
Effectif : 700 collaborateurs 
Budget   : 260,2 m€ (2021)

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