Dev

L’AI générative, un incontournable pour l’ingénierie logicielle selon Gartner

Par Thierry Derouet, publié le 01 septembre 2023

L’IA générative est-elle en train de devenir clé dans le domaine de l’ingénierie logicielle ? C’est ce qu’il ressort d’une étude publiée par Gartner pour qui, d’ici à 2025, la supervision de l’intelligence artificielle générative va transformer les rôles de nos responsables logiciels.

Selon une étude de Gartner intitulée « Generative AI Changes Software Engineering Leaders’ Responsibilities », « il est crucial pour les leaders en ingénierie logicielle de s’adapter à l’IA générative, tout en étant conscients des défis et des implications éthiques que cela comporte ».

Une transformation continue

Si l’IA n’est pas un sujet nouveau pour un développeur, la démocratisation de l’IA – grâce ou à cause de ChatGPT – est devenue un point d’inflexion pour l’industrie du logiciel. L’IA générative et les grands modèles de langage (LLM) sont en train de transformer la façon dont les ingénieurs logiciels travaillent. Et ce au même titre que l’utilisation d’Internet pour le codage, l’avènement de l’iPhone et de ses applications mobiles, l’essor de l’architecture microservices ou encore, l’adoption généralisée des technologies DevOps et cloud. Ce qu’affirme donc cette nouvelle étude n’est donc pas une révélation. Mais une simple piqûre de rappel.

L’IA ne va pas remplacer le travail des dev

Pour Haritha Khandabattu, Senior Director Analyst chez Gartner « L’IA générative ne remplacera pas les développeurs dans un avenir proche ». Car, toujours selon notre analyste, « bien qu’elle soit capable d’automatiser certains aspects du génie logiciel, elle ne peut pas reproduire la créativité, la pensée critique et les capacités de résolution de problèmes que possèdent les humains. »

Si la question d’une IA qui va, ou non, remplacer des postes d’ingénieurs a le mérite d’être posée, est en train de se dessiner l’idée selon laquelle elle serait tout à la fois :
– en train d’apporter plus de pouvoir aux ingénieurs pour améliorer leur propre productivité et réduire les couts de développement ;
– réinventer de nouvelles méthodes pour construire des logiciels ;
– améliorer les interfaces utilisateur en repensant les interactions ;
– mieux tirer parti des données privées de l’entreprise ;
– simplifier l’automatisation des process…/…


Pour Haritha Khandabattu
Senior Director Analyst chez Gartner, « L’IA générative ne remplacera pas les développeurs dans un avenir proche »

« Évaluez en permanence les cas d’utilisation où l’IA générative peut apporter une valeur ajoutée maximale. »

— Haritha Khandabattu
Senior Director Analyst chez Gartner

En finir avec les tâches répétitives

Alan Fern, professeur d’informatique et directeur exécutif de l’A.I. Research au sein de l’université d’État de l’Oregon est sur ce sujet catégorique : « de nombreux développeurs hautement qualifiés ont indiqué que les outils d’automatisation ont amélioré leur efficacité, les aidant à exceller dans l’accomplissement de tâches répétitives qui, autrement, leur feraient perdre un temps précieux pour la recherche ou l’apprentissage. ».

De fait, des IA comme Codex d’OpenAI, Codey de Google, GitHub Copilot, Cody de Sourcegraph, Enzyme de NoCode Inc, Tabnine de Codota, GhostWriter de Replit, CodeSquire de la société éponyme, Code Llama de Meta, CodeWhisperer d’Amazon ou StableCode de Stability AI sont en train de s’imposer dans les IDE des développeurs les aidant à générer automatiquement du code, comprendre un code pré-existant, reformater un code pour le standardiser en suivant des guidelines, suggérer des corrections, repérer des vulnérabilités… Bien sûr aucune de ces IA génératives n’est aujourd’hui parfaite, aucune ne produit un code 100% fiable, optimal et sans vulnérabilité, mais elles aident au quotidien à être plus productif, à perdre moins de temps et d’énergie sur des tâches répétitives, débloquer des situations, etc. Elles ont même démontré leur capacité à trouver des optimisations sur des algorithmes (typiquement de tri) que les humains ne sont plus parvenus à optimiser depuis des décennies.


À LIRE AUSSI :

Une étude pour enfoncer une porte déjà ouverte ?

L’étude du Gartner observe donc juste le sens du vent en affirmant les responsabilités managériales que l’IA générative implique auprès de nos fameux « software engineering leader ». Et d’appuyer, auprès de cette population, pour qu’ils prennent en compte ce changement des « responsabilités liées à la gestion des équipes, à la gestion des talents et au code d’éthique ».

Nos « leaders » n’auraient même pour ainsi dire plus le choix que ne d’être qu’en « phase avec cette technologie disruptive » et « se concentrer davantage sur les aspects humains de leur rôle, tels que la formation continue ». Il faut donc se concentrer sur la véritable valeur de ses équipes en prenant en compte « une approche dynamique des compétences qui contribue à soutenir les talents et les processus de travail ».
Les RH doivent donc aider les responsables de l’ingénierie logicielle à « repenser les rôles en identifiant les compétences qui peuvent être combinées pour créer de nouveaux postes et éliminer les redondances ».

L’éthique au centre des préoccupations

Toujours selon Haritha Khandabattu, c’est sur les épaules de nos leaders en ingénierie logicielle que doivent également reposer les questions éthiques qu’impose l’usage des LLM, leurs hallucinations comme l’ensemble de leurs biais. Et de préconiser de collaborer au sein de son entreprise avec un comité d’éthique sur l’IA afin d’élaborer des lignes directrices qui aideront les équipes à utiliser, de manière responsable, les outils d’IA générative pour la conception et le développement.

Si ChatGPT, Bing AI, Bard, Copilot, Codey et autre CodeWhisperer ne remplaceront pas les équipes de développement, la vitesse à laquelle la technologie d’IA générative se développe ne facilite donc pas la tâche pour comprendre comment se réorganiser. Si l’étude de Gartner a ce mérite d’allumer les feux d’alerte, nos communautés de développeurs sont déjà bien éclairées sur cette IA générative qui mérite d’être sous haute surveillance.

À LIRE AUSSI :



Sopra Steria déjà aligné avec l’étude de Gartner

Chez Sopra Steria, on suggère une « intégration rapide des technologies d’IA dans tous les métiers de l’ingénierie logicielle afin d’optimiser le développement et la maintenance des logiciels » tout en encourageant « la vérification des conformités éthiques et réglementaires nécessaires à la mise en œuvre de solutions d’IA ».

Depuis cet été le groupe Sopra Steria a en effet fusionné l’ensemble de ses outils au sein d’une unique plateforme de Software Engineering baptisée Ingine. Cette dernière regroupera notamment tous les logiciels collaboratifs, les outils de génération de code, de tests et de support pour espérer nous dit-on « améliorer la productivité, le time to market et la qualité des solutions logicielles proposées aux clients ».

Dans l'actualité

Verified by MonsterInsights