Les IA génératives peuvent-elles aider à effacer la dette technique engendrée par les mainframes et leurs applications en Cobol. IBM le pense et lance une solution watsonx dédiée.

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L’IA générative au secours de la dette technique…

Par Laurent Delattre, publié le 25 août 2023

IBM annonce watsonx Code Assistant, une IA générative qui veut aider les développeurs à moderniser les anciennes applications Cobol monolithiques et les entreprises à se départir de la dette technique associée… et de leur mainframe ?

C’est l’un des cas d’usage les plus populaires des IA génératives : leur capacité à générer du code à partir d’une description textuelle mais aussi à convertir du code d’un langage à l’autre. Si ChatGPT, Bard ou Bing Chat possèdent d’indéniables capacités de génération de code, certaines IA spécialisées font encore mieux et sont vraiment pensées comme une aide aux développeurs à l’instar de GitHub Copilot, OpenAI Codex, TabNine Chat, StableCode ou tout récemment Code Llama.

Cette capacité des IA génératives à transcrire un code d’un langage de programmation à un autre semble avoir inspiré certains ingénieurs chez IBM.

L’éditeur annonce pour la fin d’année un nouvel outil dopé à la GenAI et dénommé « watsonx Code Assistant for Z ». Cet assistant a spécialement été entraîné pour aider les entreprises à convertir le code COBOL sur mainframe Z en code Java. Et bien sûr, une fois le code Java fiabilisé, il devient aussi plus facile de changer de système, de passer sous Linux et éventuellement de s’affranchir du mainframe pour partir sur des serveurs x86 ou des infrastructures cloud.

Il ne faut pas oublier que selon IBM, plus de 800 milliards de lignes de code COBOL sont toujours exécutées dans le monde par ses mainframes. Des lignes qu’il faut maintenir et mettre au goût du jour alors même que les programmeurs COBOL se font de plus en plus rares (l’heure de la retraite a sonné pour la majorité d’entre eux).

L’assistant ne se contente pas de traduire du code COBOL en Java. Il est aussi conçu pour aider les entreprises à remanier leurs applications mainframe tout en préservant performances et sécurité. Son analyse prend en compte l’ensemble du processus de modernisation des applications fournissant de nombreuses recommandations pour aider les développeurs à évaluer ce qui doit être modernisé en priorité, à remanier l’architecture monolithique, à valider le code traduit pour une exécution sur des architectures modernes, etc.


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Dit autrement, watsonx Code Assistant aide à s’affranchir de la dette technique des mainframes et du COBOL en aidant les entreprises à :
– Refondre l’architecture applicative en identifiant les services qui peuvent être individualisés et séparer du reste du code ;
– Transformer le code COBOL en Jaba ;
– Valider les transformations réalisées en créant automatiquement les tests qui s’imposent.

Bien évidemment, il existe déjà des solutions de modernisation des applications et de conversion des programmes COBOL, même si, en la matière, IBM s’est souvent retourné contre ces solutions perçues comme un danger pour son business mainframe (cf. les plaintes d’IBM contre Micro Focus et contre LzLabs). Mais l’usage de l’IA générative marque une révolution par son potentiel d’analyse, de compréhension et de conversion.

Pour créer watsonx Code Assistant, IBM a développé un modèle GenAI dénommé CodeNet formé avec 1 500 milliards de tokens et doté de 20 milliards de paramètres. Il dispose d’une fenêtre de 32 000 tokens pour appréhender les codes COBOL les plus vastes tout en conservant les contextes dans leur intégralité. CodeNet ne se limite d’ailleurs pas aux langages COBOL et Java puisqu’il a été entraîné sur 80 langages de programmation différents, même si – pour l’instant – la solution WatsonX qui en découle se limite à ces deux langages.

Voilà en tout cas un nouveau cas d’usage de l’IA générative qui devrait interpeler bien des DSI alors que la gestion de la dette technique du mainframe et de ses applications est un sujet récurant et bien trop souvent repoussé. Il sera d’ailleurs très intéressant de voir jusqu’à quel point watsonx Code Assistant aide à une modernisation des applications sur d’autres environnements que le Mainframe. De ce que l’on a cru comprendre des informations communiquées par IBM, la volonté derrière l’outil est de privilégier une modernisation de l’architecture applicative tout en conservant une exécution sur Mainframe (mais sous Linux plutôt que zOS). D’un autre côté on voit mal IBM scier la branche sur laquelle repose une partie non négligeable de son business.


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