La standardisation du codage par l’IA contraint les développeurs à redéfinir leur valeur ajoutée. Seuls ceux capables de dépasser l’exécution pour embrasser la conception, l’anticipation et la maîtrise fine des modèles d’IA continueront à jouer un rôle moteur dans l’écosystème technologique.

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Développeurs vs IA : la sélection naturelle a commencé

Par La rédaction, publié le 15 mai 2025

L’IA code… Et plutôt bien… Elle se charge de plus en plus de la mécanique logicielle. Les développeurs n’ont pas perdu la partie, mais la nature du jeu a changé. Le code devient une commodité, la pensée critique un super-pouvoir. L’ère du développeur-stratège a commencé : reste à savoir qui montera à bord.


Par Christophe Creuseveau, expert IA chez Nagarro


Depuis que l’IA générative s’est installée dans le paysage du développement logiciel, un spectre hante les équipes tech : serons-nous remplacés ? La question, pourtant, est mal posée. Ce n’est pas l’IA qui va décider de l’avenir des développeurs. Ce sont les développeurs eux-mêmes. La vraie question est donc la suivante : saurons-nous nous adapter, ou allons-nous disparaître sous le poids de notre propre inertie ?

L’IA ne remplace pas, elle expose l’inutile

Longtemps, le développement logiciel a été un mélange d’ingéniosité et de répétition. L’IA ne “pense” pas comme un humain, mais elle excelle à optimiser ce que nous faisions mécaniquement. La mise en place d’un CRUD, la correction d’une boucle inefficace, l’optimisation d’un script : tout cela, elle le fait déjà mieux, et plus vite. Ce constat rappelle une réalité souvent oubliée : le développeur n’a jamais été un pur créatif, mais plutôt un traducteur transformant des besoins en code.

Là où l’IA échoue encore, en revanche, c’est dans la compréhension du contexte, la prise de décision stratégique et l’anticipation des impacts à long terme. Elle exécute, mais elle ne comprend pas pourquoi.

Les développeurs face à un carrefour

Jusqu’à aujourd’hui, un certain équilibre s’était instauré entre les différents rôles dans le développement logiciel : plus de développeurs que d’architectes techniques, plus d’analystes métier que d’experts. Cette hiérarchie naturelle s’expliquait par une répartition du travail où le codage représentait la charge principale, tandis que l’expertise et la traduction des besoins nécessitaient moins de ressources.

Avec la généralisation de l’IA, ces ratios pourraient évoluer. Réduira-t-elle massivement le besoin de plusieurs développeurs par expert, ou au contraire, créera-t-elle de nouveaux besoins ? Une chose est sûre : les ingénieurs devront monter en expertise pour garder la main sur l’IA. Et si celle-ci devient plus performante qu’un développeur moyen, quel sera alors l’intérêt de maintenir ce rôle intermédiaire ?

Face à cette transformation, deux options s’offrent aux développeurs. Rester passifs, et voir leur rôle se réduire à corriger du code généré par une IA, comme un superviseur de caisse automatique. Ou bien prendre le contrôle et devenir des stratèges du développement, des architectes capables d’orchestrer l’IA plutôt que de la subir.

La montée en compétences, un passage obligé

Cette transformation impose une évolution des compétences. Le développeur de demain ne sera plus un simple exécutant, mais un profil hybride, à la croisée de plusieurs disciplines : ingénierie logicielle, prompt engineering, compréhension des modèles d’IA et gestion des interactions homme-machine. Cette polyvalence deviendra un facteur clé de différenciation, car maîtriser l’IA ne signifiera pas seulement savoir l’utiliser, mais savoir la guider et la challenger.

Cette mutation a déjà commencé avec l’apparition de solutions logicielles basées sur des “briques techniques”. Aujourd’hui, on ne code plus un système de détection d’événements de capteurs : on intègre une brique existante. De même, le développement d’applications basées sur l’IA ne repose plus sur la création de modèles, mais sur leur intégration et leur adaptation.

Certaines entreprises l’ont compris avant les autres. Chez Nagarro, nous ne formons pas des codeurs, mais des concepteurs et des ingénieurs capables de se servir intelligemment de l’IA pour en faire un levier – plutôt que de la craindre. En misant sur le partage des connaissances et l’adaptabilité, ce modèle permet à nos développeurs d’acquérir une vision globale des enjeux, d’anticiper les évolutions, et d’être pleinement acteurs de cette transformation.

Le futur appartient aux ingénieurs… qui pensent

Loin d’être une simple évolution technologique, l’IA redéfinit ce qu’être développeur signifie. Ceux qui s’accrochent aux anciens modèles et au mythe du “tout coder soi-même” verront leur valeur diminuer, tandis que ceux qui sauront naviguer cette transformation en s’équipant des bonnes compétences resteront en position de force.

Demain, la différence entre un développeur qui prospère et un développeur qui disparaît ne tiendra pas à son talent de codeur, mais à sa capacité à penser, anticiper et intégrer l’IA dans son processus de travail.

L’IA ne remplacera pas les développeurs. Elle remplacera ceux qui ne savent pas évoluer.


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