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Dix technologies pour créer le monde de demain

Par Laurent Delattre, publié le 26 août 2019

Comme chaque année, le Forum Économique Mondial a dressé la liste des innovations susceptibles de transformer notre univers professionnel et privé. Sélectionnées par un comité scientifique, elles ont toutes un potentiel disruptif qui ne demande qu’à être exploré.

Parfois aussi appelé Forum de Davos, The World Economic Forum ou Forum Économique Mondial est surtout connu pour sa réunion annuelle organisée dans la ville suisse, qui réunit des dirigeants d’entreprise, des responsables politiques du monde entier ainsi que des intellectuels et des journalistes, afin de débattre les problèmes les plus urgents de la planète.
Parallèlement, cette fondation, créée en 1971 par le professeur d’économie suisse Klaus Schwab, publie chaque année des rapports économiques ainsi qu’une liste des innovations de rupture. « Un jour prochain, une technologie émergente mise en évidence dans ce rapport vous permettra de vous téléporter virtuellement vers un site éloigné et de virtuellement sentir la poignée de main et l’accolade d’un autre collègue cyber-voyageur ».
Autant dire que les dix innovations identifiées par le comité scientifique du Forum Économique Mondial devraient avoir un impact important sur l’ordre politique, économique, social ou encore environnemental. Certaines de ces technologies n’en sont encore qu’au stade de la recherche. D’autres, en revanche, font déjà l’objet d’expérimentations, à l’instar du robot « social ». Haute en couleurs, la sélection 2019 réserve quelques surprises :

Bioplastiques à base de noyaux d’avocats (soirce Biofase)

1 – Des Bioplastiques à partir de déchets végétaux pour moins de pollution

Selon la fondation, seulement 15% du plastique produit par nos sociétés modernes est recyclé, le reste étant incinéré ou simplement abandonné dans la nature ce qui soulève de nombreux problèmes de santé et environnementaux. Pour le comité scientifique, les plastiques biodégradables apportent des solutions tout en contribuant au développement d’une économie circulaire dans laquelle le plastique créé à partir de la biomasse retourne à la biomasse. Et de citer les nombreux progrès faits dans ce domaine avec l’utilisation de la cellulose.

2 – Des “robots sociaux” pour assister l’humain

Social Robots (Source Springwise)

Déjà très présent dans l’industrie ou encore en médecine, le robot devrait connaitre un nouveau développement dans le domaine social pour venir en aide aux personnes âgées ou encore aux enfants. Selon le comité, d’importants progrès ont été réalisés sur la manière dont les perceptions se forment, sur l’intelligence sociale et émotionnelle ou encore sur la façon dont une personne peut déduire les pensées et les sentiments d’une autre. Exploités par une intelligence artificielle qui ne cesse de s’enrichir, ces progrès laissent entrevoir un robot dont le comportement se rapproche de plus en plus de celui de l’humain avec des fonctionnalités en plus, comme celles de pouvoir piloter la domotique et assurer la sécurité de la maison tout en jouant les assistants personnels. Selon le comité, la vente de ces robots aurait déjà rapporté 5,6 milliards de dollars en 2018 et le marché pourrait atteindre les 19 milliards en 2025 avec plus de 65 millions de robots vendus en un an.
(cf. “L’IA veut désormais détecter les émotions humaines…” et “Quand l’IA manque d’intelligence… humaine!” )

3 – Des optiques issues des nanotechnologies pour plus de miniaturisation

Metalens (source Harvard University)

D’importants progrès ont été réalisés dans le domaine de la miniaturisation. Mais dès lors qu’un objet (smartphone, appareil médical, appareil photo, etc.) embarque une optique, sa miniaturisation est freinée par le verre qui compose l’optique. Développés grâce aux progrès des nanosciences, les metalens ouvrent des possibilités de miniaturisation inédites. Lentilles de nouvelle génération recouvertes de nanomatériaux, elles sont jusqu’à 100 000 plus fines que leur équivalent en verre. Le potentiel de cette technologie est immense selon le comité, tant dans le domaine des solutions professionnelles que personnelles.

4 – La maîtrise des protéines désordonnées pour de nouveaux traitements médicaux

(Source Wikipedia)

Si aujourd’hui encore on ignore le nombre précis de protéines présentes dans le corps humain, on sait qu’elles sont très nombreuses (des millions) tant leurs fonctions sont variées : soutien des parois cellulaires, transport intracellulaire, communication hormonale, agents du système immunitaire, etc. Certaines de ces protéines, dites désordonnées, se transforment sans cesse, ce qui rend la mise en place de certains traitements difficile comme celui des cancers ou encore de la maladie d’Alzheimer. Les progrès réalisés dans le domaine des Biotechs ont donné naissance à de nouveaux médicaments permettant de cibler précisément ces protéines désordonnées et de stabiliser leur forme le temps d’appliquer un traitement.

5 – Des engrais intelligents, plus efficaces et moins polluants

(source Shutterstock)

Si tout le monde s’accorde sur le fait que les pesticides ne sont pas une bonne chose pour la planète et l’homme, il n’en reste pas moins que les produits alternatifs manquent cruellement d’efficacité. Mais cela va changer avec l’évènement d’une nouvelle génération d’engrais dont les nutriments sont libérés progressivement selon les besoins de la plante. Cette innovation devrait notamment favoriser l’essor d’une « agriculture de précision », offrant un meilleur rendement tout en limitant l’empreinte écologique.

6 – Une collaboration virtuelle : quand l’emplacement physique n’est plus un frein

Holoportation (source Microsoft)

Combinées à l’essor de la 5G, les technologies de réalité augmentée et de réalité virtuelle transforment durablement l’univers du travail et des relations personnelles. Dans le secteur de la santé, médecin et patients pourront partager un cabinet virtuel alors qu’ils sont physiquement éloignés, ce qui pourrait constituer un élément de réponse aux déserts médicaux. De la même façon, les entreprises pourront limiter les déplacements de leurs collaborateurs en développant la « téléprésence collaborative » et les réunions « virtuelles ». L’essor de ces technologies devrait également impacter la sphère privée avec des familles éparpillées à travers le monde qui partagent un moment autour d’une table virtuelle ou une nouvelle expérience dans un environnement ludique, touristique, etc.
(cf. Hololens 2 et la révolution du spatial computing et Microsoft Inspire 2019 : ce que les DSI doivent en retenir…)

7 – Une alimentation plus saine grâce à la blockchain et l’IOT

Suivi de nourriture par la blockchain (source IBM)

Selon l’OMS (Organisation mondiale de la Santé), 600 millions de personnes sont victimes d’un empoisonnement alimentaire chaque année. Plus des deux tiers en meurent. En combinant les technologies des blockchain pour mieux suivre chaque étape de la chaîne d’approvisionnement d’un produit et celles de l’Internet des objets pour contrôler et surveiller l’état des produits, le comité du Forum Économique Mondial estime que le nombre de maladies et de morts liées à la consommation d’aliments pourrait être considérablement diminué. Au passage, ces technologies pourraient aussi contribuer à la réduction du gaspillage alimentaire.
(cf. IoT et Blockchain s’invitent dans les industries et  « La Blockchain préfigure une nouvelle génération de services de confiance » )

8 – La résurgence de l’énergie nucléaire grâce à des réacteurs plus sécurisés

(source TerraPower)

En abandonnant les technologies actuelles à base de zirconium au profit de carburants moins hautement combustibles, les centrales nucléaires gagnent en sécurité et pourraient finalement faire partie de la solution énergétique de demain pour limiter l’empreinte carbone de l’activité humanité.
(cf. « Le logiciel zéro bug est possible » )

9 – Le stockage ADN pour absorber l’explosion des données

(source Shutterstock)

Notre monde numérique génère près de 1,7 Mo de données par seconde. Soit près de 418 zettaoctets (418 Millions de Po) par an. Ce monde a besoin d’un nouveau support de stockage combinant densité et longévité : l’ADN. Avec un tel stockage, les 418 Zo générés annuellement pourraient tenir dans un simple dé à coudre ! Les chercheurs de Microsoft Research ou Twist Bioscience élaborent déjà des prototypes de stockage sur ADN capables de transcrire les données informatiques en nucléotides A, T, C, G et inversement.
(cf. L’ADN : un support de stockage prometteur et Nouvelle avancée dans le stockage ADN )

10 – Le stockage à grande échelle des énergies durables

(source Shutterstock)

La Chine prévoit de créer une centrale solaire spatiale d’ici 2050. Située à 36 000 km de la Terre, elle pourrait bien alimenter des installations terrestres mais aussi des batteries lithium-ion de nouvelle génération. De fait, le stockage de l’électricité reste un des points d’achoppement des énergies renouvelables. Aujourd’hui, les batteries lithium-ion offrent déjà une autonomie de 8 heures environ mais d’ici quelques années cette durée pourrait être augmentée et ainsi favoriser une meilleure exploitation des énergies renouvelables.
(cf. Green IT : AWS et AZURE œuvrent pour des clouds plus verts…)

Pour en savoir plus :
World Economic Forum : Top 10 Emerging Tehcnologies 2019

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