Ifremer soigne son stockage et la modernisation de son centre de calcul

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L’Ifremer modernise son centre de calcul sur l’océan

Par Thierry Parisot, publié le 11 février 2025

Depuis l’an dernier, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer ‘Ifremer’ renouvelle les infrastructures techniques de son centre de calcul dédié à l’océan, en renforçant notamment ses capacités de stockage.

Observation par satellite, cartographie des fonds marins par les navires océanographiques, mesures physico-chimiques et images collectées par les engins et observatoires sous-marins, relevés des bouées instrumentées et des flotteurs, signalement par les réseaux d’observateurs… Cette multiplicité de sources utilisées pour l’étude des océans, ainsi que les nouvelles applications d’analyse et de simulation, génèrent une quantité toujours plus importante de données.

Cette évolution, couplée au progrès continu des technologies, pousse l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) à renouveler régulièrement les infrastructures de son centre de calcul Datarmor, le seul en France entièrement dédié au domaine marin. Situé à Plouzané (Finistère), au sein du Centre Ifremer Bretagne, Datarmor garantit ainsi à la communauté scientifique l’accès à un équipement toujours à la pointe en matière de stockage et de puissance de calcul.

Pour répondre à ces évolutions, une nouvelle mise à niveau des infrastructures a été initiée en 2023, dans le cadre d’appels à projets lancés en 2018 et aujourd’hui intégrés au plan France 2030. « Alors que la durée de vie d’un tel environnement se situe entre cinq et huit ans, pour des raisons de performance et de maintenabilité, et que le précédent renouvellement remonte à 2017, nous étions entrés dans un nouveau cycle », explique Benoît Morin, responsable des infrastructures de calcul haute performance à l’Ifremer.

Dans sa globalité, l’opération représentait une enveloppe budgétaire initiale de 7,5 M€, financée par l’Agence nationale de la recherche (1,2 M€), l’État, la région Bretagne, le département du Finistère et Brest Métropole (4,5 M€), l’Ifremer et différents partenaires. Mais avec la signature de nouveaux partenariats, elle approche aujourd’hui les 9 M€.

Le centre de calcul Datarmor garantit aux chercheurs des universités et instituts de recherche français un accès gratuit à un environnement de calcul haute performance pour l’analyse des données des sciences océaniques remontées de multiples sources, comme ici le navire le Pourquoi Pas ?

Pour ses choix techniques, l’Ifremer ne lance pas directement des appels d’offres, mais passe par des groupements d’achats tels que Matinfo et l’Ugap. « De cette manière, nous bénéficions des économies d’échelle liées au volume d’achats puisque ces groupements rassemblent un nombre important d’institutions, et réduisons les coûts administratifs. Ils nous permettent aussi d’étaler les dépenses dans le temps plutôt que de devoir passer un seul marché, explique le responsable. Parallèlement, nous sommes en contact permanent avec les constructeurs, qui se comptent en dizaines sur l’ensemble du périmètre technique, pour avoir une vision sur leur roadmap et pouvoir nous équiper dès que les matériels sont disponibles, parfois même en amont de la phase de commercialisation. »

Le stockage comme passerelle entre les deux générations d’infrastructures

Pour ce renouvellement, l’Ifremer à cette fois retenu HPE (Hewlett Packard Enterprise) et Nvidia pour les systèmes de calcul, Cisco et encore Nvidia (acquisition de Mellanox en 2019) pour les réseaux, Schneider Electric pour les principales infrastructures auxiliaires ou de support (systèmes de refroidissement, de distribution électrique, etc.), et enfin IBM et NetApp pour les solutions de stockage.
Une attention particulière a été portée à ce dernier volet, pour lequel l’Ifremer est en contact avec sept constructeurs. « Le stockage est la partie la plus importante du projet, comme passerelle entre l’ancienne infrastructure de calcul et la nouvelle », assure Benoît Morin, précisant que le transfert des données s’étalera sur six mois, avec des mécanismes de synchronisation entre les anciens systèmes et les nouveaux.

Benoît Morin

Responsable des infrastructures de calcul haute performance à l’Ifremer

« Le stockage est la partie la plus importante du projet, comme passerelle entre l’ancienne infrastructure de calcul et la nouvelle. »

Pour une puissance de calcul qui passera de 426 téraflops (l’équivalent de 2 000 à 3 000 ordinateurs individuels réunis) à 2 pétaflops en 2026, la capacité de stockage sera portée de 25 pétaoctets actuellement (25 millions de gigaoctets) à 40 pétaoctets dans un premier temps, avec le déploiement de la mémoire Flash de NetApp pour les données de calcul haute performance, puis à 60 voire 70 pétaoctets lorsque la « mémoire froide » sur bande viendra compléter le dispositif pour l’archivage.
« La précédente infrastructure de stockage, composée de six systèmes différents, atteignait non seulement ses limites en termes de performance, mais était complexe à utiliser, à administrer, à maintenir, explique le responsable. Dans le choix des solutions pour notre nouvel environnement, nous sommes allés vers la simplification, en augmentant évidemment la capacité et en renforçant la sécurité du fait de la connexion à Internet, et surtout en respectant nos exigences de performance pour assurer un accès extrêmement rapide aux données traitées par les applications de calcul haute performance. »

Le nouveau matériel s’inscrit aussi dans une démarche écoresponsable, tient-il à ajouter : « Au terme du renouvellement, Datarmor disposera d’une capacité de stockage six fois supérieure à l’actuelle, pour une consommation d’énergie identique. »

Dans le détail technique du dispositif de stockage Flash, l’Ifremer utilisera à termes des systèmes NetApp AFF C800, dans une infrastructure SuperPOD Nvidia avec des clusters DGX. « Cet environnement répond à nos besoins de calcul haute performance, notamment pour les applications d’IA, en délivrant les vitesses de traitement souhaitées et une connexion réseau avec une bande passante jusqu’à 100 Gbit/s », précise Benoît Morin.

En plus d’un contrat de maintenance de sept ans, cette offre de NetApp inclut le Storage Lifecycle Program (programme de support et de gestion du cycle de vie des matériels), le service ONTAP One (fonctionnalités de sécurité : protection des données, anti-ransomware, etc.) et le Data Infrastructure Insights (surveillance et optimisation). « Parallèlement, nous réalisons des formations internes pour permettre à nos équipes d’être encore plus réactives en cas de panne alors que le dispositif compte des dizaines de milliers de composants : disques, barrettes, etc., et que, en moyenne, nous effectuons une intervention par jour », complète-t-il.

L’autre enjeu est aussi de commencer à préparer la nouvelle mise à niveau des ressources de Datarmor. Le prochain appel à projets est prévu en 2027 ou 2028. « Mais alors que nos partenaires souhaitent lisser le financement sur plusieurs années, nous sommes maintenant amenés à échelonner nos achats, en instaurant une logique d’architecture évolutive et une approche plus modulaire », conclut Benoît Morin.

Le projet en chiffres

5x plus de puissance de calcul

6x plus de capacité de stockage

9 millions d’euros de budget, à terme

L’organisme Ifremer

Activité : Organisme public de recherche spécialisé dans les sciences et technologies marines
Effectif : 1 500 collaborateurs
CA       : 260 M€ (2024)



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